La membre fondatrice, ayant conféré ses lettres de noblesse à son groupe, a souhaité poursuivre son projet à l'aune d'une modeste auto-production, suite à son premier EP, «
Rushing through the Sky », sorti il y a déjà trois ans. Tout droit issu d'Oshawa, le combo canadien nous propulse ainsi sur une galette de trois titres, s'étirant sur à peine moins d'un quart d'heure d'écoute. Aussi, dans l'ombre de
Leah, Lindsay
Schoolcraft (
Cradle Of Filth,
Daedalean Complex, ex-Mary
And The Black Lamb) s'est inspirée des harmonies d'
Evanescence, avec un soupçon de
We Are The Fallen dans le grain de voix, pour nous conduire avec ses musiciens sous les feux de la rampe.
Non seulement mezzo-soprano de talent, mais également parolière et compositrice, la jeune sirène fait glisser ses doigts avec une grande dextérité sur ses claviers, notamment son piano, tout en soignant ses gammes à la harpe. Pour la suivre, elle a fait appel à l'inspiration de l'arrangeur et programmeur Spencer Creaghan, au dynamisme des percussions dispensées par Scott Brindley, au violoncelle virevoltant de Nathen Morrison. S'y est adjoint partiellement le claviériste Tegan Ridge. L'orchestration ainsi obtenue nous convie à un registre metal symphonique atmosphérique à la belle lumière mélodique, à la technicité éprouvée et aux arrangements de qualité. Quant aux textes, ils ont fait l'objet d'un soin particulier et s'intègrent parfaitement au sein d'un luxuriant corps instrumental, oscillant entre un expert toucher et quelques fêlures savamment placées.
Dès l'entame de l'opus, on pénètre dans un univers aseptisé au doux éclairage instrumental, à la façon d'
Unshine. De délicats arpèges au piano nous accueillent alors à l'entrée du titre éponyme de l'album. La piste se cale dans un metal symphonique en mid tempo que chevauchent des riffs veloutés. Concernant les couplets, ceux-ci apparaissent lumineux et les refrains immersifs à souhait, eu égard à une ligne mélodique redoutable d'efficacité. Aussi, de chatoyants accords se font ouïr, notamment lors d'un pont instrumental techniquement difficile à prendre en défaut. Par ailleurs, une reprise vocale tout en finesse nous fait invariablement penser à
We Are The Fallen. Et au morceau de finir comme il a commencé, par un subtil dégradé au gré de jolies séries de notes d'un piano fringant.
Le groupe a également joué la carte du romantisme. Ainsi, «
Solstice Day » nous offre une palette étendue des talents d'instrumentiste de la jeune sirène, aussi bien au piano qu'à la harpe, qu'elle manie avec maestria. Un piano/voix au timbre limpide et suave nous convie à un bain orchestral aux doux remous. Tout l'art repose sur de fines modulations vocales parallèlement à de savants et enveloppants arpèges, magnifiquement mis en exergue par une harpe à fleur de peau. Le chemin mélodique, un tantinet patiné et éthéré, témoigne de quelques légèretés d'un ensemble instrumental se déployant sans l'ombre d'une rythmique. Incitatif à la rêverie, ce titre se révèle nuancé, ouaté, propice au repos. Mais, là n'est pas le point culminant de l'oeuvre.
Mysticisme et brumes célestes sont aussi au programme. En effet, de somptueux arrangements nous éclairent de leur lumière sur le mystérieux et envoûtant «
Frozen ». Cette reprise du titre de Madonna a été transfigurée par des riffs arrogants sur fond de rythmique pop metalisée. En outre, couplets et refrains s'avèrent délicatement mélodieux et suivent une progressivité orchestrale confondante. Un break opportun vient alors soulager un instant la rayonnante instrumentation. Mais, une reprise vocale prend rapidement le relai, elle-même s'immergeant éperdument dans un tourbillon orchestral qui n'a de cesse de s'embraser. Une rythmique syncopée se fraie ensuite sinueusement un chemin avant qu'elle ne décroisse en filigrane. On comprend que nous évoluons dans une mer limpide à la profonde agitation intérieure. Les sept minutes de ce titre lui confèrent définitivement le statut de fresque de l'EP.
On ressort de l'écoute de cette modeste galette avec un doux sentiment de zénitude absolue. Dans ce dessein, le combo s'est indéniablement inspiré de ses illustres sources d'influence mais sans s'y réduire exclusivement. Ainsi, le propos musical s'avère cohérent et servi par une production globale de bonne facture. On n'aura pas omis une attention particulière sur les finitions, ni sur les enchaînements, ces derniers s'effectuant sans encombres. Cela dit, on quitte quand même la table un peu frustré concernant la durée de l'opus. On en attend donc davantage pour nous impacter autant qu'on pourrait le souhaiter.
Cet EP conviendra aux amateurs de metal symphonique et gothique à chant féminin, dans la lignée d'
Evanescence ou de
We Are The Fallen. Une ouverture est également possible pour les fans de metal mélodique et progressif. Plutôt accessible, cette menue rondelle pourra concerner, d'autre part, un public élargi aux horizons pop/rock gothique atmosphérique.
Le combo canadien poursuit donc son périple artistique à l'aune de ce discret mais efficace EP et compte ne pas en rester là. Ses compositions se révèlent suffisamment inspirées et ses textes judicieusement écrits pour continuer l'entreprise dans de bonnes conditions. Du moins, on ne peut que le leur souhaiter...
J'ai trouvé la reprise de Madonna étonnante, accompagné par ses orchestrations lui donnant plus de relief.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire