The Compass Rose

ajouter les paroles de l'album
ajouter une chronique/commentaire
Ajouter un fichier audio
18/20
Nom du groupe Opus Doria
Nom de l'album The Compass Rose
Type Album
Date de parution Octobre 2016
Style MusicalMetal Symphonique
Membres possèdant cet album6

Tracklist

1. A Road to Infinity 01:51
2. Enigma 04:03
3. Dancing Sun 03:57
4. Fire Horses 05:56
5. Stars Reflections on the Waves 04:52
6. Frozen Flame 06:08
7. Ghost Odyssey 05:11
8. Scheol 07:48
9. Ethereal Texture 05:51
10. Heavenly Crossroads 04:56
11. Tierra de Sangre 05:44
12. The Mask We Left Behind 06:01
13. The Compass Rose 07:30
Total playing time 1:09:48

Acheter cet album

 buy  buy  buy  buy  buy  buy  buy
Spirit of Metal est soutenu par ses lecteurs. Quand vous achetez via nos liens commerciaux, le site peut gagner une commission

Opus Doria


Chronique @ ericb4

04 Décembre 2016

Un troublant et flamboyant album de la démesure...

Après des débuts prometteurs à l'aune de leurs deux premiers albums (« Infraworld » (2011) ; « A Day on Earth » (2014)), 7 ans suite à la création du combo, l'aventure continue pour les Dacquois d'Opus Doria. Inspiré par les vibes de formations majeures (Nightwish, Xandria, Epica, Amberian Dawn...), auxquelles se conjuguent de manière originale et en parfaite osmose quelques influences de compositeurs classiques (Beethoven, Wagner, Debussy...) et de musiques de films (John Williams), l'expérimenté sextet metal symphonique à chant féminin revient dans les rangs tambour battant. Et ce, à l'instar d'un travail minutieux et de longue haleine en studio, le collectif aquitain ayant, une fois de plus, soigné la logistique de la galette (dont un mix parfaitement ajusté, signé Xavier Collard (Notilus Studio)) et peaufiné ses arrangements, afin de nous octroyer un énergisant et émouvant message musical, au potentiel technique avéré et artistiquement abouti. S'il apparaît difficile de supplanter un rayonnant « A Day on Earth », opus lui ayant autorisé l'accès au rang de valeur montante d'un registre metal au demeurant fort concurrentiel, le groupe a poussé plus loin les frontières du possible, bousculé les codes, souhaitant conférer à cette nouvelle offrande une aura singulière et quelques espaces d'expression encore inexplorés.

C'est à un voyage au long cours auquel nous convient, cette fois, nos six acolytes, à la lumière des 13 pistes successivement égrainées et sereinement enchaînées sur un ruban auditif de près de 70 minutes. Pléthorique auto-production que l'on doit tant à l'habileté compositionnelle et à la délicate plume de la claviériste et choriste Laura Nicogossian (Silent Opera) qu'aux talents coordonnés de l'émérite frontwoman Christel Lindstat, du guitariste Roman Rouzine, de la violoncelliste et choriste Flavie Nicogossian, du bassiste et choriste Yannick Hubert et du batteur, percussionniste et choriste Benoît Brune. Pour enrichir encore son empreinte orchestrale et opter pour une mise en valeur optimale de ses gammes et de ses arpèges, la sarabande a pu compter sur le concours circonstancié de musiciens aguerris tels que le trompettiste Richard Desperes, la guitariste (acoustique) Christine Lanusse, le hautboïste et pluri-instrumentiste à vent Pascal Jean, la violoniste Delphine Labandibar et Gurvan Guillaumin (cornemuse irlandaise, flûte, choeurs). C'est dire que le combo français a mis les petits plats dans les grands pour nous octroyer un spectacle qu'on subodore de grande ampleur, sous-tendu par une stupéfiante qualité d'enregistrement et témoignant d'une profondeur de champ acoustique susceptible d'éveiller d'authentiques plaisirs. Mais entrons sans plus attendre dans le vaisseau amiral...

