Un quinquennat, c'est parfois très long. Cinq années après leur second album, au caractère plus subtil que le puissant et initial
The Golden Bough, voilà enfin le troisième album des Allemands en bacs. Le groupe de heavymetal épique, au sens traditionnel du terme, a contribué à l'essor de ce genre au début de la décennie, aux côtés de
Doomsword,
Visigoth et autres groupes à la notoriété retrouvée (
Cirith Ungol,
Manilla Road,
Omen...) au gré de rééditions discographiques de leur back catalogue, mais aussi de petits jeunes (
Eternal Champion, Gatekeeper, Traveler,
Warrior Path,
Wrathblade...) qui ont su puiser leur inspiration dans le terreau des fameuses années 80, quand
Manowar tuait.
Pochette somptueuse, comme à son habitude, packaging très soigné, Van Records a fait les choses bien, la forme étant aussi riche que le fond chez
Atlantean Kodex. Notons une calligraphie pas très lisible des lyrics nécessitant une attention particulière pour le lecteur qui sera intéressé par l'histoire, toujours aussi foisonnante, au gré des 10 titres, dont 6 de plus de 6 minutes, pour un album qui dépasse l'heure allègrement. Avant d'attaquer le contenu, on sait déjà qu'
Atlantean Kodex ne se fout pas de ses fans. Mention à la version vinyle bien sûr, digne des albums antérieurs, avec livret de 16 pages en papier dur et superbes illustrations
Pas une seule photo du groupe, celui-ci préférant s'effacer derrière son oeuvre.
D'ores et déjà, et sans détailler chaque morceau, une chose est revenue assez sensiblement sur
The Course of Empire, qui pouvait ça et là manquer sur l'album précédent, c'est la puissance des riffs. Plombés, développant une sentiment de puissance guerrière (le début du somptueux "
Chariots", à écouter l'épée à la main ou "A Secret Byzantium" épiques à souhait), souvent alternés avec des passages plus atmosphériques/aériens, à l'instar de passages harmonisés plus marquants. C'est marquant dès "People Of The
Moon", et durera tout l'album sans sacrifier à la subtilité plus perceptible sur The White Godess. Notons un gros travail sur les refrains. Ceux-ci, mieux mis en valeur, apportent une richesse harmonique accrue. Le chanteur Markus Becker a de fait énormément progressé ("He Who Walks Behind the Years", poignante pièce qui mélange les ambiances avec bonheur), ce qui pouvait s'avérer être précédemment un point d'achoppement pour les personnes pas encore convaincues par le talent du groupe. Notons parallèlement quelques passages et titres acoustiques de transition comme "The Inner Most Light" ou le liturgique "
Spell Of The Western Sea" entre deux pavés de pur heavy, pas si éloigné du
Manowar de
Hail to England rehaussé avec une légère (si on peut dire) sauce doom.
The Course of Empire développe ses riffs, ses ambiances, prends soin de garder l'équilibre entre lyrisme subtil et passages majestueux lourdissimes présents sur la quasi-totalité du disque. Reconnaissons d'ailleurs au groupe une personnalité immédiatement reconnaissable, avec un son identifiable dès les premiers sons, et un style, certes vu et revu, mais ici magnifié au point de s'imposer en groupe majeur du genre, toutes époques confondues. Tous les morceaux supérieurs à 6 minutes, 6 titres donc, sont à minima très bons, sinon mémorables (sortons du lot la doublette "
Chariots"/"A Secret Byzantium" exceptionnelle de puissance lyrique). Basé sur des structures assez similaires parfois, ils sont rehaussés de chœurs épiques ça et là (le titre "
The Course of Empire", et ses hohohoohooooo à la Maiden avant le pont acoustique scindant le titre en deux parties) et de soli plutôt bien ficelés (écoutez ceux de "
Lion of Chaldea" ou "
Chariots" pour être convaincus). Alors, on pourra retrouver un certain immobilisme dans le son ou le genre, mais les idées sont bien là dans un rendu imposant magnifié par une interprétation sans faille.
A ce titre,
The Course of Empire représente l'équilibre entre les deux disques précédents, magnifié par une puissance dévastatrice retrouvée, et en ayant progressé tant au niveau du chant que de l'alternance des ambiances. Du heavy épique dans toute sa majesté. Doté d'un séquencement intelligent, avec alternance morceaux courts/longs, l'album file assez vite compte tenu de sa longueur.
The Course of Empire est un album riche, puissant, poignant, épique et impeccablement agencé. Et si
Manowar a semble t-il jeté l'éponge de l'inspiration, c'est avec classe et majesté que
Atlantean Kodex leur envoie le bonjour de Germanie le glaive à la main. Top album.
Hahaha merci pour la chronique Jerome
Le seul petit reproche que je fais à ce skeud c'est un peu trop d'emphase qui me ramène au côté que j'aime le moins chez Manowar (too much pour résumer). Après il existe un bel équilibre quand même, avec les compensation par ces rythmiques plombées comme un orage ou une armée partant en guerre.
C'est pas la claquade de The Golden Bought mais ça fait bien le boulot.
Et oui... Top, je partage totalement, Atlantean Kodex surclasse le genre avec ce troisieme album. Intéressant ta comparaison avec Manowar mais trop restrictive vu le spectre du groupe (doom, prog, heavy, lyrique...)
on compare a du manowar. perso sur "the white goddess" j'ai entendu les premiers "fates warning" et le premier "dream theater" , SA
sans le cote technique , mais avec le cote épique
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