Liste des groupes Post Hardcore Nord (FRA) The Implosion of Everything That Matters

La covid aura décidément des répercussions toutes plus étranges les unes que les autres sur le monde artistique. Entre les albums qui n’auraient jamais dû sortir, les live sans public, les splits, les reformations, les opus plus expérimentaux … “The Implosion of Everything That Matters” de Nord se pose comme un ovni bien différent de son très réussi prédécesseur "The Only Way to Reach the Surface".

Les nordistes, officiant dans un post-metal entre brutalité déjanté, rock, éléments électro que l’on range entre The Mars Volta, The Dillinger Escape Plan ou Steven Wilson, nous propose une troisième sortie faisant presque office d’intermède.
Cinq titres. Vingt cinq minutes. Nous avons affaire à un ep un peu long ou un opus très court (au choix) mais l’écoute nous conforte dans le fait que Nord a eu envie de faire les choses différemment cette fois-ci.
Écrit par Florent Gerbault en grande partie pendant l'isolement des confinements, dans une maison de campagne isolée … sans guitares ! Le chanteur / guitariste s’est donc entouré de vieux synthétiseur, seul dans son coin pour une ambiance beaucoup plus sombre, plus éthéré et presque crépusculaire, voir incantatoire.
Cela ressort dès les premiers instants de "Candles" qui, s’inscrit parfaitement dans ce qu’aurait pu être l’intro du précédent disque mais en étant un véritable morceau, instaurant une véritable ambiance. On pense à de la musique retro, à de la cold wave, à la vague synthwave (que le principal intéressé ne connaît pourtant presque pas), à de la musique de film ("Strangers Things" bonjour) et on se laisse emporter par cette voix enchanteresse, qui s’il use de caresse, semble installer un danger latent, comme le démontre ces claviers beaucoup plus sombres et lourds sur la partie centrale du titre. L’aspect soundtrack se fait encore plus prégnant et on remarque le joli travail sur la production et la densité sonore.

"Truth Philters" renoue avec quelques vocaux hurlés, une basse très audible et surtout certaines lignes de synthés qui sonnent comme des riffs (comme peut le faire Carpenter Brut). On tient là une véritable singularité, une envie de sortir des sentiers battus avec brio et surtout une évolution possible dans l’avenir, même s’il est déjà acté que le prochain opus “full lenght” retrouvera le chemin des guitares et du quatuor (le groupe est un trio pour cette sortie, l’autre guitariste étant devenu papa durant la création de l’ep).
"Incantation" portera très bien son nom, véritable prière passant entre les transformations d’un vocodeur fantomatique, créant néanmoins une étrange mélancolie, une sensibilité d’outre tombe, comme une communication spirituelle encore accentuée par la narration de Yuki (chanteuse du groupe japonais Presence of Soul avec lequel Nord a joué). Tout se mélange incroyablement bien entre le chant clair, les cris lointains, la voix très pure de la japonaise ainsi que sa narration … un vrai beau moment que vient briser l’introduction tout en brutalité de "Sexorcism" !

Le titre éponyme, de loin le plus cinématographique, n’aurait pas dépareillé sur une bande son de film et démontre une véritable maîtrise de composition qui laisse augurer de très belles choses dans le futur. On ressent un thème récurrent dans l’ep, une ambiance qui revient et ce morceau de presque sept minutes en est le point culminant, proposant même quelques phrasés purement électroniques tandis que le final plonge dans un univers plus industriel, plus massif, comme si Leprous rencontrait Sybreed le temps d’un échange fugace avec ces nordistes au si bel avenir.
"The Implosion of Everything That Matters" est une très bonne surprise, bien différente de ce à quoi nous pouvions nous attendre avant de lancer la lecture, mais qui a le mérite de surprendre dans le bon sens et de nous emmener dans des territoires inconnus.