De manière aussi originale qu'inattendue, et avec brio, le groupe a souvent orienté son propos vers des espaces d'expression quasi exclusivement instrumentaux. Ainsi, tel un début de générique d'une grande production cinématographique, l'énigmatique, orientalisante et laconique entame instrumentale « A Road to Infinity » laisse éclater la fougue d'une rutilante et pénétrante trompette par-delà d'ondulantes et classieuses nappes synthétiques. Le décor est d'ores et déjà planté...

En effet, contrairement à nombre de ses homologues stylistiques, nos acolytes ont misé sur bien d'autres passages instrumentaux pour donner corps et sens à leur message musical. Aussi, tout en profondeur, le maître instrument à touches nous intime de le suivre sur l'altier et orientalisant « Fire Horses », épique fresque instrumentale harmonisant l'ambiance d'un « The Divine Conspiracy » d'Epica et les arrangements d'un « Angels Fall First » de Nightwish. Ce faisant, sous-tendu par de subtiles et sulfureuses vocalises féminines en background, le corps instrumental se plait à onduler tout en nous faisant traverser un désert immaculé écrasé sous un soleil de plomb. C'est dire que le dépaysement atmosphérique est total, tout comme la charge émotionnelle que véhicule ce mystérieux et magnétique sirocco. Au son d'une virevoltante cornemuse, l'ample et saillant instrumental « Ghost Odyssey », quant à lui, évolue sereinement, s'inscrivant comme une flamboyante pièce classique à l'empreinte folk à effeuiller, foisonnant d'insoupçonnées variations au fil d'une sente mélodique invitatoire à la captation de nos sens, non sans rappeler quelques passages folk inhérents à « King of Kings » de Leaves' Eyes. Pour sa part, grâce mélodique et élégance formelle impulsent « Stars Reflections on the Waves », soyeux et confondant instrumental d'obédience classique. Ce bain orchestral aux doux remous se pose comme un féérique moment intimiste nous faisant flirter avec moult chimères d'un hypnotique monde onirique.

Par ailleurs, plus classiquement, le propos se cristallise autour de nombreuses déambulations oralisées au cœur de fringants et tonitruents moments estampés metal symphonique. Ainsi, quelques arpèges au piano s'entremêlent harmonieusement à une section rythmique enjouée, surmontée d'une basse claquante, sur les premières mesures du vitaminé « Enigma », grisant titre metal symphonique à la patte folk. Soudain, le son d'une gracile flûte interpelle, interrompant un court instant un convoi orchestral qui, progressivement, à la façon de Xandria (dernière mouture), avec un zeste folk de Lyriel, prend l'ascendant, corrélativement aux rayonnantes pérégrinations lyriques d'une mezzo-alto bien inspirée. D'autre part, la tempétueuse et roborative pièce symphonique, « Frozen Flame » est à la croisée des chemins entre l'assise harmonique de Dark Sarah et les frasques orientalisantes d'Epica, avec une touche de Nightwish (première période) eu égard aux variations dispensées. Sur ce titre polyrythmique où vrombit une basse frelatée, les graduelles montées en puissance de la maîtresse de cérémonie impressionnent, s'autorisant, sans jamais baisser la garde d'un iota, à atteindre de rares notes haut perchées. Aussi, happés par cette déferlante, l'émotion ne tarde pas à embuer nos yeux et à perler sur nos joues.

Lorsqu'il ralentit le rythme de ses frappes, le combo nous fait voguer sur une mer limpide à la profonde agitation intérieure. Dans cette mouvance, de fines gammes au clavecin attirent irrépressiblement le tympan sur les premières notes de « Dancing Sun », saisissant mid tempo metal opéra combinant de sculpturales harmoniques à des portées d'inspiration classique, à la fois complexes et efficaces. Dans cet envoûtant ballet aux airs d'un Epica des premiers émois, les chatoyantes impulsions vocales de la déesse suivent un cheminement mélodique d'une précision d'orfèvre et immersif à souhait. Et ici, comme ailleurs, la sauce prend.

