Depuis que le
Power Symphonique se retrouve dépecé de tout son charme et usé jusqu'à la moelle par de jeunes groupes tentant de devenir des géants, innover devient indispensable. Le côté enjoué et niais du genre lasse plus d'un auditeur, et chaque découverte est un espoir qui s'éteint aussitôt tant il reprend minutieusement tous les codes des anciens
Rhapsody. Pour remédier à cela, certaines formations nouvelles décidèrent d'ajouter quelques touches de violence, de noirceur, de gothique, de Black ou même de Thrash à leur musique pour la rendre plus novatrice et s'écarter de la recette traditionnelle qui commence sérieusement à lasser. Citons par exemple les géniaux Italiens de
Sound Storm, qui, avec leur Immortalia, sont parvenus à se frayer un chemin dans la liste des groupes à suivre. Hargne, noirceur, dramatisme, mais également magie et romance furent les fils conducteurs de ce second essai digne des plus grands. Il y eu aussi
The Dogma, qui, armé d'un Heavy
Metal sombre et sensible, reste un bon espoir pour la suite. Il faut en effet reconnaître que, quand le talent est présent, donner de la maturité et de la violence à une musique niaise et candide a un charme certain.
Cependant, lorsqu'une formation n'est même pas capable de s'écarter de ses sources d'influence, ou pire encore, lorsque plus de la moitié de ses idées découlent des oeuvres de ses modèles, on ne peut que craindre le pire.
Bane Of Winterstorm est un groupe de
Power Symphonique se définissant comme officiant dans le "
Dark Power Symphonique". Assurant être parvenu à sortir de la masse et s'être forgé une réelle identité, la formation fait en plus preuve d'un grand sens de l'humour ! (Sarcasme). Car si cette ambiance martiale et barbare, ces envolées de cuivres sombres et saisissantes ou ces interventions Thrashs et hurlées peuvent surprendre et séduire, on est bien loin du niveau d'inspiration d'autres jeunes groupes officiant dans le même registre. Car sans être un album d'une platitude extrême, d'une pauvreté affligeante ou d'une mollesse rare,
The Last Sons of Perylin énerve, et frustre...beaucoup.
"
The Black Wind Of Morthion" ouvre la danse par un riff...étrangement familier. Celui de "
Shadow Of The Mithril Mountains" issu du sublime Under The
Grey Banner de
Dragonland. En plus d'être déconcertant de ressemblance, ce riff est répété à l'excès, nous laissant au passage tout le temps nécessaire pour nous rendre compte de la supercherie. Bon, ce n'est pas si important que ça, après tout, le titre d'une dizaine de minutes nous livre une prestation convenable. Rythmique syncopée, envolées de cuivres épiques, interventions Thrashs sympathiques...mais aussi un chant extrêmement maladroit, surtout lors du duo sur le pont. De plus, le groupe ne semble pas maîtriser les longues pièces car ce morceau baigne dans une linéarité assez déplaisante...
Linéaires, les morceaux le sont, prenez la berceuse "The
Warlord's Last Ride". Optant pour un tempo lourd et martial appuyé par ces choeurs guerriers, tout le titre se repose sur un seul riff et sur une seule mélodie. Et devinez quoi ? C'est celle de "
Nightfall on The
Grey Montains" de
Rhapsody, de l'album "Symphony of Enchanted Lands 2"...Grumf...Passons à la suite...
Puisqu'on parle de
Rhapsody, "The Magic of Mithren's ring" débarque par un riff en tout points semblable à celui de "
Triumph or agony", de l'album du même nom...le temps de nous calmer, et c'est la réplique exacte du couplet du titre des géniaux Italiens qui sert de refrain à présent...On en revient à se demander si la ressemblance était voulue tant celle-ci est flagrante. Voulue ou non, cette sensation d'écouter, en moins aboutis, des passages d'oeuvres d'artistes émérites est fort déplaisante.
Parfois, la formation tente de se faire plus malsaine, en ajoutant un chant Black sur la voix principale qui rappelle fortement celle de Christian Palin (
Adagio), un peu de techniques en moins bien sûr. "
The Ancient Ritual of Rakth" en est une belle preuve, une introduction met l'eau à la bouche par un tempo féroce et une double pédale effrénée. Puis, le couplet s'abat violemment, en même temps que notre poing sur la table. C'est celui de "The Fifth
Ankh" de l'album "Archangels In Black" d'
Adagio !! Fort heureusement, les splendides solis du guitariste principal, les cuivres et la noirceur de l'ambiance viennent rattraper ce titre qui, il faut le dire, ne manque pas de toupet...
Certes, la technique et la maîtrise sont parfois présentes, et elles déferlent sur nos oreilles sur certains passages monstrueux de férocités. "
The Last Sons of Perylin" illustre ce fait à merveille. Du haut de ses 16 minutes, le titre nous ballade dès la première écoute. Son couplet théâtrale et percutant, supporté par de sublimes offensives de cuivres fait preuve d'une force de frappe colossale et atteste d'une réelle qualité de composition. Parfois, le titre reprend quelques idées de l'album Under The
Grey Banner cité plus haut, mais, au vu de la qualité de l'exécution, nous sommes ici plus en présence d'une source d'inspiration que d'un plagia. En effet, cette longue pièce éponyme, truffée de cassures rythmiques, de solis époustouflants, de duels d'arrangements, et d'une ambiance martiale s'inscrit comme une grande réussite du genre (Si on enlève cette fin similaire à celle de "
Power of The Dragonflame", de l'album du même non...le naturel revient au galop...).
Bane Of Winterstorm frustre, oui. Affublé d'une superbe production, d'un niveau technique exemplaire, d'un superbe travail sur les parties vocales (plusieurs chanteurs se passent le micro lors des titres), d'un sens du théâtre et d'une hargne qui, sans égaler celle de
Sound Storm, surpasse bon nombre de ses confrères oeuvrant dans le
Power Symphonique, la formation avait tout pour faire mouche. Mais, s'encombrant de bêtes plagias lorsqu'elle a les compétences pour faire mille fois mieux, et parfois d'une linéarité affligeante, elle aura tôt fait de nous décevoir. Nous quittant sur une magnifique pièce d'orfèvre éponyme, peut-être nous fait-elle ici la promesse d'un album plus personnel. Croyons-y, ils en sont capables.
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