Caduceus Chalice est le premier album full-length de
Moon. Initialement sorti en format cassette à un tirage très limité, il fut retransmis sur support CD par le biais de
Moribund Records. La fin de
Xasthur s'annonçait avec le dernier album en date intitulé
Portal of
Sorrow, qui fut à l'unanimité une très grande déception parmi les fans du groupe, et reste nettement inférieur à tout ce que Scott Corner a pu produire comme monuments dédiés au monde des cauchemars. Ce
Caduceus Chalice parut justement la même année, suivant les traces et reprenant le flambeau de son aîné, s'inspirant de celui-ci tout en ayant sa propre personnalité.
Certains n'y verront que du plagiat vis à vis de
Xasthur, tant la production est similaire, mais personnellement
Moon n'a rien à envier à ce dernier. Bien qu'il ne réinvente pas le style, il le redéfinit à sa manière, créant un Black bien plus noir et profond, ne s'apparentant non pas à un plongeon dans un univers cauchemardesque mais plutôt à un voyage temporel dans les tréfonds de la noirceur et de l'obscurité.
Moon livre un Black très noir et planant nous immergeant dans un univers froid et maladif, où les claviers tout comme chez
Xasthur sont fortement mis en avant, créant une ambiance funeste à l'aura fantomatique ; tout comme le chant qui bourdonne dans nos oreilles, venant nous hanter tel un spectre de la nuit, entraînant l'auditeur dans un univers mortuaire et psychédélique. Les guitares sont la majeure partie du temps en arpèges ou en tremolo-picking, tantôt noyées dans la sonorité des claviers sur des passages assez virulents ou à l'inverse sur des parties plus posées et atmosphériques. D'ailleurs,
Forest Samhain en est le parfait exemple et demeure le morceau le plus mouvementé et varié de la galette, au rythme et à la cadence bien condensés. En revanche, Myasmir se contente d'une boîte à rythme mais cela n'est pas dérangeant en soi, celle-ci est bien fondue dans l'ensemble, en tenant compte du fait qu'elle soit ajustée au même niveau que les claviers, sans pour autant être omniprésente, laissant couler le flux qui découle de la musique.
Mis à part le second morceau
Forest Samhain, les autres titres s'avèrent toutefois assez lents mais prenants, en mid-tempo et sans grandes variations de rythmes. Cependant, les claviers sont là pour combler ce vide dont pourrait éventuellement souffrir cet album, sans la présence logique de ceux-ci. En effet, cette cadence constante et nonchalante pourrait s'avérer lassante mais fort heureusement c'est loin d'être le cas, il s'en dégage une certaine profondeur conférée par les claviers mais aussi les guitares entraînant l'auditeur dans les abysses de la mélancolie. En tout cas, celle-ci nous submerge durant l'intégralité du disque, ne laissant aucun répit à notre âme, fourvoyée dans le berceau de la noirceur.
Tous les titres sont excellents mais mon préféré reste néanmoins
Monastery, qui reste à mon goût le morceau le plus beau et prenant de l'album. Certes, l'un des morceaux les plus courts sans compter la brève introduction In
Shadow, mais l'un des plus peaufinés et mélancoliques. Se plaçant au coeur de l'album, il sert de transition entre la première partie du disque, étant assez virulente, et la seconde, bien plus calme et posée. Morceau d'une tristesse très accentuée, arboré d'un voile doux et somptueux dressé par les claviers et par des arpèges raffinés et voluptueux fredonnés par les guitares. Toutefois assez linéaire mais envoûtant, d'une beauté froide et maladive.
En définitive, un superbe album qui m'a conquis et que j'écoute toujours et encore sans me lasser.
Caduceus Chalice s'inscrit dans les tout bons du genre et
Moon affirme rien qu'avec ce premier album sa forte personnalité et son dévouement à l'art noir sous sa forme la plus funeste et tragique. Non loin d'être un chef d'oeuvre, mais cependant un album qui mérite fortement qu'on y prête une oreille, et qui s'écoute de préférence la nuit.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire