Près de 11 ans après l'immonde bouse qu'était
Mandatory Evac, et 19 ans après son premier album, le méconnu
Discerning Forces,
Opprobrium refait surface, un peu à la surprise générale. En effet, peu donnaient cher de la peau des frères Howard ces dernières années au vu de l'absence quasiment totale d'infos émanant de la formation. Mais la judicieuse réédition initiée par Relapse en 2016 du fabuleux
Serpent Temptation (paru initialement sous le nom d'
Incubus en 1988, pour l'historique, se reporter à la chronique de l'album sous ce nom là, une page entière n'y suffirait guère) a sans doute redonné l'énergie et l'envie suffisante aux frangins pour remettre le couvert d'un nouvel album. Pour être clair et concis,
Opprobrium, naquit sur les cendres de feu
Incubus à cause de sombres problèmes de droits de patronyme, le défunt groupe de Louisiane ayant sorti deux chefs d'oeuvre de thrash et de thrash/death il y a une trentaine d'années (
Serpent Temptation et
Beyond the Unknown, bien connus des fans de l'époque). Reconnu pour son riffing particulièrement dantesque et incisif,
Opprobrium/
Incubus peut se ranger dans l'école thrash extrême d'où émergèrent les
Demolition Hammer,
Epidemic et autres
Malevolent Creation un peu plus tard, surfant sur la tendance brutale du début des 90's.
Que vaut
Opprobrium en 2019 ?
Signés par HRRecords, les deux frangins, quoiqu'un peu plus enveloppés, n'ont absolument rien perdu de leurs qualités d'époque à savoir un riffing exceptionnel, et un matraquage en règle de rythmiques brise-nuques couplés à un sens du break particulièrement marquant. On retrouve ainsi dès "
Dark Days,
Dark Times" ces ingrédients thrash/death écrasants subitement coupés par des riffs inattendus magistralement amenés et farcis de breaks propres au thrash le plus pur. Immédiatement reconnaissable, le sens de l'agencement des 2 frères Howard (Francis aux guitares et Moyses aux fûts) n'a pas pris une ride, un florilège de breaks se succédant au gré des 8 compositions, et on en vient à se demander ce qui a bien pu se passer en 2008 lors de l'enregistrement d'un
Mandatory Evac de piètre mémoire. Même si pendant un temps, le retour du premier chanteur de la formation, Scott LaTour fut dans les tuyaux, il n'en est (malheureusement) rien, Francis M. Howard s'acquittant de cette tâche comme sur
Beyond the Unknown ou
Discerning Forces avec sa voix rauque là aussi familière aux fans du duo qui retrouveront ses intonations avec un plaisir non dissimulé.
Parmi les gros passages bien jouissifs, citons notamment une première partie d'album de haut niveau (citons "
Creations That Effect" rampant avant de s'emballer sur son riff thrash à 2'13" et ses breaks à 3'00" puis à 3'15" et à 3'30", l'implacable "Wicked Mysterious Events" au riffing carré et malin comme un Rubik's
Cube, et à la batterie métronomique de bon aloi, les cordes pincées de "
Fallen Entities", le thrash total de "Throughout the Centuries" qui aurait pu être quasiment composé en 1988, ou "
Turmoil Under the Sun" et son riff ingénieux à 3'37" suivi de son accélération/décélération à 4'15") plaçant d'emblée l'auditeur sous des auspices plus que favorables. Francis a aussi progressé en solo,
Opprobrium ne se contentant plus de pales copies du duo
King/Hanneman ("
Fallen Entities", "Throughout The Centuries" ou "
Turmoil Under The Sun"), même si ça n'est guère le point fort du groupe. Le sens du riff tantôt écrasant, tantôt rapide et toujours implacable reste ainsi le gros atout d'
Opprobrium, couplé à son sens si spécifique du groove brutal (l'entraînant "
Turmoil Under The Sun" et son "uh" initial caractéristique). Comme aux plus beaux jours, et surtout comme si
Beyond the Unknown avait un petit frère, lui-même cousin de
Discerning Forces, ce
The Fallen Entities au son croustillant pourra paraître anachronique, voire désuet aux plus jeunes. Mais les fans retrouveront un groupe tel qu'ils l'ont laissé au siècle dernier. Sans réel morceau de remplissage, et avec une durée idéale pour le genre (42 petites minutes qui filent très vite),
The Fallen Entities remporte haut la main son pari loin d'être gagné d'avance. On pourra certes regretter l'absence de vrai hit comme un
Massacre Of
The Unborn ou un
Sadistic Sinner de belle mémoire, empêchant une note plus élevée, mais le niveau ici affiché, inespéré, pour ne pas dire miraculeux vu le nombre d'années d'absence, ravira chaque fan de la formation, voire d'albums dans la veine de A Shedding Of
Skin ou
Evil Power Attack (
Protector,
Enforcer).
Avec le retour prochain et attendu de
Demolition Hammer ou le nouvel album de
Protector à venir, la scène thrash/death (ou l'inverse, ne chipotons pas) de tradition prend en ce début d'année 2019 un sacré coup de fouet et redonne espoir dans les retours gagnants des gloires d'antan.
The Fallen Entities convainc par les qualités de ces géniteurs, intactes, sans essayer de faire ce qu'il ne sait pas. Convenu, peut-être, abrasif évidemment, et foutrement efficace. Du death/thrash de bonhomme, avec du poil sous les bras. Aucune déception, les frères Howard ont parfaitement réussi leur coup. Qui l'eut crû ?
Comment avec cette Chronique on ne peut pas être impatient de pocéder cette galette! Putain vivement le 22 février !
Merci pour la chro poto;-)
C'est clair que ca rend plus qu'impatient !!! excellente chronique ;)
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire