Il y a un peu plus de deux ans
The Funeral Pyre déboulait sur nos platines sans crier gare et mettait une bonne baffe aux amateurs de metal extrême, se payant le luxe de terminer dans le top black 2020 d’un bon nombre de chevelus.
Ce premier album d’un groupe jusqu’alors totalement inconnu avait subjugué par son mélange habilement dosé entre agression et mélodies au fort feeling épique. Un seul enregistrement aura donc suffi à Kvaen pour se faire un nom, et créer par la même occasion une attente assez conséquente pour un deuxième full length. Voilà justement
The Great Below qui débarque sur Black
Lion Records, et autant le dire tout de suite, les amateurs de l’opus précédent ne devraient pas être déçus.
C’est un hurlement déchiré qui lance le premier titre
Cauldron of Plagues, propulsé par un pattern de batterie rapide martelé régulièrement ainsi qu’une suite d’accords froids, sombres et tranchants. Le riffing glacial dégage une majesté épique, et, couplé avec ces accélérations bien senties et musclées et ces changements de rythme (le refrain blasté, imparable, le break death thrash dès 2,20 minutes, qui monte en intensité et en vitesse) donne un rendu très suédois. Le chant de
Jakob Björnfot, très écorché et articulé, vient parachever le tout, ajoutant une sacrée intensité à l’ensemble de ces 39 minutes.
Ce qu’on appréciera sur cet album, c’est que ces huit titres s’enchaînent sans temps mort mais ne se ressemblent pas, possédant chacun leur temps fort et leur personnalité ;
The Great Below propose un mélange toujours aussi dynamique et accrocheur de black, thrash et death metal, aussi rentre-dedans que mélodique, toujours parfaitement exécuté et classieux quels que soient les styles qu’il explore.
Ainsi, In
Silence est un long titre lancinant avec ses 7,24 minutes, plus lent et mélancolique, émaillé de touches de clavier discrètes et magnifié par ces quelques notes de guitares pincées et ce solo dès 4,30 minutes qui, à l’instar du brasier qui flambe sur l’artwork de la pochette, s’envolent vers un ciel d’encre et viennent illuminer une nuit sans étoiles. A contrario, Damnations Jaw, après un jeu de cordes feutré, balance une tartine de blasts qui viennent magnifier un riff sombre, véloce, mélancolique, mordant et catchy à la fois, de ceux que l’on croirait coulés à même la forge de
Thor et qui nous font dire que les Scandinaves ont décidément un don naturel pour ce genre de musique qui élève l’âme.
Sulphur Fire poursuit avec la même intensité, flamme incandescente qui rappelle la caresse du gel sur la peau, brûlant et glaçant en même temps, avec sa flopée de riffs intemporels galopant sur un rythme martelé, et ce refrain scandé à hurler dans la fosse, tandis que la six-cordes s’en donne à cœur joie. A ce propos, il convient de souligner l’excellence du jeu de guitares, avec des soli mélodiques de très bonne facture qui apportent une vraie plus-value sur plusieurs morceaux (
The Great Below sur lequel
Jeff Loomis vient prêter main forte, Damnations Jaw,
Sulphur Fire donc, Your Mighty Has
Fallen,
The Fire Wihtin Him Burns). Ensamvagr quant à lui est un morceau plus lourd et lent, toujours très épique et majestueux, faisant penser à un habile mélange entre
Kampfar et
Windir, avec les accents folkloriques de l’accordéon sur ce superbe refrain à la fois nostalgique et fier, tandis que l’album s’achève sur le blizzard de mélodies aussi mordantes et poignantes qu’ébouriffantes de
The Fire Within Him Burns.
Bref, vous l’aurez compris, même si on déplorera un album assez court, ce deuxième full lenght de Kvaen est encore une fois une réussite totale et on ne peut qualitativement pas lui reprocher grand-chose. A la fois féroce, mélodique, rapide, glacial, beau et inspiré, le black metal du one man band suédois s’impose dorénavant définitivement dans la cour des grands, côtoyant l’excellence des
Necrophobic et autres
Unanimated dont sa musique le rapproche parfois, même s’il reste surprenant de se dire qu’en à peine trois années d’existence, il peut déjà rivaliser avec des formations vénérables qui ont plus de trente ans d’ancienneté…
Alors, si vous voulez purifier votre âme, approchez-vous du gouffre, fermez les yeux, respirez à fond, laissez-vous aller, faites encore un pas, deux... et plongez définitivement dans l’abîme !
I’ve been searching for a purpose in life and now it’s clear to me that I must end my life to see beyond the borders of this darkened dream which was clouded by the bleeding moon.
I give it all to
The Great Below.
My heart and soul in pursuit for
The Great Below.
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