Pas moins de six années de silence radio envolées depuis un encourageant et opulent «
Dream of the
Faith », son introductif album full length, et voici l'expérimenté combo néerlandais originaire de Oude-Tonge à nouveau revenu dans les rangs, plus déterminé que jamais à en découdre. Et ce, muni de son second opus de longue durée « The
Dark of Men » ; auto-production généreuse de ses 57 minutes où s'égrainent 13 pistes de nature rock'n'metal mélodico-symphonique classique et cinématique, un brin folk, à la fois frondeuses, invitantes et romantiques, à nouveau influencées par
Nightwish,
Within Temptation,
Xandria,
Delain et consorts. A l'aune de cette seconde proposition, quelque 11 années suite à leur sortie de terre, nos valeureux gladiateurs seraient-ils dorénavant en mesure de jouer les trouble-fête parmi les
Beyond The Black,
Elvellon,
Sleeping Romance et autres
Metalwings ou
Walk In Darkness ?
Après quelques remaniements de son line-up, conformément à l'évolution esthétique et technique de son projet, le collectif batave compte aujourd'hui parmi ses membres : Monique Terhoeve en qualité de frontwoman au chant non lyrique ; Jeroen Terhoeve à la guitare acoustique ; Jeffrey Lankhaar à la lead guitare et aux choeurs ; Thomas Knöps à la basse ; et plus récemment : Bram de Koning aux claviers et John Noordijk, en remplacement de Jasper Grootenboer, à la batterie. Dans un souci de mise en valeur de son corps oratoire, pour l'occasion, ont été sollicités huit choristes et Joffrie Koningswoud en qualité de récitant. Mastérisé par Erwin Maas, produit, enregistré et mixé par Thomas Knöps, lui-même assisté de Jeffrey Lankhaar, Yrjo in 't
Veld, Borgør Berkenbosch, et du choriste Martijn Hoek, l'opus jouit d'une belle profondeur de champ acoustique sans accuser l'ombre d'une sonorité résiduelle. Il semblerait que la troupe soit entrée dans une tout autre dimension...
Le bal s'ouvre sur un bref mais frissonnant semi-instrumental symphonico-cinématique aux arrangements nightwishiens. Ainsi, voguant sur un soyeux tapis synthétique, faisant claquer ses tambours à une cadence métronomique, surmonté de choeurs aux abois et d'un récitatif en profonde voix de gorge, «
The Four Horsemen » ouvre peu à peu ses ailes, nous faisant pressentir un spectacle d'envergure et aux multiples rebondissements...
Comme il nous y avait déjà sensibilisé, et notamment à la lumière de ses passages les plus enfiévrés, le combo néerlandais aurait cette faculté de concocter ces séries d'accords aptes à nous retenir plus que de raison. Ce qu'attestent le ''delainien'' mid/up tempo « Black Mirror » et le pimpant «
Waste Away » ; véritables hits en puissance tous deux calés sur un épais riffing adossé à une sanguine rythmique, et délivrant un refrain catchy mis en exergue par les suaves inflexions de la sirène, elles-mêmes renforcées par des choeurs en tapinois. Dans cette veine, on retiendra encore le ''xandrien'' « Deep,
Dark Dreams », entraînant effort aux couplets d'une efficacité redoutable, glissant sur une sente mélodique certes convenue mais éminemment prégnante et doté d'un laconique mais grisant solo de guitare. Et comment ne pas se sentir happé par les vibes enchanteresses du ''nightwishien'' « Army of One » ? Encensé par les fluides et pénétrantes impulsions de la déesse, arc-bouté sur un infiltrant cheminement d'harmoniques et recelant de rutilantes rampes synthétiques, ce tubesque up tempo aura bien peu de chances de rater sa cible...
Lorsque le convoi orchestral ralentit un tantinet la cadence, nos acolytes trouvent là encore quelques clés pour nous rallier à leur cause. Ainsi, à mi-chemin entre
Within Temptation et
Xandria, le mid tempo aux relents orientalisants «
Dark Hero » décoche ses riffs ondulants et sa basse claquante, au fil de pénétrantes séries d'accords et des graciles patines de la belle. D'une diabolique efficacité, le troublant filet mélodique de la féline offrande a pour corollaire un potentiel technique judicieusement exploité. Dans cette veine, on ne saurait éluder «
Extinction », invitant et violoneux propos aux caressants refrains, mis en relief par le corps oratoire au grand complet.
