Mais quelles idées saugrenues peuvent traverser les esprits retords de musiciens facétieux alors qu'ils décident de donner un nom au collectif créatif qu'ils forment ensemble ? Non pas qu'il soit condamnable de vouloir briser certains poncifs pénibles, bien au contraire, mais de là à complètement s'égarer, il y a un pas que les helvètes de
Gonoreas auraient, sans doute, pu s'abstenir de franchir. Car, in fine, ce saisissant contraste entre le propos foncièrement Heavy
Metal de ces Suisses et ce patronyme qu'ils ont sciemment choisis d'adopter, est juste incompréhensible.
Gonoreas? Et pourquoi pas Trichomonas Vaginalis? Ou Chlamydophila Psittaci? A moins qu'il y ait dans ce patronyme une signification plus profonde que votre humble serviteur, à l'esprit bien trop simpliste et étriqué, n'aura absolument pas saisi.
Enfin bref, ne soyons pas trop obnubilé par cette affaire, et penchons-nous plutôt sur le contenu de ce nouvel effort qui nous aura, à minima, épargné les effroyables couleurs vives et le dessin assez caricatural de son prédécesseur. Baptisé
The Mask of Shame, ce nouveau méfait sort donc en cette année 2013.
Puisque l'ambiance est à l'opprobre et à la critique, poursuivons donc sur ce chemin en nous insurgeant contre ces instrumentaux introductifs, préambules souvent inutiles, dont la dangereuse prolifération est devenue préoccupante. Ici encore l'une de ces immondes balafres, The Dephts of the Barent Sea, vient défigurer le faciès de ce disque et entamer nos velléités les plus bienveillantes. C'est d'autant plus regrettable qu'un premier titre aux riffs introductifs que n'auraient sans doute pas renié les Anglais de
Judas Priest du temps où ils bouleversèrent le monde avec leur cultissime album Painkiller, est remarquable et ce serait, sans aucun doute, suffit à lui-même. En parlant des influences qui transparaissent de cet opus, il y a un lien de parenté évident entre les travaux de ces Helvètes et entre ceux des Britanniques susmentionnés. Toutes proportions gardées bien sûr. Une tension, une gravité, une épaisseur au niveau des guitares que d'aucuns, dont votre humble serviteur, pourrait qualifier de proche. Entendons-nous bien, il ne s'agit pas de dire que
Gonoreas pratique un Heavy
Metal aux accointances légèrement Thrash (et insistons sur le "légèrement") si évidemment inspiré par le quintette de Birmingham que la ressemblance est confondante mais simplement d'affirmer qu'il y a une affinité, peut-être lointaine, mais patente.
Au-delà de celle-ci, on en trouvera aussi ici d'autres avec de formations plus contemporaines. Des formations dévolues à ce que d'aucuns appellent le Neo Thrash, ou Thrash Moderne, qui, dans le meilleur des cas, n'est qu'une évolution du
Power US ou du Heavy Thrashy et dans le pire une nouvelle appellation imbécile. Il appartiendra à chacun de juger.
Gonoreas partage donc aussi quelques affinités avec les Nevermore,
Brainstorm et autres
Symphorce.
Ce faisant des morceaux tels que Kursk, Veins, tels que le visqueux et lancinant
Serpents ou encore tels que les vifs
The Mask of Shame et
Devil at the
Crossroads ont des qualités certaines qui seront très appréciables. Malheureusement aucune d’entre-elles ne sera de natures suffisantes à égaler le talent de toutes les formations précédemment citées. Sans aucunement vouloir minimiser les capacités de
Gonoreas il y a, en effet, chez-eux bien moins d'inspiration, d'efficacité ou de capacité propre à nous captiver que chez l'ensemble des autres nommés auparavant.
Pour terminer sur une note moins déplaisante, parlons des changements de line-up qui ont secoué ce collectif et disons que Gilberto "Gilbi" Meléndez aura cédé sa place à Leandro Pacheco au poste de chanteur. Le changement n'aura pas de conséquence fondamentalement bouleversante et ce même-ci les prestations de ce dernier seront dans un registre un peu différent puisque un peu moins écorchées, un peu moins aigues, un peu plus profondes, puissantes et graves. Un peu moins Thrash en somme.
Ce disque n'est donc pas un album inoubliable ou incontournable. Loin des vertus indispensables de certaines des œuvres des plus illustres représentants du genre, il aura cependant, à minima, celles de nous procurer quelques satisfactions. En d'autres termes
The Mask of Shame est donc un navire qui vous fera faire un voyage sympathique dont vous ne garderez cependant que peu de souvenirs dès lors que vous serez revenu à quai.
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