The Forgotten Song

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18/20
Nom du groupe Aegonia
Nom de l'album The Forgotten Song
Type Album
Date de parution 09 Avril 2019
Membres possèdant cet album6

Tracklist

1.
 In the Lands of Aegonia
Ecouter03:03
2.
 Rain of Tears
Ecouter08:39
3.
 With the Mists She Came
Ecouter06:45
4.
 Restless Mind
Ecouter05:09
5.
 Dreams Come to Me
Ecouter01:37
6.
 Battles Lost and Won
Ecouter08:28
7.
 The Offer
Ecouter05:15
8.
 The Stolen Song
Ecouter06:41
9.
 Gone
Ecouter06:18
10.
 The Severe Mountain
Ecouter06:20
11.
 A Bitter Fate
Ecouter05:03
12.
 The Ruins of Aegonia
Ecouter01:50

Durée totale : 01:05:08

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Aegonia



Chronique @ ericb4

10 Septembre 2019

Une fascinante incursion en terre balkanique...

Loin des poncifs du metal symphonique gothique à chant féminin, ce combo bulgare originaire de Sofia a misé ses espoirs de réussite dans un registre, pour l'heure, moins couru mais des plus frissonnants. Cofondé en 2011 par la frontwoman, violoniste et parolière Elitsa Stoyanova et le guitariste/vocaliste et joueur de kaval (flûte oblique jouée dans les musiques traditionnelles des Balkans notamment) Nikolay Nikolov, le groupe sofiote évolue ainsi dans un metal atmosphérique gothique à chant mixte doublé d'une touche folk et progressif, dans le sillage d'Eluveitie, Elane, Lyriel, Midnattsol, Leaves' Eyes, The Gathering, The Wake et consorts. Une originale et seyante fusion des genres qui a pour corollaire un long processus d'écriture et un travail minutieux en studio, le collectif ne réalisant son premier opus « The Forgotten Song » que huit ans plus tard. Aussi, effeuille-t-on un concept album où s'égrainent 12 pistes sur un ruban auditif de 65 généreuses minutes, témoignant certes d'un léger sous-mixage des lignes de chant et de finitions à parfaire mais faisant montre d'arrangements instrumentaux de bonne facture et surtout d'une féconde inspiration de ses auteurs.

Rejoints en 2012 par le bassiste Atanas Georgiev (remplacé en 2015 par Alexander Kondev et réintroduit quelques mois plus tard) et le batteur Rosen Paskulov ''Smith'', nos deux acolytes échafaudent une œuvre apparentée à une légende, dont la thématique est basée sur celle du roman fantastique éponyme de Nea Stand. Il s'agit du premier ouvrage d'une trilogie intitulée « Tales from the lands of Aegonia », où la sorcière Endoriel, reine du royaume d'Aegonia, doit affronter le sorcier Varkhagor, bien décidé à s'en emparer. Réalisant que ses pouvoirs sont tout aussi efficaces que les siens, ce dernier devra faire preuve d'ingéniosité pour parvenir à ses fins, ce qui implique une mise au point d'une stratégie pour dérober sa ''chanson du pouvoir''. La mise en musique serait précisément un reflet des péripéties jalonnant ce récit. A la fois énigmatique, épique et romantique, un tantinet balkanisant, le tortueux parcours réservera moult surprises et quelques frissons au chaland. Mais entrons plutôt sur les terres d'Aegonia, histoire de prendre la température...

Si l'incursion du domaine s'effectue en douceur, le climat deviendra soudain à la fois tourmenté et enjoué. Ainsi, les premières et apaisantes mesures de l'entame instrumentale « In the Lands of Aegonia » ne tardent pas à faire place à un emballement des éléments, le tonnerre s'invitant au beau milieu d'une foule en liesse. Aussi, le délicat picking à la guitare acoustique du début de la pièce folk prog se voit-il aspiré par un corps orchestral qui n'aura de cesse de s'épaissir. Une manière habile de nous faire comprendre que la traversée ne s'effectuera pas sur un long fleuve tranquille...

Le collectif a, tout d'abord, joué sur les effets de contraste atmosphérique et rythmique avec, pour effet, de nous retenir plus que de raison. Ainsi, si d'ensorcelantes modulations d'un kaval semblant surgir de nulle part nous ouvrent les portes de « With the Mists She Came », grisant low/mid tempo folk progressif au climat éthéré, à mi-chemin entre Elane et The Wake, elles céderont le pas à un franc martellement des tambours et à un violon à la fois caressant et virevoltant. En outre, le corps oratoire se densifie au fur et à mesure de notre avancée, la claire empreinte vocale de Nikolay répondant aux graciles volutes de la belle ; invitant duo suivi de choeurs venant alors fermer la marche. Non moins troublant, l'évanescent « The Severe Mountain » s'apparente à une profonde incursion en de luxuriantes forêts aux arbres échevelés, où les ponts instrumentaux placés çà et là sont une véritable invitation au voyage.

