Quatre années déjà que le quintet italien avait déserté les studios depuis son second et encourageant album full length «
Renascentis ». D'aucuns n'étaient alors pas loin de considérer le groupe trans-alpin voué, comme tant d'autres, à une disparition prématurée. Déjouant tout pronostic, et après un changement de line-up, le voici à nouveau remis en selle, prêt à en découdre. Pour son retour, et contre toute attente, il nous livre un EP 5 titres intitulé «
The Day I Left Apart », une modeste offrande n'excédant guère les 16 minutes. C'est donc à pas de loup qu'il nous revient, mais non sans afficher une dévorante détermination ni apporter de nouvelles sonorités. Aussi, une alternative stylistique à son projet metal gothique originel serait en train de naître. A la lumière du présent manifeste, irait-on jusqu'à y voir un changement de cap en train de s'amorcer pour nos acolytes ? Qu'en est-il désormais de leurs chances de s'imposer parmi leurs homologues sur la si concurrentielle scène metal gothique à chant mixte ?
Cofondé en 2007 par le claviériste et vocaliste Marco Massarenti 'Still' (
Raw Power) et le bassiste Fade, le groupe y adjoint dorénavant dans ses rangs : la soprano Elena Liverani '
Ligeia', le guitariste Richie (
Eternity Stands Still) et le batteur Markus (en remplacement de Ràmoonir Nefed '
Moon' (
Wolfshade)). Pour la mise en valeur de la galette, la formation italienne a sollicité les talents du programmeur Giuseppe Bassi (
Empyrios,
Fear Factory,
Grenouer,
Noveria) et l'empreinte vocale des choristes Oriano Longhi (
Dawn Of Memories) et Lorenzo Dodi. Jouissant, en prime, d'une qualité d'enregistrement aujourd'hui difficile à prendre en défaut et d'une belle profondeur de champ acoustique, le nouveau-né marcherait déjà sur les traces de illustre son aîné. Ce faisant, le collectif évolue désormais dans un registre rock'n'metal mélodico-symphonique gothique aux relents électro et à l'empreinte dark moins marquée que naguère, dans le sillage de
The Gathering,
Amaranthe,
Visions Of Atlantis,
Sirenia, ou encore
Anneke Van Giersbergen.
Quand il évolue sur une cadence soutenue, comme par le passé, le combo parvient le plus souvent à nous retenir plus que de raison. Ce que démontre «
Rising », entraînant up tempo d'obédience rock'n'metal gothico-symphonique, un tantinet électro, à mi-chemin entre
Amaranthe et
Sirenia ; une pénétrante ogive voguant sur d'ondulantes nappes synthétiques et qui ne sera pas sans rappeler le tubesque « Onirica » du précédent effort. Déroulant ses couplets bien customisés relayés par des refrains catchy que n'auraient reniés ni
Delain ni
Diabulus In Musica, ce vibrant méfait se dote parallèlement d'une ligne mélodique d'une confondante fluidité. C'est donc dans un enchanteur paysage de notes qu'évolue un duo mixte en voix de contrastes bien habité. Dans cette mouvance, on éludera malaisément « Total Recall », frondeuse piste pop metal atmosphérique gothique aux riffs effilés, à la jonction entre
The Gathering et
Sirenia. En outre, les cristallines impulsions de la sirène s'apparentant à celles d'
Anneke Van Giersbergen font mouche où qu'elles se meuvent. Et comment ne pas succomber au magnétisme des refrains exhalant du pulsionnel « Your
Eyes and My Fear », véritable hit en puissance dans l'ombre de
Visions Of Atlantis ?
Si parfois le propos se fait plus insaisissable, incitant alors le chaland à une écoute plurielle, le tympan ne sera pas moins aspiré par les vibes insufflées par la formation italienne. Ainsi, au terme de plusieurs passages circonstanciés, le polyrythmique « Trace » pourrait bien finir par s'infiltrer dans un pavillon déjà sensibilisé aux aériennes séries d'accords de
Lacuna Coil et à l'atmosphère oppressante de
Tristania. Pourvu de riffs crochetés, laissant glisser à l'envi une basse vrombissante et octroyant de grisantes montées en puissance du corps orchestral, le vénéneux manifeste se pare, lui aussi, d'un refrain immersif à souhait mis en exergue par les deux vocalistes. Dans cette dynamique, le puissant, énigmatique et ''sirénien'' « Dried
Blood » nous assène sa basse claquante parallèlement à un tapping martelant. Tout comme « An Icy Embrace », le brûlot joue volontiers sur les effets de contrastes atmosphériques, rythmiques et vocaux pour tenter de l'emporter, de sombres couplets se voyant alors relayés par d'aériens refrains. Là encore, les célestes volutes de la belle font écho aux growls ombrageux de son comparse. Et, à nouveau, la magie opère...
Aussi, effeuille-t-on une œuvre certes dans un mouchoir de poche mais à l'indéfectible pugnacité et affichant un charisme mélodique auquel le combo italien nous avait déjà accoutumés à l'instar du précédent opus. Bien moins diversifié que son aîné sur les plans atmosphérique et rythmique, moins varié quant à ses exercices de style, le message musical n'en demeure pas moins à la fois headbangant, émouvant, un brin énigmatique, et témoignant également d'une ingénierie du son tout aussi immaculée. Par ailleurs, s'observe une réelle prise de risque quant aux nouvelles sonorités dispensées et un panachage de styles encore inédit, parfaitement assumé et, somme toute, de bon aloi. S'il s'agit-là davantage d'une ouverture du champ des possibles que d'un réel changement de cap, de substantielles in
Novations et de réels progrès seraient toutefois à mettre à l'actif du collectif trans-alpin ; de louables qualités dont se nourrit aujourd'hui le projet, susceptibles de placer désormais nos acolytes parmi les sérieux espoirs du metal gothique à chant mixte. Affaire à suivre...
Note : 14,5/20
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