The Ferryman's Shore

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14/20
Nom du groupe Beyond Forgiveness
Nom de l'album The Ferryman's Shore
Type EP
Date de parution 12 Fevrier 2016
Style MusicalMetal Symphonique
Membres possèdant cet album3

Tracklist

1.
 Intro/A Warrior's Blessing
Ecouter01:15
2.
 Dust to Dust
Ecouter04:39
3.
 The Ferryman's Shore
Ecouter07:55
4.
 Perseverance
Ecouter05:17
5.
 Your Haunting Eyes
Ecouter08:28

Durée totale : 27:34

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Beyond Forgiveness



Chronique @ ericb4

10 Mars 2016

De solides prémisses annonçant déjà la couleur des intentions du combo ricain...

Comment ne pas céder à la tentation de fouler les planches d'une scène metal symphonique à chant féminin qui, malgré pléthore de formations en tous poils qui s'y agglutinent à tous prix, semble encore ouvrir ses bras aux nouveaux entrants ? C'est précisément dans cette brêche que s'est engouffré un quartet de metal sympho gothique aux relents folk fraîchement sorti de terre, tout droit venu de Fountain, dans le Colorado. Mais, les Ricains de Beyond Forgiveness n'en sont pas à leur coup d'essai, loin s'en faut. En effet, créé en 2009, et après quelques changements de line up, le combo compte actuellement dans ses rangs : les guitaristes, choristes et cofondateurs Greg Witwer (Hell's Eden, Vital Malice) et Richard Marcus (Hell's Eden, ex-Dun Moloch), l'expérimenté batteur Michael Bullach ainsi que la chanteuse et claviériste Talia Hoit (ex-AnaDies), ayant succédé à Lynn Brown en 2014. On comprend que nos acolytes bénéficient de quelques expériences significatives en studio et de la scène locale, qu'ils ont cru opportun de mettre à profit dans cette offrande.

C'est donc sous les meilleurs auspices que se présente ce projet artistique et technique. En outre, cette association musicale témoigne d'un travail de cohésion instrumentale et vocale de bonne facture, et ce, à l'aune de leur initial EP, accouché pas moins de sept ans après leur première rencontre. Autant dire que le collectif a laissé le temps au temps pour accoucher de leurs énergiques et poignantes compositions et de leurs paroles aux lignes de textes finement élaborées. Un travail minutieux en studio ainsi qu'un réel souci relatif aux finitions et au mixage transpirent de cette galette auto-produite, où se succèdent cinq titres aux rythmiques et aux ambiances variées sur un ruban auditif de près de vingt-huit minutes. Inspiré par les gammes et les arpèges de formations metal sympho européennes majeures telles que Leaves' Eyes, Within Temptation ou encore Xandria, le groupe a aussi veillé à y apposer son empreinte stylistique propre, incluant le schéma vocal de la Belle et la Bête. Explorons sans plus attendre les arcanes de cette œuvre aux allures de rite initiatique.

On ne manquera pas d'observer une patte heavy symphonique émanant du message musical de cette rondelle, exercice judicieusement mené par nos acolytes, à commencer par le début du propos, une fois passée l'ouverture. Une aquatique empreinte vocale sous forme de fines gouttes en suspension propulsées du fin fond des abysses nous parvient sur le bref semi-instrumental « Intro/A Warrior's Blessing », dans le sillage atmosphérique de Qntal. Un doux et sulfureux clavecin surplombant une limpide mer synthétique vient à la rencontre de la sirène, pour l'accompagner tout le long, comme pour nous donner un avant-goût de ce qui va s'ensuivre. En outre, l'enchaînement s'effectue quasi naturellement sur le voisin de piste par un subtil fondu à la lumière de soyeuses volutes oratoires. On découvre alors une pièce épique d'obédience heavy sympho, un poil folk, en mid tempo progressif à l'instar de « Dust to Dust ». Le riffing se fait léger et la rythmique enjouée pour une traversée au cheminement mélodique pénétrant et aux harmoniques délicatement distribuées, non sans rappeler Leaves' Eyes sur leur dernier effort. Une onde vibratoire nous étreint à la lueur des angéliques patines vocales de la belle, celle-ci parvenant à nous envelopper le tympan sans pour autant jouer à outrance de ses envolées lyriques pour nous séduire, à la manière d'Isgaard. Une growleuse mais dispensable présence vient se joindre à la douce par instants, qui aurait gagné à s'en extraire pour mieux rayonner encore. En outre, c'est en apesanteur qu'évolue une progressive orchestration, suivant sa partition à la note près, pour finir crescendo.