Dans cette mouvance, mais mais voguant dans un climat un poil plus obscur, voire ténébreux, les mid tempi atmosphériques gothiques et progressifs « A Bitter Fate » et « The Offer » seront à retenir, et ce, tant pour leurs fines modulations mélodiques qu'au regard de leurs breaks judicieusement amenés. Dans la veine de The Gathering, avec un zeste dark de Draconian, le premier effort livre de fins gimmicks au moment où le second, offrant un joli slide à la guitare acoustique et de charismatiques notes échappées d'un chaleureux hautbois signé Neli Gancheva, ne sera pas en reste, loin s'en faut.

Lorsqu'il explore les vastes espaces metal atmosphérique gothique et folk progressif, le collectif bulgare trouve sans mal les clés pour nous rallier à sa cause. Ce qu'illustre, d'une part, «  Rain of Tears », fresque romanesque fortement chargée en émotion, déroulant fièrement ses 8:39 minutes d'un spectacle aussi enivrant que riche en rebondissements et finissant crescendo. A la confluence entre Leaves' Eyes (première période) et The Gathering, cette pièce en actes nous plonge parallèlement dans une ambiance à la fois empreinte de mystère et profondément mélancolique ; impression renforcée par un violon résolument larmoyant et les troublantes inflexions de la sirène. Tout aussi opulent, le low/mid-tempo syncopé « Battles Lost and Won », pour sa part, s'avère un poil plus tourmenté mais guère moins impactant. Délivrant un subtil legato à la lead guitare et suivant un infiltrant cheminement d'harmoniques, le dantesque effort offre également une heureuse quadrature vocale, les patines de la douce répondant aux attaques de son acolytes, au moment où une muraille de choeurs s'interpose et que des growls s'invitent à la danse. Assurément l'un des gemmes de l'opus.

Quand elle nous emmène dans des espaces ouatés, la troupe feutre son décor d'hypnotiques séries de notes, et de deux façons différentes, pour un résultat des plus saisissants. Ainsi, l'accroche s'effectuera sans encombre à l'aune de « Restless Mind » et « Gone », deux touchantes ballades atmosphériques aux relents folk, au carrefour entre Eluveitie et Elane. Surmontées d'un violon aux ensorcelantes oscillations et où les claires inflexions du vocaliste sont relayées par des growls caverneux, se doublant, en prime, de sonorités traditionnelles d'inspiration balkanique, chacune de ces offrandes nous poussera à une remise du couvert aussitôt la dernière mesure envolée. Et comment ne pas se sentir transporté par les grisantes séries d'accords exhalant de la somptueuse ballade folk rock aux accents balkanisants « The Stolen Song » ? Tenter de se soustraire au câlinant appel de la sirène papillonnant dans ce bain orchestral aux doux remous serait une entreprise avortée par avance.

Bien moins emphatiques, d'autres moments intimistes ne sauraient être éludés. Ainsi, tout aussi authentique que ses plantureuses cousines, « Dreams Come to Me » se pose telle une ballade romantique jusqu'au bout des ongles qui, en dépit de sa brièveté, saura faire plier l'échine à plus d'une âme rétive. Par ailleurs, un vent glaçant s'insinue sur la féline et pénétrante ballade « The Ruins of Aegonia », nous faisant prendre conscience du caractère tragique de la funeste destinée du royaume d'Aegonia. C'est avec mélancolie et une pointe d'élégance que s'achève notre parcours en terre balkanique...

Au final, on effeuille une œuvre à la fois dantesque, intrigante et fortement chargée en émotion, se savourant à chaque fois un peu plus au fil des écoutes. Variée sur les plans atmosphérique, rythmique et surtout vocal, la plantureuse rondelle témoigne également d'une rare et réjouissante fusion des styles, d'un réel potentiel technique et d'une thématique passionnante, servie par une plume affinée et bien inspirée. Pétri d'élégance et recelant des qualités mélodiques que moult de leurs homologues pourraient leur envier, cet opus se dote, en prime, d'une touche traditionnelle propice à l'enivrement de nos sens. Si l'ingénierie du son demeure encore taillée dans la roche, la galette se pare, en revanche, d'arrangements de bon aloi et de quelques prises de risques consenties par nos acolytes. De plus, s'étant suffisamment éloigné de ses sources d'influence pour exister par lui-même, le collectif nous offre un message musical à l'identité artistique affirmée. Bref, une œuvre aussi singulière que frissonnante concoctée par la formation bulgare...

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