Oubliez la finesse, oubliez la gentillesse et le politiquement correct :
Molotov Solution revient en 2009 avec un nouvel album nommé
The Harbinger et c’est tout bonnement une machine de guerre rentre-dedans à laquelle on aurait oublié les freins. C’est qu’ils sont énervés les bourrins de Las Vegas, et il y a de quoi, leur passé étant des plus violents. Explications ? Le groupe se forme en 2004, sort son premier EP l’année suivante puis enchaine avec un split en compagnie des non-moins barrés
War From A Harlots Mouth. La réputation se forge et le groupe sort en 2008 un premier album éponyme puissant, fracassant, qui prend aux tripes et nous fait valdinguer avec. Le début d’une petite consécration dans le domaine du deathcore, le groupe évitant les clichés avec justesse et engouement. Hélas, la même année, le groupe manque de splitter avec le départ quasi-simultané des membres du groupe. Peu désespérés, les deux membres restants Robbie Pina et Kevin Oakley (respectivement guitariste et bassiste) recrutent de plus belle et compose l’avenir du groupe.
Outre de nouveaux musiciens tous aussi doués les uns que les autres, nous faisons également face à un nouveau chanteur, Nick Arthur, au débit incroyablement soutenu, le vocaliste enchainant les mots avec autant de puissance que de vélocité. Bref, un nouveau départ est annoncé. Pour leur deuxième opus, les Américains signent chez les prestigieux
Metal Blade Records et enregistrent leur galette chez le célèbre chanteur d’
As I Lay Dying, Tim Lambesis. Le résultat est donc écrasant, le son qui sort du Lambesis Studio étant à chaque fois réussi, très net et à la fois puissant (en témoignent la tuerie
Decimate the Weak de
Winds Of Plague ou encore The
Serpent Servant d’
Impending Doom). Le mastering est attribué quant à lui à Alain Douches qui s’est déjà occupé de
Converge,
Mastodon et j’en passe... Il y avait donc intérêt à ce nouvel album d’être sacrément détonant. Mais est-ce que la musique suit ce magnifique procédé d’enregistrement ?
Assurément !
Boum ! Contrairement à son prédécesseur,
The Harbinger commence sur les chapeaux de roues, sans introduction, sans fioritures, avec juste du lourd, des riffs alternant down-tempo terrassant, rythme mélo-thrash, allers-retours envolés et lâchés glauquissimes. Dès le titre d’ouverture, on en prend donc plein la poire sans temps mort, le nouveau hurleur Nick Arthur ne nous laissant que peu de répit avec son timbre rauque et ses screams à la fois intenses et terriblement rapides. Si les plus difficiles y trouveront beaucoup de riffs aux airs de déjà vu, le résultat est dans tous les cas diablement efficace, comme le titre suivant "Rule by
Secrecy", avec son riff semi-oriental enivrant qui reste facilement en tête, les blast-beats incessants du nouveau batteur
Jeremy Johnson et la rythmique herculéenne des deux gratteux. Bim bam boum, vous dis-je.
Toujours aussi énervés envers la société actuelle et la politique américaine,
Molotov Solution nous balance sa rage continuelle durant 35 minutes, oubliant la structure et le petit interlude du précédent album, nous livrant uniquement 11 pistes dites ‘pas contentes’ pleine de sueur et de maitrise. Là où plusieurs groupes similaires se paument aisément à vouloir en faire trop et donc en oubliant de proposer de bons riffs, les nerveux du Nevada restent concentrés sur leur son : concis, solide, ébouriffant et mélodieux, la plupart des titres avoinant les 3/4 minutes. Restant dans l’ensemble harmonieux quant à sa forme,
The Harbinger ne laisse aucun répit, le groupe ayant décidé d’aller donc plus loin dans sa composition et par conséquent dans ses horizons musicaux, empruntant des influences multiples aussi bien dans le death metal pur et dur que dans le son moderne des dernières formations du genre. Incluant des inévitables touches thrash/black et n’oubliant jamais les classiques beatdowns, nous avons affaire sans nul doute à un groupe des années 2000 (sans moquerie aucune).
Mis à part donc ce léger manque (inéluctable) de personnalité, l’album ne possède que peu de défauts, le tout n’étant ni trop long ni trop court, en aucun cas répétitif et sans pause. Certains titres sortent évidemment du lot de par leur aura dévastatrice mêlant technique et efficacité (un mot à ne pas oublier), des titres comme les déjà cultes "Rule by
Secrecy" et "
Awakening", le très ‘morceau deathcore teinté de glauque apocalyptique’ "Corpus
Imperium" et le titre au breakdown qui met à genoux "
The Harbinger". Ainsi, fans de
Benighted,
Burning Skies ou encore
Impending Doom, vous serez enchantés d’en prendre encore une fois plein la gueule, ce nouvel effort étant aussi bien influencé que terriblement efficace. Moins étiqueté deathcore,
The Harbinger est avant tout une œuvre apocalyptique sans prétention, enchainant tuerie sur tuerie avec une cohérence exemplaire, nous donnant des torticolis et partageant une certaine haine réciproque durant plus d’une demi-heure. En somme, c’est pro, c’est énervé, c’est méchant, c’est parfait.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire