Sous l'influence de ses compatriotes suédois et des dieux anglais du moment, tels
Carcass,
Bolt Thrower ou
Paradise Lost,
Gorement se forme en 1990 autour des guitaristes Patrick Fernlund & Daniel Eriksson, sur les cendres du groupe Sanguinary. La formation délaisse ainsi son thrash originel, pour rejoindre à son tour la mouvance deathmetal, centre de tous les regards de l’époque. Assez brutal sur ses premières démos,
Gorement affine son style sur les EP
Obsequies... et
Into Shadows de 1992, adoptant alors un style deathdoom d’une puissance et d’une subtilité étonnantes. Plein d’espoir, le groupe concrétise plusieurs années de labeur lors de la signature d’un contrat chez le label allemand Crypta Records, débouchant sur 11 jours de sessions aux
Delta Studios et sur la parution de
The Ending Quest courant
1994. Par manque de temps et de moyens, la formation abandonne toutefois plusieurs idées en studio, comme l’intégration d’une voix féminine ou encore d’un quatuor à cordes, ce dernier étant remplacé par des passages parcimonieux aux claviers.
Construit autour de compositions des précédentes maquettes et d'un répertoire récent,
The Ending Quest dévoile dès ses premiers instants la grande maturité musicale de ses interprètes. Si l’excellent morceau d’ouverture My Ending Quest rappelle indéniablement des albums tels
Lost Paradise ou The Karelian Isthmus (
Paradise Lost,
Amorphis),
Gorement possède en effet suffisamment de personnalité et de talent, ainsi qu’une brutalité supplémentaire, lui apportant une véritable identité.
Gorement oppose ainsi des rythmiques d’une lourdeur incroyable, à l’image du départ imparable d’
Human Relic, à nombre de mélodies fines et d’ambiances mélancoliques, offrant à
The Ending Quest une intensité et une profondeur saisissantes. Enfin, le guttural granuleux de Jimmy Karlsson s’intègre impeccablement à l’ensemble, renforçant toute l’épaisseur de l’oeuvre.
En outre, après une première moitié déjà envoutante,
The Ending Quest monte en puissance lors de sa seconde partie, lâchant quelques joyaux comme le magnifique Sea of
Silence aux ambiances plus que poignantes, Obsequies of Mankind aux riffs d’une intensité formidable, ou encore le superbe titre final aux parties acoustiques tout en retenue.
Victime de la sortie tardive de son album, un an après son enregistrement, et d’une promotion inexistante de la part de son label,
Gorement reste hélas confiné dans l’ombre des leaders suédois de l’époque, perdant fatalement sa motivation au fil des mois, jusqu’à sa rupture regrettable en 1996, après le départ de Patrik Fernlund et Jimmy Karlsson. Le groupe laisse en tout cas un
The Ending Quest précieux et atemporel, s’inscrivant aux côtés du mini-LP
Twilight in the Wilderness de son confrère
Eternal Darkness, parmi les perles du deathdoom suédois injustement oubliées.
Fabien.
Réédité à 2000 exemplaires par century Media en 2017 (ce qui devrait suffire à fournir les adeptes), cet album mélange fort harmonieusement les premiers pas de la scène doom/death (on pense aux deux premiers Paradise Lost sur les parties les plus ambiancées) avec des parties plus agressives (superbe paire "Human Relic"/"The Memorial" notamment) tout au long de 10 titres pour une quarantaine de minutes à l'équilibre parfait à mon sens. Jamais lassant et surtout doté de morceaux intéressants et variés, les Suédois gagnent à être reconnus. Un chouette album, fort, et à l'emprise de reviens-y bien réelle.
Encore dispo chez CM, merci bien commandé direct !!!
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