Liste des groupes Death Metal Nader Sadek The Malefic : Chapter III

Tout deathster qui se respecte a forcément entendu parler de Nader Sadek. Bien que créé en 2011 seulement, le combo new yorkais mené par l’incontournable artiste du même nom s’est déjà fait remarquer avec un fracassant In the Flesh aux influences morbidangeliennes l’année même de sa formation, ainsi qu’un live venu enfoncer le clou deux ans plus tard, pendant indispensable à l’album studio, dévoilant de la plus belle manière l’aspect rituel et occulte qui enveloppe les prestations scéniques du combo .
Le groupe se distingue aussi de par son propos engagé, In the Flesh dénonçant clairement les dérives criminelles de la tyrannie du pétrole, et l’histoire qui nous est contée sur ce Malefic, et que je vous laisse découvrir par vous-mêmes, est, de l’aveu même du groupe, encore une belle parabole mettant en exergue l’arrogance et l’égoïsme éhontés de nos chers politiciens. A noter que, comme son nom l’indique, ce Chapter III est la troisième et dernière partie d’une saga dont les deux premiers volets sortiront rétrospectivement – une fois n’est pas coutume ! – accompagnés d’un roman illustré, et que la démarche promotionnelle du groupe n’est pas habituelle, puisque ce 4 titres sera distribué gratuitement avec les éditions de novembre/décembre des magazines Decibel, Terrorizer et Legacy. Malheureusement pour nous autres frenchies, Hard’N Heavy , Rock Hard et Metallian n’étant pas dans le lot, il nous faudra donc attendre jusque décembre pour la sortie officielle de la galette !

Maintenant que le contexte est posé, intéressons-nous à la musique : la nouvelle offrande des New Yorkais se compose de 4 titres pour un ensemble de 20 minutes, et les différentes plages de cet EP sont agréablement variées dans leurs déclinaisons d’un death metal toujours inspiré et accrocheur, parvenant à garder une certaine unité dans la puissance et l’ambiance sombre qu’elles dégagent.
D’entrée, Deformation by Incision, titre court, efficace et terriblement rentre –dedans, nous rappelle au bon souvenir d’In the Flesh, offrant un son profond et granuleux, des blasts ravageurs, une basse ronde et des guitares très graves aux riffs délicieusement noirs et tranchants qui dégagent une aura blasphématoire. Ce morceau rappelle évidemment le meilleur de Morbid Angel, dans cette diversité rythmique, cette efficacité destructrice et cette ambiance sombre et opaque à souhait. Un solo hurlant et épileptique est également de la partie pour couronner le tout, et le growl caverneux de Travis Ryan vient nous achever, même si sur ce morceau, les parties vocales manquent un peu de variations et de profondeur.

Carrion Whispers démarre sur un larsen et un riff bourdonnant, rappelant le côté dissonant et ésotérique du black metal pour un art toujours plus démoniaque et malsain, d’ailleurs, notre hurleur va intelligemment alterner ses vocaux en nous gratifiant d’hurlements black écorchés en sus de ses growls d’outre-tombe. D’une manière générale, le tempo est moins soutenu, mais les riffs sont plus rampants, la basse gronde de façon plus menaçante, et une sorte de religiosité morbide et impie suinte par tous les pores de la musique, faisant presque penser à du Immolation par moments. La prestation des musiciens est impeccable, entre Flo Mounier qui alterne avec aisance roulements apocalyptiques, parties mid tempos écrasantes, et blasts démentiels, et Bobby Koelble toujours superbement inspiré, nous envoyant un superbe solo rugissant et heavy en milieu de morceau et nous éclaboussant d’une pluie de notes virtuoses et lumineuses qui viennent percer l’épaisseur moite des riffs. Le morceau évolue entre riffs à couper au couteau, saccades plus heavy et accélérations fulgurantes et particulièrement assassines.
Entropy Eternal me fait penser à un mix imparable entre Vader dans la lourdeur headbangante et groovy de ses riffs et Monstrosity pour la précision chirurgicale de ses rythmiques et de ses interventions solistes. En tout début de morceau, la basse nous régale de ses secousses grondantes particulièrement jouissives, renvoyant presque à du death technique. D’ailleurs, à ce propos, il est important de souligner le rôle important de la 4 cordes dans l’ambiance particulièrement sombre de Chapter III, Sadek s’étant entouré de pas moins de trois bassistes pour l’enregistrement de l’EP en les illustres personnes d’Alex Webster (Cannibal Corpse) , de Martin Rygiel (Decapitated) et d’Olivier Pinard (Neuraxis, Cryptopsy). A vous d’essayer de deviner sur quel morceau interviennent les différents sicos !

Enfin, l‘EP se termine sur Descent, long titre de 7,37 minutes qui porte décidément bien son nom, avec ces arpèges inquiétants, ces riffs lents et solennels, les vocaux de Ryan plus sépulcraux que jamais, cette basse qui pulse comme un cœur à l’agonie et ces chœurs féminins évanescents et mystérieux. Tout en mid tempo, offrant des riffs envoûtants qui s’impriment dans la cervelle de l’auditeur à grand renfort de double pédale, cette plage dégage une aura spectrale et maudite qui n’est pas sans rappeler The Satanist de Behemoth. Des vocaux clairs et désespérés aux relents borgiriens surgissent soudain de ces limbes, semblant pleurer la damnation éternelle d’une âme pure.

Comment conclure ? Disons simplement que The Malefic Chapter III nous offre 20 minutes d’un excellent death metal brassant habilement une base old school et des influences plus modernes pour accoucher d’un death metal extrêmement varié et accrocheur qui ne lésine ni sur le côté direct ni sur les ambiances. Laissons le mot de la fin à Flo Monunier qui, en nous expliquant la genèse de la création de l’EP, nous éclaire également sur son essence : « Rune, Nader et moi voulions réellement créer quelque chose d’unique avec cette sortie. Nos styles respectifs se sont adaptés pour former cette nouvelle direction musicale qui n’avait été qu’effleurée sur In the Flesh. On a assez mûri pour avoir une confiance totale dans les capacités musicales et créatives de chacun d’entre nous, ce qui nous permet d’essayer tout ce que nous voulons. Je dirais même qu’à mon avis, ce sont nos différences qui ont fait de cet enregistrement ce qu’il est devenu. Ajoute à cela la somme de tous les talents uniques que nous avons réunis sur cet enregistrement et tu obtiens un résultat semblable à aucun autre ! Les éléments parfaits et l’alchimie nécessaire pour créer l’hybride qu’est The Malefic : Chapter III. ». Pas mieux, Flo, je n’aurais qu’une chose à ajouter : vivement le prochain full length !