Si vous êtes un inconditionnel de la scène suédoise, le nom de
Jakob Björnfot ne vous est peut-être pas inconnu. Le bonhomme est un musicien aguerri qui a déjà traîné ses basques dans
The Duskfall et évolue entre autres dans
Autumn Death.
Pas une superstar donc, mais un zicos qui sait faire honorablement sonner la six cordes, et qui décide l'année passée de monter Kvaen, projet solo dans lequel il compose tout et joue lui-même de tous les instruments.
Ajoutons que le one man band propose une joyeuse partouze musicale de différents styles extrêmes, black, speed, death mélo, thrash et power mélangeant vaillamment leurs fluides, le tout saupoudré de bonnes giclées épiques pagano viking, et voilà pour les présentations d'usage. Vous admettrez que dans ce contexte plutôt nébuleux, bien malin qui aurait pu prédire l’énorme baffe que
The Funeral Pyre allait nous asséner sur le coin du museau. Et pourtant…
C’est d’abord un riff véloce et batailleur qui jaillit des enceintes, thrashy comme il faut et parfaitement irrésistible, véritable machine à headbang soutenue par une batterie rapide et que l’on croirait droit sortie d’un album de
Destroyer 666. Puis, vers 1,20 minutes intervient un break plus lent et majestueux qui se mue bientôt en ce somptueux lead, envoûtant et féérique, dans la plus grande tradition du black scandinave. Nous voilà partis pour 45 minutes d’un metal puissant, rapide, épique et mélodique à la cohérence et la fluidité parfaites qui, plus d’une fois, va nous mettre à terre ou, au contraire nous élever au côté du grand
Odin.
La majorité des titres sont rapides et exaltés par ce sentiment d’urgence guerrière, mais Kvaen varie intelligemment les rythmes, alternant cavalcades d’accords furieux et tranchants, qui, tels les walkyries sur leurs loups géants, semblent chevaucher ces blasts conquérants (les entames de Yee Naaldlooshii et As We Serve the Masters Plan, avec ces riffs incroyables à la
Karne ou
Istapp qui nous rappellent pourquoi on écoute du black metal), passages plus lents, lourds et headbangants et parties plus atmosphériques, où guitares leads et claviers entremêlent parfois leurs notes cristallines (la reprise à 5,19 minutes de
Revenge by
Fire, l’intro en arpège du titre éponyme et la fin incroyable de ce même morceau, ce long passage dès 4,16 minutes de
Bestial Winter avec cette guitare virtuose).
Le morceau éponyme est quant à lui un pur bijou de metal épique mêlant sursauts guerriers et mélodies mélancoliques transcendées par des guitares magiques en 6,45 minutes parfaitement équilibrées. Poignant, simple mais très évocateur, ce riffing glacial nous remue les tripes, évoquant des batailles oubliées et des charges héroïques comme seuls le black ou le bon vieux power heavy savent le faire, mais la sensibilité acoustique et la virtuosité de la guitare soliste en fin de morceau éblouissent cette plaine enneigée jonchée de cadavres, nous inondant d’une beauté aveuglante, myriade de notes lumineuses nous guidant au milieu des corps sanguinolents pour nous emmener au
Walhalla.
Bref vous l’aurez compris, dans cette catégorie de metal à la fois puissant, rapide, mélodique, accrocheur et épique, Kvaen vient de frapper un très grand coup. D’ailleurs,
Sebastian Ramstedt (
Necrophobic, ex
Nifelheim) et Perra Karlsson (
In Aeternum,
Nominon, ex
Destroyer 666) ne s’y sont pas trompés, qui interviennent respectivement à la guitare et à la batterie sur certains passages de l’album. Si vous aimez des groupes comme
Istapp,
Taake,
Karne,
Wintersun,
Immortal ou
Amon Amarth, ce
Funeral Pyre est réellement fait pour vous et vous ne devez le manquer sous aucun prétexte. Voilà qu’une fois de plus, le bûcher s’embrase et que ses flammes immortelles montent à la rencontre des
Ases et des Vanes dans les ténèbres de la nuit. Si vous avez peur de vous égarer dans l'obscurité, suivez sa lumière…
Belle chronique qui retranscrie bien l'album. Tout a fait d'accord l'album renferme des passages incroyables, guerriers, thrashy, épique, bien black par moment.... Un opus qui va finir dans mon top black 2020 ça !
Fidèle à mes habitudes, j'ai découvert et acquis ce bijou 2 ans après sa sortie alors que son successeur est quant à lui paru le 25 mars de cette année (et dont l'achat est planifié!).
Enooorme claque qui nous ressort ce que la Norvège et la Suède ont fait de mieux! Pourtant de nombreux passage sont très similaires à certains de ses contemporains (la transition à 1.19 sur revenge by fire c'est du pur Immortal et le triturage de manche sur The wolves throne à 3.49, Amon Amarth, pour ne citer qu'eux). Mais comme tu l'as cité dans ta chro, cela sonne tellement authentique, cette impression d'être un faucon qui survole les fjords enneigés ... c'est un superbe album auquel je colle un 18/20. Le label Black Lion qui avait déjà découverts des groupes bien sympa, a trouvé de l'excellent avec Kvaen. Il semblerai également que Jakob soit depuis 2021 chanteur du groupe Trident mais à vérifier.
Une très belle chronique qui retranscrit parfaitement ce que l'on écoute, mais le mieux c'est de l'acheter car c'est vraiment du tout bon!!!
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