Depuis la mort d'
Anorexia Nervosa, il est difficile pour la France de trouver un remplaçant faisant office de référence sur la scène black symphonique, car peu de groupes possède le talent et la force de composition nécessaire. En outre, si le style en lui-même se tarit au fil des années, certains arrivent tout de même à lui faire garder une âme et une petite personnalité, ce qui est le cas du côté de la Russie par exemple.
Il y a toutefois des formations françaises qui tentent d'imposer leur identité et leur savoir faire, et celles-ci ne se comptent même pas sur les doigts d'une main.
Malevolentia, par exemple, avec son « Ex-Oblivion » en 2011, a charmé les adeptes du genre et imposé une force noire et symphonique ultime.
Veils Of Perception et son « Black Metric » a tenté sa chance et bien que l'opus soit louable, il n'a peu attiré les foules. Quant à
Winterburst et sa première démo en 2009, il n'est pas passé inaperçu, bien au contraire...
Les Versaillais avaient, contre toute attente, réussi à offrir à l'auditeur un premier jet auto produit abouti et très encourageant, mené par une atmosphère froide, sombre et inquiétante. Si déjà le potentiel s'était déjà fait ressentir, non seulement par la qualité du son mais aussi des compositions, il se dévoile encore plus quelques années plus tard, c'est à dire aujourd'hui en
2012, avec la sortie du tout premier album «
The Mind Cave ». Après quelques concerts et un changement de line up conséquent (départs du bassiste Freyr et du guitariste Jörm), les Français retombent sur leur patte et nous concoctent un album qui sera certainement en passe de s'inscrire sur la liste des références black symphonique françaises.
Le combo ne change pas ses bonnes habitudes, enregistrant l'opus en décembre dernier au studio Sainte-Marthe avec Guillaume Mauduit et se dotant d'une pochette signée George Grie de chez neo surrealism art, le même artiste que pour la démo. On ressent donc une certaine continuité et une entrée plus flagrante dans l'univers de
Winterburst avec cette architecture digne d'un théâtre opéra et ce fond sombre et gris. L'album se nomme «
The Mind Cave » comme le nom de cette œuvre de George Grie, basée sur l’agoraphobie. Le groupe n'est, quant à lui, pas loin de cette interprétation, centrant ses textes sur un voyage à travers l'esprit et invoquant des récits horrifiques.
En effet, chaque morceau peut être vu comme un mini conte ou une mini pièce de théâtre, racontant et jouant des événements plus ou moins inquiétants. Un certain côté théâtral – confirmé par la pochette - est donc mis en valeur sur tout l'opus, comme l'indique la forte présence des orchestrations et des alternances de parties chantées. Dans son black death symphonique grandiloquent,
Winterburst intègre des parties au chant black voire chant death, et des parties au chant clair comme sur « A Mirror's Game », «
Legion of Souls » ou le paisible « The Upcoming Chaos ». « D'Ombres et d'Infini », lui, rappelle
Malevolentia ou
Anorexia Nervosa avec ses paroles en français et cet ensemble poétique et noir. C'est comme si ces titres se dotaient d'une narration différente, comme si plusieurs personnages se partageaient les faits.
Ces histoires sont relatées en fonction des atmosphères véhiculées, bien que le tout soit principalement sombre et inquiétant. En revanche, le côté glacial apporté sur la démo est beaucoup moins important, sans doute dû à l'ambiance plus travaillée et plus tournée vers les orchestrations inspirées de BO de films. Ces dernières sont réellement à l'honneur accompagnées de riffs plus propres et plus tranchants et d'un chant plus maîtrisé. « A Mirror's Game » ou l'éponyme «
The Mind Cave » vous donneront une bonne idée de la chose, tout étant bien calculé, soigné et fait minutieusement,
Winterburst variant son propos avec l'utilisation des claviers. Si « Insanitarium » se passe au 19th siècle, jouant sur les choeurs et sur un certain aspect menaçant, « The
Stray » touche au mystique et à la puissance, en n'omettant pas d'apporter une dose de mélodie à la guitare, tandis que les deux versions de «
Beyond the Wall » se veulent aussi épiques que guerrières et portées sur les choeurs en latin.
Winterburst ne renie pas ses influences
Dimmu Borgir ou
Graveworm mais n'en fait pas une évidence non plus. Le combo a réussi à imposer sa sauce en s’imprégnant d'éléments venus d'ailleurs comme sur le puissant et efficace« The
Ancestral Ritual ». On note aussi une certaine prise de risque avec «
Circus of Freaks » et ses orgues, son côté fête foraine et joyeux. Une fausse joie qui se mélange à des éléments malsains et effrayants à la manière d'un
Bishop Of Hexen sur un « The
Somber Grounds of Truth » mais en moins atmosphérique. De plus, les notes montantes et descendantes ainsi que le titre peuvent rappeler le «
Kings of the Carnival
Creation » de
Dimmu Borgir.
Bien que la production soit un poil trop policée et que la batterie reste un peu en retrait,
Winterburst offre un album de grande qualité, parfois pompeux au niveau des orchestrations mais bien dosé sur le plan guitaristique et vocal. «
The Mind Cave » reste bien puissant et efficace, dans une esthétique black symphonique moderne et racée, qui propulsera sans aucun doute
Winterburst dans la liste des références françaises du genre.
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