Ayant pris soin d'étoffer sa palette stylistique, le groupe n'a pas hésité à asséner ses frappes percussives selon une orientation power pour nous rallier à sa cause. L'entraînant « Perseverance », d'inspiration power symphonique dans l'esprit d'Ancient Bards, envoie de sculpturaux couplets rapidement relayés par des refrains souriants. On aurait cependant souhaité que le combo ne s'enlise pas tant dans d'inextricables plans techniques qui, au final, n'atteignent pas réellement leur cible. Le growler se montre plus caverneux et incisif que jamais, alors que sa comparse ne semble en rien perturbée par sa présence, évoluant avec célérité sur sa ligne de chant, avec une confondante maîtrise de ses inflexions.

Le combo a su aussi ménager une ambiance moins sereine, voire crépusculaire, à d'autres moments, à laquelle on croit et qui, à sa façon, laisse transpirer une émotion. Dès qu'une glaçante cloche retentit, d'enlaçantes nappes synthétiques sont essaimées sur le mid tempo « The Ferryman's Shore », titre éponyme et dantesque fresque symphonique gothique de l'opus. De coulants et ombrageux couplets s'étirent inlassablement, avant de faire table-rase pour mieux asseoir d'infiltrants refrains. Parfois on tendrait à se perdre en conjectures technicistes mais la déesse sait nous faire adhérer à une piste aux portées complexes mais rigoureuses dans leur principe d'émission. Mais, ce serait sans compter avec la bête, de plus en plus difficile à contenir, qui aimerait tant briser ses chaînes pour nous lacérer encore un peu plus le tympan. Par contraste, la douce la seconde pour se substituer à elle. Bien que l'assise instrumentale gagne en vélocité, un impactant tracé mélodique est octroyé, preuve que l'acte un tantinet dramatique, dans la lignée de Tristania, reste sous contrôle.

Le collectif n'a pas non plus omis d'inscrire quelques mots bleus dans son programme, mais sans s'y réduire exclusivement. A l'instar de la sensible ballade progressive « Your Haunting Eyes », c'est une véritable et roborative pièce d'orfèvre à laquelle nous convie le combo ricain. Couplets et refrains alternent classiquement, suivant une ligne mélodique plutôt agréable, à la façon de Within Temptation, mais tardent à déployer leurs effets pour emprisonner nos émotions. Peu à peu, l'orchestration se densifie, puis se rétracte, et la frappe redouble d'aplomb, se faisant plus massive, à la façon de Xandria. C'est alors que l'on sent poindre une larme nous gagner, notamment sous l'égide d'ondulantes et amples envolées de la soprano, stupéfiantes de justesse, conférant aux immersifs refrains un supplément d'âme. Si son acolyte s'y colle également, il ne prend pas possession des lieux, la maîtresse de cérémonie entendant bien avoir le dernier mot. N'ayant de cesse de nous déverser de féériques séries de notes, plus lumineuses et magnétiques les unes que les autres, dans nos pavillons alors voués à l'ivresse des océans, Talia, par son empreinte vocale, finit par nous faire plier l'échine. Pari réussi sur ce terrain-là.

On ressort de l'écoute de la galette interpelé à la fois par de solides qualités cohésives du groupe, des lignes mélodiques finement dessinées et un rare souci du détail technique. Sans se lancer dans d'inutiles et trop complexes passages instrumentaux, ni dans une grandiloquente démonstration vocale, on comprend que le combo s'est voulu résolument accessible. Aussi, le propos ne laisse pas indifférent, eu égard aux séries d'accords judicieusement agencées et aux cheminements harmoniques aussi cohérents qu'engageants. Ce faisant, le collectif a exploré différentes facettes du registre metal dans lequel il s'inscrit et convainc par ses qualités de composition et d'interprétation. Aussi, l'amateur de metal symphonique à chant féminin pourra se pencher sur cet opus pour le plaisir de la découverte et peut-être naîtra en lui l'indicible désir d'y revenir. Un bémol toutefois : le message musical reste assez souvent convenu, les prises de risques se réduisant à quelques ponts opportunément placés. De plus, les parties growlées n'apportant pas toujours l'effet angoissant escompté peuvent gêner une écoute prolongée. Néanmoins, pour un premier jet, le combo s'en sort honorablement, n'ayant tari ni d'efforts, ni d'inspiration pour nous concocter cette initiale offrande. Il ne lui reste qu'à affiner encore le trait sur quelques arpèges, éviter de s'embarquer dans de filandreuses portées et varier encore l'offre pour se hisser parmi les formations montantes du genre. On attend dès lors une confirmation du potentiel affiché par ce groupe, à l'image d'un album full length...

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