« The
Tracii Guns League of Gentlemen is a Rock and Roll band that leans heavy into 1970’s British and American blues based hard rock.
Together they combine for an impressive musical alliance that has created one of the most impressive classic rock debut records in years. »
Prêtez-vous attention aux stickers parfois dithyrambiques ornant vos nouvelles acquisitions discographiques ? Délivrant un message de description honnête du contenu musical de la galette concernée ou se complaisant risiblement dans la surenchère à des fins bassement marketing, ces autocollants qui au choix souillent un disque ou font intégralement partie de l’objet physique ne peuvent laisser insensible le fanatique de hard rock/metal auquel s’offre alors deux possibilités : se débarrasser de l’intégralité du cellophane sticker inclus ou tâcher de découper avec attention l’autocollant en question et de le conserver en l’apposant visiblement dans la jewel case. Alors que certains die-hards fans iront jusqu’à se procurer l’album en double pour en garder tel un
Graal une copie entièrement cellophanisée, il est certain que ces stickers promotionnels conditionnent quelque part l’investissement d’une œuvre correspondant dès lors ou non à l’énoncé du fameux support adhésif..
Ayant claqué la porte de L.A. Guns en 2002 après la parution de « Waking the
Dead », son guitariste soliste et membre fondateur
Tracii Guns s’est embringué dans une aventure musicale pour le moins chaotique et non sans repos digne d’une véritable saga rock n’ roll. Ayant monté le projet Brides of
Destruction avec son ami Nikki Sixx qui accoucha de deux albums en 2004 et 2005 et rejoint le légendaire
Quiet Riot le temps de quatre petites semaines, Guns mit sur pied le
Tracii Guns Band vite transformé en une seconde version de L.A. Guns. D’abord articulé autour d’une partie du line up des années 85/87 avec le chanteur Paul Black et le batteur Nickey « Beat » Alexander, ce L.A. Guns bis devint vite un véritable hall de gare avec pas moins de onze moutures et six chanteurs différents en l’espace de six ans pour une seule et unique sortie discographique : le dispensable « Acoustic Gypsy
Live » (2011), album live acoustique enregistré au Hotel Cafe d’Hollywood avec un certain Jizzy Pearl (Love/
Hate, ex
Ratt) au micro. En conflit musclé avec le L.A. Guns officiel via insultes régulières par presse interposée, la hache de guerre est enterrée en
2012 à l’initiative de Tracii qui décide finalement de lâcher l’affaire et de renommer la dernière mouture de son bébé ‘
Tracii Guns League of Gentlemen’. Comprenant donc les ex L.A. Guns Scott Foster Harris (vocals) et Doni Gray (batterie) mais aussi les pièces rapportées Craig McCloskey (basse) et John Bird (keyboards), TGLOG signe un deal avec
Shrapnel Records qui publie le bien nommé «
The First Record » en juin 2013.
Enregistré aux Babyship Studios d’Hollywood par
Tracii Guns en personne assisté de Greg Wurth, ce premier full length se veut donc être un hommage au hard rock anglais et américain des années 70 semble-t-il, premier amour de Guns qui à l’époque bénie des garage rehearsals de son adolescence développait son feeling rock n’ roll immaculé de futur pistolero à force d’interminables jams inspirés des anthologiques
Led Zeppelin, Who, Rolling Stones, Hendrix et consorts. Tracii commence ainsi à ressasser ses vieux souvenirs via l’introductive et rustique « Everything Everything » mettant l’emphase sur un rock dur purement old school/roots permettant notamment d’apprécier les vocaux pour le coup graveleux du chanteur Scott Foster Harris. De facture similaire, il conviendra d’accompagner activement le rythme de la reprise du classique «
Sugar Mama » initialement popularisé par les bluesmen Tampa
Red, John Lee Hooker ou encore B.B.
King ; morceau de blues au beat jouissif voyant
Tracii Guns faire des étincelles avec sa Dean Nashvegas Signature mais aussi des graves et possédées «
Taste your Fear » et surtout «
The Witch » ; excellente reprise du groupe de garage rock US The Sonics (« Here are the Sonics », 1965) garnie d’une ligne d’orgue particulièrement oppressante. Titres les plus efficaces de «
The First Record », l’excellent et mélodique « Backside of the
Moon » mais surtout « The Sound » constituant le single du full length objet d’un clip vidéo et accessoirement morceau tant fluide que grandiose soulignant haut et fort la classe véritable émanant de la
Tracii Guns League of Gentlemen avec notamment un S.F. Harris particulièrement habité et persuadant derrière son microphone.
Album rendant hommage aux nombreuses premières influences de Guns, «
The First Record » ne semble pas suivre de ligne directrice particulière comme peut en témoigner l’expression de différents styles sur la galette au hasard du tracklisting de cette dernière ; le hard rock primaire sauce 70’s comme énoncé précédemment mais aussi le blues de la sublissime pièce de quasiment dix minutes « Saginaw Blues » prouvant une fois encore la talent de Guns pour le genre après le magnifique « Dreamtime » de « Shrinking Violet » (L.A. Guns, 1999) ou encore la ballade acoustique via les mélancoliques et convaincantes « Jealous of the
Rain » et « Feathers in a
Hurricane » seyant remarquablement l’esprit nostalgique d’un album ouvertement tourné vers le passé et le core artistique vieille école de
Tracii Guns conceptuellement parlant. Premier effort un peu trop long à l’écoute avouons-le avec ses 14 titres et ses 66 minutes de durée, l’ambitieux «
The First Record » fait également dans le dispensable via certains morceaux inférieurs au reste de la galette tels les reprises soporifiques et peu utiles de « One » du chanteur de pop américain Harry Nilsson (« Aerial Ballet » 1968) ou encore de « Without You » du groupe anglais Badfinger tirée de l’opus « No Dice » de 1970 ; titres largement superflus qui tendent incontestablement à charger un disque que l’on aurait imaginé bien plus bref et efficace dans son propos compte tenu de la démarche initialement avancée par Tracii quant à la teneur et à l’identité de «
The First Record ». Paroxysme des voies impénétrables de Guns, l’incompréhensible et conclusive « Space and Time
Collide », expérimentation sonore de type ambient qui malgré son appellation s’avère être beaucoup plus proche de la pesanteur et du mysticisme du «
Tomhet » de
Burzum sur « Hvis Lyset Tar Oss » (
1994) que du hard rock d’obédience astronomique du premier méfait éponyme de Blue Öyster Cult de 1972.
Fruit d’une démarche conceptuelle ambitieuse et non moins inspirée sur le papier, «
The First Record » de la
Tracii Guns League of Gentlemen parait cependant dans son ensemble tel un opus trop long, perfectible et manquant de cohérence malgré une certaine classe et quelques très bonnes idées individuelles ne pouvant qu’illustrer le talent et la créativité pluridimensionnelle du légendaire
Tracii Guns. Articulé autour de quatorze pistes et exagérément varié, ce premier album peinera donc à s’inscrire dans une logique de concision et d’efficacité pourtant essentielle à la garantie d’un full length solide et cohérent. Disque multidirectionnel à appréhender davantage comme une compilation de compositions personnelles et de reprises, le psychanalytique «
The First Record » ravira cependant les fanatiques de
Tracii Guns de par sa propension à expliciter les premiers amours et les influences initiales de l’ex L.A. Guns tout en trahissant inconsciemment la complexité et la richesse artistique du personnage. Ponctuellement qualitatif mais à mille lieux de donner raison au fameux sticker pour le coup risiblement dithyrambique.
Si quelqu'un possède une astuce contre l'altération de l'encre des tickets de caisse, à base de jus de citron, de bave d'escargot, de liquide vaisselle ou autre, je suis preneur.. :)
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