Plus complexe et énigmatique, le mid tempo syncopé « They Are Coming for You », quant à lui, réserve d'insoupçonnées variations atmosphériques mais aussi d'incompressibles linéarités mélodiques.
Quand le propos se fait plus tendre, l'émotion requise ne tardera pas à étreindre l'aficionado du genre intimiste. Tout d'abord, sous couvert d'un fin picking à la guitare acoustique, de délicats arpèges au piano et d'un virevoltant et mélancolique violon samplé, pourvue en prime d'une ligne mélodique d'une confondante fluidité, « A
Cold Heart » se pose telle une ballade romantique jusqu'au bout des ongles, que n'auraient reniée ni
Within Temptation ni
Delain. Mis en habits de soie par un corps oratoire à l'unisson, la muraille de choeurs se conjuguant habilement aux cristallines volutes de la maîtresse de cérémonie, l'instant privilégié ne se quittera qu'avec l'indicible espoir de plonger à nouveau dans cet océan de félicité. D'autre part, glissant le long de couplets ouatés relayés chacun d'un refrain immersif à souhait, se chargeant en émotion au fil de notre traversée, la ''nightwishienne'' power ballade progressive « My Last Regret » fera assurément plier l'échine à plus d'une âme rétive. Sans omettre «
Ruins of the
Earth » ni «
Hope », mélancoliques ballades atmosphériques voguant sur d'enveloppantes nappes synthétiques et enjolivées par les sensibles modulations de la princesse, toutes deux propices au total enivrement de nos sens...
Mais c'est à nouveau à l'aune de sa fresque symphonico-progressive que le collectif nous révèle toute l'étendue de son talent. Ainsi, les 10 minutes de l'altier et luxuriant «
Fall of the
Phoenix » nous immergent au sein d'une pièce en actes à la fois épique et cinématique, aux arrangements instrumentaux de fort bonne facture, et où les péripéties sont loin de manquer à l'appel. Dans ce champ de turbulences, se meut une chorale qui peu ou prou s'épaissit, corroborant alors les magnétiques envolées de la douce. Se doublant d'une touche orientalisante et jouant à plein sur les effets de contraste rythmique, ce corpulent effort estampé
Nightwish (première période) multiplie les coups de théâtre, avec, pour conséquence, de nous assigner à résidence. Bref, une plage d'envergure et des plus hypnotiques, à la technicité éprouvée mais savamment dosée et positionnée, aux enchaînements ultra sécurisés, témoignant de la féconde inspiration compositionnelle de ses auteurs, renforçant l'agréable sentiment d'être aux prises avec le joyau de la rondelle.
A l'instar de son aîné, ce second mouvement se fait le plus souvent impulsif et accrocheur, parfois empreint de mystère et d'une sensibilité à fleur de peau. Doté d'une ingénierie du son rutilante et chaque espace sonore étant savamment exploité, le méfait se suit de bout en bout sans encombres. Varié sur les plans rythmique et atmosphérique, l'opus s'est enrichi d'une couverture oratoire bien plus dense que naguère, offrant alors une mise en valeur optimale de chacune de ses pistes. Aussi, arrivé au terme de notre voyage est-on gagné par l'irrépressible envie de remettre le couvert, histoire de goûter à nouveau à cette ronde de saveurs exquises.
Cependant, si nos gladiateurs ont désormais apposé leur sceau sur nombre de portées de leur set de partitions, l'empreinte de leurs sources d'influence ne saurait se faire oublier. A nouveau, rares sont les prises de risques, et la pointe d'originalité, pourtant requise par un auditorat déjà sensibilisé aux travaux de leurs maîtres inspirateurs, peine à se faire sentir, le propos s'avérant dès lors éminemment classique. Mais disposant d'un arsenal logistique, technique, mélodique et vocal aujourd'hui difficile à prendre en défaut, le combo néerlandais aurait désormais les atouts pour se hisser parmi dans les valeurs montantes de ce si concurrentiel registre metal. Décollage amorcé pour de célestes contrées, du moins, on ne peut que le leur souhaiter...
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