Dans un registre metal symphonique à chant féminin ô combien peuplé en formations de tous poils, dont de jeunes loups aux dents longues, tenter de se frayer un chemin pour les nouveaux entrants relèverait de la gageure. C'est pourtant sans complexe mais non sans afficher une certaine prudence que ce trio franco-italien, sorti de terre il y a tout juste un an, se jette dans la fosse aux lions. Aussi, concoctera-t-il son premier single, «
Come to Me », quelques mois plus tard, suivi de deux autres, «
As You Are » et «
Won & Lost », début 2023. Trois pistes qui toutes font partie intégrante de son introductif EP, «
The Fire Between Us » ; auto-production où 6 plages se succèdent sereinement sur un ruban auditif généreux de ses 28 minutes. En quoi ce premier essai permettrait-il à nos valeureux gladiateurs d'offrir une farouche opposition face à leurs homologues stylistiques, toujours plus nombreux à affluer ? Ne serait-ce pas là la première page d'une histoire au long cours pour nos acolytes ?
Ce frais combo est né d'une idée originale communément partagée par l'expérimentée soprano, parolière et arrangeuse française Emma Elvaston (
Beneath My Sins, ex-
Evolvent) et le solide bassiste, vocaliste et compositeur italien Pier Paolo Lunesu (Even
Flow, Wonders), ce dernier apportant une touche power et rock progressif à cet opus d'obédience rock'n'metal mélodico-symphonique. Projet auquel a prestement apporté sa patte ''symphonisante'' le partenaire musical de longue date d' Emma, à savoir, le pluri-instrumentiste, vocaliste et compositeur français Clément Botz (
Beneath My Sins, ex-
Evolvent). Ont également été sollicités, pour l'occasion, des invités de marque, dont : Thomas Calegari (
Asylum Pyre, ex-
Beneath My Sins), à la batterie, et Mario del Río Escobedo (Melphomene,
Erszebeth, Oblivion
Requiem), au chant. Excusez du peu !
Pour une optimale mise en musique, tout comme pour
Ancient Bards,
Deathless Legacy,
Temperance,
Trick Or Treat,
Elvenking et
Secret Sphere, mixage et mastering ont été réalisés par Simone Mularoni, producteur et prolifique guitariste/bassiste (
DGM,
Empyrios, Lione/Conti, ex-
Sunstorm...), dans son propre studio (
Domination Studio). En émane une péréquation de l'espace sonore entre lignes de chant et instrumentation doublée d'une belle profondeur de champ acoustique. Pour mettre les petits plats dans les grands, l'artwork d'inspiration néo-romantique et aux couleurs chatoyantes relève du fusain de Mickael Briot, guitariste/vocaliste (ex-
Diluvian, ex-
Recueil Morbide, ex-
Smeti Duchu) et graphiste français (
Asylum Pyre,
Elyose,
Beneath My Sins,
Nightmare...). De quoi nous intimer d'aller explorer plus attentivement la cale de la petite goélette...
La troupe interpelle, tout d'abord, par sa faculté à accoucher de ces séries de notes qui longtemps vous resteront gravées en mémoire après les avoir découvertes. A commencer par ses passages les plus endiablés, au sein desquels, le vibrant single «
Won & Lost » ; un ''delainien'' up tempo aux riffs crochetés, à la basse claquante, et recelant des gammes ''cabaret'' au piano, ainsi qu'un refrain catchy qu'encensent les cristallines inflexions de la sirène. Un tubesque et original effort que l'on ne quittera que pour mieux y revenir, histoire de plonger à nouveau dans cet océan de félicité. Dans cette dynamique, on pourra également retenir « The Storm », impulsif et énigmatique manifeste aux riffs corrosifs adossés à une rythmique sanguine, au regard de son duo mixte unifiant les empreintes feutrées de Mario del Río et de la princesse et de son poignant solo de guitare décoché à mi-morceau.
Quand le convoi instrumental retient un tantinet les chevaux, le collectif trouve à nouveau les clés pour nous retenir plus que de raison. Ce qu'atteste, d'une part, le grisant mid/up tempo syncopé « Before You Hit the
Ground » eu égard à son refrain immersif à souhait, mis en habits de lumière par les troublantes oscillations de la déesse. A mi-chemin entre
Stream Of Passion et
Evolvent, l'invitant méfait aux riffs épais laisse également entrevoir des enchaînements intra piste des plus sécurisants et un fin legato à la lead guitare. Et la sauce prend, sans tarder. Dans cette énergie, on ne saurait davantage esquiver le souriant mid tempo «
Come to Me », tant pour son enveloppante sente mélodique sur laquelle se greffent les célestes modulations de la diva que pour ses deux soli de guitare. Et comment ne pas se sentir porté par les riffs sémillants du single «
As You Are » ? Recelant un trio mixte bien habité, les deux vocalistes masculins patentés venus ici prêter main forte à la frontwoman, et octroyant de fulgurantes montées en régime de l'instrumentation, ce fringant mid/up tempo s'assimilerait à son tour à un véritable hit en puissance.
Lorsqu'ils nous mènent en d'apaisantes contrées, nos compères parviennent sans mal à générer la petite larme au coin de l'oeil. Ce qu'illustre la ballade atmosphérique d'une sensibilité à fleur de peau « Still Here » ; instillé de délicates gammes au piano et sous-tendu par les graciles impulsions de la belle, alors relayées par le chatoyant grain de voix de Mario del Río, l'instant privilégié ne saurait être éludé par l'aficionado du genre intimiste.
Au final, en dépit du classicisme formel de l'exercice dispensé et de son modeste format, force est d'observer que cet initial effort témoigne d'une féconde inspiration mélodique de ses auteurs et d'une technicité instrumentale parfaitement maîtrisée. Ce à quoi se superposent une ingénierie du son de premier ordre et des arrangements orchestraux de fort bonne facture. Variant à l'envi ses phases rythmiques, ses ambiances comme ses joutes oratoires, cet opus accuse cependant l'une ou l'autre prise de risque. Pour se sustenter, d'aucuns auraient sans doute espéré un instrumental et/ou une fresque symphonico-progressive. Quoiqu'il en soit, à l'aune de son introductif méfait, le trio aurait dores et déjà une belle carte à jouer pour s'imposer parmi les sérieux espoirs de ce registre metal. Bref, premières portées et premier coup de maître insufflé par le combo franco-italien...
Très bonne chronique. J'ai découvert ce groupe par hazard et je dois dire que je ne suis pas déçu. Dommage que ce ne soit qu'un EP et non un full-lengh. Groupe à suivre de près.
Encore une fois, belle chronique pour une belle découverte!
merci à toi Eric
Merci pour vos retours. J'attends également un album full length de leur part! Affaire à suivre, donc...
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