Lostprophets a longtemps été pour moi un groupe de merde. Méprisable dans le sens ou cette fine équipe de beaux gosses péteux ont toujours suivi le mouvement comme des moutons, en prenant un malin plaisir, qui plus est, a se vautrer dans la fange du rock le plus infâme et le plus formaté. Un groupe de bouffons opportunistes donc, qui ont commencés leurs carrières avec des baggys à clous et en jouant du Neo creux à la
Linkin Park post-
Hybrid Theory, puis qui l'ont continué en jeans moule-burnes, mèches à franges et en jouant du Emo de tarlouze, quand ils ont constaté que
AFI et My Chemical Romance jouaient sold-out au lieu de
Limp Bizkit. Bref, ces gallois, au lieu de nous faire chier avec leur musique de merde ( car en plus, ces cons ont du succès, et que leur chansons se propagent à la vitesse d'une grippe porcine !!! ), auraient mieux fait de défendre les couleurs de leur pays en faisant du rugby, si tant est que ces gringalets aient pu tenir le coup face à des mecs taillés comme
Sebastien Chabal. Voilà ce que j'ai longtemps pensé… Et puis, j'ai découvert leur 1er album.
The Fake Sound of Progress… Celui-là, on peut pas dire qu'on l'ait beaucoup entendu. Et pourtant, c'est clairement la meilleure chose que le groupe ait pu accomplir de toute sa carrière. Ayant d'abord vu le jour avec les moyens du bord, plutôt limités pour le sextet à l'époque, l'album fut ensuite reproduit par un label anglais, voyant un sacré potentiel en eux. Et ils ne s'y étaient pas trompés ! Alors que le Neo en était à son apogée, digérant pleinement ses influences variées, alors que l'
Europe peinait à prendre le train en marche,
Lostprophets arriva au bon endroit au bon moment. Emergeant en pleine mode du Neo, et manquant de concurrents sérieux sur le vieux continent, le groupe pu très rapidement se faire un nom. Et son
The Fake Sound of Progress, à l'instar d'un certain
Hybrid Theory, fit la synthèse des toutes dernières tendances musicales de la fin du siècle.
Des mélodies pop, assaisonnée d'un peu de punk, du
Metal bien sur, mais aussi ( et surtout ) beaucoup de rock, ( déjà ) un peu d'Emo, de grosses et solides influences hip-hop et même parfois quelques tendances jazzy.
Lostprophets ratisse large, mais reste néanmoins très cohérent. Des titres aussi différents que le pop-punk " For Sure ", l'agressif " The Handsome
Life of Swing " ou la mélancolique power ballade " Still Laughing " parviennent sans peine à s'emboîter sans choquer, tout en touchant juste à chaque fois. Mais
The Fake Sound of Progress aurait pu " simplement " être un brillant pot-pourri, un melting-pot réussi.
Lostprophets va plus loin ; son identité " so british " fait ici toute la différence.
On sent le groupe énormément inspiré par le travail de ses compatriotes anglais, peut-être même plus, tout compte fait, que par la vague Neo venue d'outre atlantique. Et même si l'influence ensoleillée de groupes comme
Incubus est indéniable,
Lostprophets préfère finalement lorgner du côté de The Police, Placebo, The Clash, du mouvement britpop… Cette culture musicale différente que cultive alors le groupe ( avant qu'il ne se vende corps et âme à MTV et à l'impérialisme musical américain ) le distingue franchement de la masse, et en particulier des groupes ricains. Ce contraste est incarné à la perfection par la voix, nasillarde et enlevée, du chanteur
Ian Watkins. Une voix, au flegme propre aux anglais, qui emprunte à la fois à Damon Albarn, à Mick Jones et à Joe Jackson. Une voix intéressante et originale, qui ne manque pas de charme. Un plus supplémentaire pour un groupe déjà bien fourni en qualités.
Mais surtout, ce qui impressionne dans ce premier effort, c'est la fougue, l'énergie délivrée, associée à une sincérité à toute épreuve, et une volonté d'aller droit au but.
Lostprophets est un groupe qui a le feu, la rage de vaincre et l'envie de secouer le paysage musical au pays du pudding et de Big Ben. La fluidité, la pêche et la spontanéité pop des mélodies ( qui ne manquent cependant pas de richesses ), sans oublier un son épuré, clair et précis, ont grandement contribué à l'efficacité brute des compos, toutes des tubes potentiels. Ce que bien peu de groupes du même genre ont pu saisir, c'est justement cette fougue adolescente, ce dynamisme constant, cette puissance incendiaire qu'ont pu dégager à ce moment là les 6 jeunes gallois, qui eux, avaient leur mot à dire, et de l'énergie à revendre en prime. Car c'est là toute la différence avec un bon et un mauvais groupe de rock'n'roll, c'est que l'un te botte le cul, et l'autre non. Et pour ce qui est de te botter le cul,
The Fake Sound of Progress y arrive sans peine. Comment résister, malgré un titre aussi peu engageant faut bien reconnaître, lorsque que déboule un morceau aussi groovy que " Shinobi Vs
Dragon Ninja " ?
Il convient de rappeler que l'album s'adresse avant tout à un public bien spécifique, plutôt jeune, et que les vieux biscards du Heavy
Metal rigoleront à gorge déployée devant la musique juvénile de ce sextet aux allures de boys band. Malgré une image de jeunes premiers peu compatible avec l'image qu'on se fait d'un " vrai " groupe de rock'n'roll,
Lostprophets avait alors quelque chose à dire, contrairement à une pléthore de groupes du même acabit, et avait surtout l'envie de tout défourailler. Ajoutez à ça des influences du meilleur goût, des mélodies létales qui touchent aux points vitaux ( bon sang, le refrain de " Five is a Four Letter Word " !!! ), des structures intelligemment construites entre originalité, énergie et immédiateté FM, et bien évidemment, DU TALENT, et vous avez la recette qui, certes n'invente pas l'eau chaude, fait néanmoins de
The Fake Sound of Progress un excellent album, largement supérieur à nombre de ces albums de Neo ou de Rock Alternatif qui sortaient alors par camions entiers. Coup d'essai, coup de maître, comme dit le dicton. Il est cependant regrettable que
Lostprophets ait rejoint l'armée des groupes qui se sont envolés trop vite, et qui, tel Icare, grisés par leurs envols, se sont brûlés les ailes sous les flammes du soleil appelé Succès, et dont les plumes calcinées nous retombent dessus sous forme de singles nauséabonds… D'autant plus rageant de voir ce qu'ils sont devenus, quand on sait ce qu'ils étaient capables de faire à leurs débuts. Ainsi, si le groupe est à oublier aujourd'hui, l'album, lui, mérite amplement sa place dans nos mémoires…
Mais après, ça a viré violent vers le n'importe quoi.
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