Chain Collector est une formation norvégienne de death metal mélodique dont les membres ne sont pas inconnus au bataillon puisque certains d’entre eux sont issus de Carathian
Forest ou de
Green Carnation.
Voilà une belle brochette de nordiques qui n’ont pas froid aux yeux et qui nous fournissent une musique décapante aux influences facilement repérables :
Dark Tranquility,
In Flames ou encore
Soilwork pour ne citer qu’elles. C’est d’ailleurs là que le bât blesse puisque
The Masquerade, leur premier opus, n’est pas vraiment original et se contente seulement de calquer des recettes certes gouteuses, mais qui ont été largement concoctées antérieurement, et de façon plus convaincantes. C’est d’autant plus dommage vu l’expérience dont jouissent les musiciens.
Toujours est-il que pour un premier jet, le rendu n’est pas catastrophique. Le combo a su aérer sa musique à l’aide des lignes de chant clair assurées par Kjetil Nordhus, qui permettent aux morceaux de ne pas saturer de testostérone, même si elles paraissent assez fausses par moments. La plupart du temps, c’est la frénésie qui domine ; Svenn Aksel Henriksen s’égosille avec panache tandis que la section instrumentale s’en donne à cœur joie. La guitare/basse exécute une flopée de riffs bien acérés propices au Headbang. Certains passages sont groovy alors que d’autres enchaînements sont teintés de thrash, voir de metalcore. La batterie se montre variée avec un jeu qui ne s’axe pas que sur la double pédale. La production est convenable sans pour autant être prodigieuse, manquant de chaleur. La pochette est une belle réussite, riche en sens. Notons aussi la présence de solos, ou plutôt de fragments de solos tant ces derniers sont courts (quel dommage !). Après une ou deux écoutes seulement, on déplorera l’absence de davantage de mélodies, qui se font très discrètes tout au long de la galette. Certaines ambiances sont réussies, mais cela ne suffit pas à estomper une monochromie trop marquée.
De plus, tous les titres ne sont pas de qualité égale.
Faisons un petit tour d’album afin de mieux les identifier : « Hierarchy Of Murder-
Code of
Silence » ouvre les hostilités de manière efficace mais peu originale. La partition de guitare est cependant bien ficelée. « Harvester » n’est pas moins calme et déploie une énergie remarquable, avec de bonnes sonorités modernes. Toutefois, c’est encore une fois terriblement classique.
« Neverwhere » débarque à son tour avec une atmosphère plus thrash et un break syncopé/voix scandée sympathique … avant d’enchaîner sur un refrain très bateau. «
And Then There Was None » est banal et il faut attendre la cinquième piste pour avoir un premier vrai son de qualité, inspiré et singulier. Du haut de ses 6 minutes 40, «
Crucifixion » étonne par son calme et sa maturité. Varié et enivrant avec ses chœurs féminins envoûtants, il s’agit sans l’ombre d’un doute du meilleur titre de l’opus, la preuve que
Chain Collector peut réellement convaincre.
Malheureusement, les cinq dernières offrandes ne l’égalent jamais. Pourtant « Project Savior » possède une frénésie intéressante, «
Tapping The Vein » s’avère varié et prenant. «
Fallen Angel » est quant à lui oubliable. « Wicked
Mask » se dote d’un riff d’entrée dévastateur et «
Winter Princess » est parfois inspiré au niveau des guitares mais ne suffit pas à clore le skeud en beauté.
The Masquerade est bien fourni (47 minutes) mais hormis un excellent morceau et quelques autres biens foutus, le tout est décevant. Certes c'est bien exécuté mais un manque de passion et d’originalité se fait rapidement ressentir. C'est trop vite expédié. Il faut aussi que le groupe retravaille sa voix claire, déroutante pour ne pas dire ratée, ainsi que son sens du refrain.
Il en faudra davantage pour que ces musiciens réussissent à se démarquer du lot, même si l’énergie frappante de leurs compositions en épatera certains.
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