Nouvelle figure du heavy/power symphonique à chant mixte parmi tant d'autres, ce sextet étasunien entend pourtant, en toute légitimité, relever le défi de faire largement entendre sa voix. Pour ce faire, c'est non sans une certaine prudence que nos gladiateurs entrent dans l'arène, une arène où abondent de farouches opposants dont de jeunes loups aux dents longues. Aussi, pour son entrée en scène, la troupe nous octroie un EP modeste de ses 3 titres, intitulé «
The First Sermon ». A l'aune des quelque 14 minutes de la menue rondelle, nos acolytes seraient-ils à même de se jouer l'âpre concurrence dont ce registre metal continue de faire l'objet ? Pourraient-ils dès lors se muer en un sérieux espoir de cet espace metal ?
Dans cette aventure, nous embarquent de concert : la chanteuse aux claires inflexions
Alexandria Dawson (ex-Veronica), le guitariste/vocaliste Justin Denham (ex-Storms Within), les guitaristes Tim Semerad et Ken
Severance, le bassiste Jacob Kohl et le batteur Phil Coleman. De cette étroite collaboration émane un propos heavy/power symphonique à la fois pulsionnel, corrosif et enjoué, dans la veine coalisée de
Battle Beast,
Frozen Crown et
Ancient Bards. Cela étant, la galette jouit d'une production d'ensemble de bonne facture, à commencer par une qualité d'enregistrement ne laissant filtrer que d'infimes sonorités résiduelles et un mixage équilibrant lignes de chant et instrumentation à parités égales. Mais entrons sans plus attendre dans la frêle goélette...
C'est sur une mer houleuse que s'effectue le plus clair de la traversée, nos hôtes nous octroyant par là même quelques séries de notes aptes à nous retenir plus que de raison. Ce qu'atteste, en premier lieu, « Knights of Harrenhall », échevelant up tempo aux riffs acérés, à mi-chemin entre
Battle Beast et
Ancient Bards. N'ayant de cesse de nous asséner de furieux coups de boutoir, le frondeur méfait nous octroie parallèlement un fin legato à la lead guitare ainsi qu'un refrain catchy investi de sémillantes joutes oratoires, le gracile filet de voix de la sirène et les rocailleuses impulsions de son comparse offrant un poignant face à face. Et la sauce prend, in fine. Tout aussi sanglant mais concédant une ligne mélodique un poil plus linéarisée, «
Swords and Banners » se situe un poil en-deçà de son voisin de bobine. Le torrentiel et ''battlebeastien'' effort jouissant cependant d'arrangements instrumentaux de bon aloi, d'un fringant solo de guitare et d'une énergie aisément communicative, un headbang bien senti sera non moins au programme des réjouissances.
Mais la pièce maîtresse ne se livrera qu'en troisième lieu. Ainsi, dans le sillage de
Frozen Crown se cale le seyant «
Fire Queen » ; délivrant un riffing crocheté adossé à une sanglante rythmique tout en s'écoulant le long d'une rivière mélodique éminemment enveloppante, le fougueux manifeste ne manque ni d'allant ni de panache. Décochant des couplets bien customisés, relayés chacun d'un entêtant refrain mis en exergue par les fluides oscillations de la déesse, et doté d'un sémillant solo de guitare, l'efficace propos prend des airs d'un hit en puissance, que l'on ne quittera que pour mieux y revenir, histoire de plonger à nouveau dans cet océan de félicité.
Une œuvre certes dans un mouchoir de poche mais des plus impactantes octroyée par la formation nord-américaine, que l'on se plait à se repasser sitôt l'ultime mesure envolée. D'aucuns pour se sustenter auraient sans doute souhaité un propos plus varié sur les plans atmosphérique et rythmique, des exercices de styles plus diversifiés qu'ils n'apparaissent ainsi que l'une ou l'autre prise de risque consentie par nos six compères. Carences partiellement compensées par une technicité instrumentale et vocale dores et déjà maîtrisée doublée d'une ingénierie du son difficile à prendre en défaut. Bref, une première et poignante incursion en de magmatiques territoires, susceptible de porter le collectif étasunien parmi les sérieux espoirs de son univers metal. Wait and see...
Note : 14,5/20
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