Moonlight Tales

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14/20
Nom du groupe Aegonia
Nom de l'album Moonlight Tales
Type EP
Date de parution 28 Août 2022
Membres possèdant cet album2

Tracklist

1.
 The Foreteller
Ecouter04:20
2.
 In the Water Deep
Ecouter04:23
3.
 Of Love and Hate
Ecouter03:57
4.
 An Endless Quest
Ecouter03:01
5.
 Scarborough Fair (Cover)
Ecouter03:56

Durée totale : 19:37

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Aegonia



Chronique @ ericb4

22 Octobre 2022

Une œuvre, certes, dans un mouchoir de poche mais des plus frissonnantes...

Trois années envolées déjà depuis son introductif et envoûtant album full length, « « The Forgotten Song », et voici le combo bulgare enfin remis sur les rails. Le temps pour le prudent et exigeant collectif sofiote d'affûter sa production d'ensemble et de concocter trois singles – « Samodiva », « Of Love and Hate » et « The Foreteller » –, dont deux feront partie intégrante de son premier et présent EP, « Moonlight Tales » ; une auto-production modeste de ses 20 minutes tout au plus, témoignant de finitions passées au crible mais surtout d'un mixage à la balance plus équilibrée que naguère. A l'aune de cette menue rondelle, la troupe serait-elle en mesure de tenir tête à ses nombreux homologues générationnels ? Pourrait-elle songer à rejoindre les valeurs montantes d'un registre metal en proie à une féroce concurrence ?

Cofondé en 2011 par la frontwoman aux cristallines inflexions, violoniste et parolière Elitsa Stoyanova et le guitariste/bassiste/vocaliste et joueur de kaval (flûte oblique jouée dans les musiques traditionnelles des Balkans notamment) Nikolay Nikolov, le groupe a subi quelques changements de line-up. Aussi, aux côtés de nos deux maîtres d'oeuvre s'agrègent dorénavant les talents de : Atanas Georgiev, à la basse ; Ivan Kolev (37 Black, Deadscape), remplaçant de Rosen Paskulov (Rare Breed), à la batterie, depuis 2017 ; Ani Dimitrova (Deadscape), aux guitares ; Konstantin Kozhuharov, au hautbois ; Sabina Yordanova, au basson ; Gergana Edreva, au violoncelle ; un remaniement partiel qui n'a pas été sans effet sur l'orientation conférée par l'octet à son projet. Avec la participation, pour l'occasion, de Samuil Zlatev, à la cornemuse, contribuant dès lors à accentuer la dimension folk de cette frissonnante livraison.

Ce faisant, nos acolytes évoluent désormais dans un metal atmosphérique gothique aux fortes effluves folk et rock mélodique à chant féminin, et non plus mixte. Ayant fait évoluer son art dans une visée plus céleste et romantique qu'enjouée et percussive, c'est dire que le combo est loin d'être resté campé sur ses acquis. Aussi, les sources d'influence seraient-elles aujourd'hui à chercher davantage du côté de Lyriel, Savn, Midnattsol, Metalwings ou encore The Wake, que de celui d'Eluveitie et consorts. Ce qu'attestent les cinq pistes d'une galette intégralement composée et arrangée par les deux têtes pensantes du projet, pistes témoignant de gammes finement sculptées, renvoyant à la féconde inspiration mélodique de leurs auteurs. Enregistrée, mixée et mastérisée par Nikolay dans le studio du groupe, la galette fait montre, en outre, d'une belle profondeur de champ acoustique. Mais embarquons plutôt à bord de la frêle embarcation pour une brève traversée en eaux, cette fois-ci, limpides et apaisantes

C'est à la lumière de leurs pistes à la cadence réfrénée mais aucunement éthérée que nos acolytes marqueront leurs premiers points, et non des moindres. Ainsi, on ne pourra que malaisément se soustraire aux magnétiques ondulations mélodiques dont se pare le refrain de « The Foreteller », mid tempo atmosphérique gothique à mi-chemin entre Lyriel et Metalwings. Glissant le long d'une radieuse rivière mélodique sur laquelle se calent les angéliques impulsions de la sirène, agrémenté du délicat toucher d'archet de la violoncelliste et ponctué de chatoyants harmoniques d'inspiration balkanique, l'instant privilégié ne saurait être éludé par l'aficionado de moments tamisés. Dans cette énergie, et non sans rappeler un Midnattsol des premiers émois, le mid tempo « Of Love and Hate » témoigne d'enchaînements intra piste des plus sécurisants ainsi que d'insoupçonnés et grisants changements de tonalité. Pourvu de couplets finement ciselés relayés chacun d'un entêtant refrain, et, là encore, magnifié par les limpides volutes de la princesse, le seyant méfait se quittera avec regret.

Lorsqu'ils nous mènent en d'intimistes espaces, nos compères feutrent à nouveau leur décor d'hypnotiques séries de notes pour un résultat des plus saisissants. Ce qu'illustre, d'une part, « In the Water Deep », ballade folk atmosphérique d'une sensibilité à fleur de peau que n'auraient nullement reniée ni leurs compatriotes de Metalwings ni Savn. Surmontée d'un fin picking à la guitare acoustique, générant parallèlement des gammes pianistiques des plus gracieuses, et discrètement infiltrée de fines oscillations à la cornemuse, la tendre aubade se jouera de toute tentative de résistance à son assimilation. Et ce ne sont ni le refrain immersif à souhait ni les troublantes oscillations de la maîtresse de cérémonie qui nous débouteront davantage de cette poignante offrande, loin s'en faut. Difficile également de ne pas se sentir porté par le fringant cheminement d'harmoniques exhalant de « An Endless Quest », ballade romantique jusqu'au bout des ongles dans le sillage atmosphérique de Savn ; un chavirant effort se parcourant cheveux au vent, où s'inscrivent une flûte gracile et une guitare acoustique pétrie d'élégance.

Enfin, la troupe s'est frottée au redoutable exercice des reprises, non sans une certaine réussite à la clé. Si les versions rock et metal de « Scarborough Fair » abondent, la formation bulgare lui a conféré une touche personnelle la rendant liante. Pour rappel, il s'agit-là d'une ballade traditionnelle anglaise, probablement inspirée de ballades écossaises médiévales, connue notamment grâce aux arrangements de Simon et Garfunkel sur l'album « Parsley, Sage, Rosemary and Thyme » (1966). Nourri d'arpèges d'accords des plus enveloppants esquissés par une romantique guitare acoustique que suit à la trace une flûte virevoltante, un poil libertaire, et encensé par les fluides patines d'une interprète bien habitée, ce moment de grâce se dote en prime d'un petit supplément d'âme. Ainsi, pourtant maintes fois revisitée, cette ancestrale ritournelle trouve dans cette version folk rock à la fois un énième prolongement mais aussi, et surtout, une orientation des plus originales, apte, à son tour, à nous retenir, un peu malgré nous. Chapeau bas.

En définitive, l'inspiré combo bulgare nous immerge une fois encore au cœur d'un paysage de notes des plus chatoyants, propice à l'enivrement de nos sens. Se dévoile alors une œuvre, certes, dans un mouchoir de poche mais des plus frissonnantes. Moins varié que son aîné sur les plans atmosphérique et rythmique, le modeste mais seyant propos jouit, en revanche, d'une ingénierie du son désormais difficile à prendre en défaut. Octroyant d'immersives sentes mélodiques qui ont pour corolaire des arpèges d'accords finement esquissés, le méfait y adjoint une touche traditionnelle le rendant particulièrement émouvant. Bénéficiant, en prime, d'arrangements de bonne facture et témoignant d'une identité artistique un poil plus affirmée aujourd'hui qu'hier, le message musical, aussi frugal soit-il, serait en mesure de propulser nos acolytes parmi les valeurs montantes de ce registre metal. Dans l'attente à peine voilée d'un second album full length...

Note : 14,5/20

2 Commentaires

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fufupue - 27 Octobre 2022:

C'est effecctivement très beau et reposant, idéal pour s'apaiser avant une sieste d'après boulot! Je garde le nom dans mon cahier pour le futur full, à condition d'être dispo en support physique sans parcours du combattant ... Merci pour la découverte et cette belle chronique. 

ericb4 - 27 Octobre 2022:

Pour ma part, cet intimiste opus fait partie des meilleurs de sa catégorie dans le registre metal atmosphérique, gothique, symphonique, mélodique et assimilés. A voir en fin d'année dans le top 2022 du forum 'Panthéon des déesses du metal'. Mais l'année n'est pas encore finie...

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