On ne pourra guère passer outre les instants propices à l'apaisement de nos âmes, à l'aune de leurs mots bleus finement accouchés et élégamment restitués. Dans ce sillage, une ambiance tamisée et mordorée charme le tympan sur la sensible ballade d'inspiration folk « Ethereal Texture ». Une empreinte vocale proche de celle de Tarja posée sur une succession de portées d'une écriture rigoureuse conjuguée à un ensemble instrumental regorgeant d'oscillations et s'agrégeant opportunément achève de nous convaincre de ne pas quitter d'une seule seconde cette plage enchanteresse. Plus encore, le nightwishien « Heavenly Crossroads » pose sa lumière feutrée sur d'enveloppantes nappes synthétiques au fil des voluptueuses déambulations d'une interprète au faîte de son art. D'une sensibilité à fleur de peau, cette tendre ballade aux airs d'un slow qui emballe, d'un battement de cils, laissera transpirer une incontrôlable émotion. Aussi, opposer une quelconque résistance à cet océan de félicité serait une tentative prestement avortée. Dans cette énergie, un mélancolique violoncelle/piano entame « The Mask We Left Behind », somptueuse ballade, elle aussi nightwishienne, insérée dans un inaliénable écrin mélodique. Susceptible de nous toucher dans notre for intérieur sans avoir à forcer le trait, on comprend que l'émotion souvent requise dans cet exercice est au rendez-vous de nos attentes. Comment, en effet, ne pas succomber aux confondantes envolées lyriques et à la parfaite tenue de note de la diva ?

Mais, le spectacle est loin d'être terminé. Ce serait omettre la profusion d'effets de contrastes dont s'enorgueillissent trois actes, dont deux d'anthologie. Ainsi, dans une sulfureuse atmosphère hispanisante, le mid/up tempo « Tierra de Sangre » joue sur les contrastes atmosphériques et rythmiques pour nous rallier à sa cause. Il y parvient d'autant plus aisément que les frasques instrumentales d'une maîtrise absolue, avec une large place laissée aux instruments à vent, sont surmontées d'une brûlante et magnétique ligne de chant dont la maîtresse de ces lieux a le secret. On n'aura qu'un seul regret, celui de voir le rideau se refermer sur ce solaire instantané. Que dire alors des deux monumentales esquisses semblant se faire face ?

D'une part, un savoureux et opératique paysage de notes vient caresser le pavillon sur l'imposante fresque « Scheol », celle-ci déployant ses 8 minutes sur un délectable parcours à l'atmosphère semi-intimiste doublé d'une mélodicité nuancée. Espace sonore témoignant d'une rare profondeur de champ acoustique, où les abyssales et hypnotiques patines de la déesse évoluent de concert avec une puissante et rayonnante instrumentation progressive, dans la veine d'un Nightwish à l'époque de « Oceanborn ». Sans oublier un magistral solo de guitare relayé par un chapelet de séries d'accords savamment harmonisées au piano. Un modèle de progressivité pour l'une des perles de l'opus. D'autre part, de multiples et subtiles gammes au piano escortent le gargantuesque, tumultueux, gracieux et hispanisant titre éponyme « The Compass Rose » qui, le long de ses 07:30, n'aura de cesse de nous bousculer pour mieux nous retenir. Un tourbillon de saveurs exquises inonde alors l'asphalte de cette piste et, ce faisant, happera sans mal le pavillon des infiltrants, les poussant jusque dans leurs ultimes retranchements, à la manière d'Amberian Dawn (première période). Pour compléter un tableau déjà richement orné, les célestes et radieuses volutes de la diva atteindront leur cible, celle de nos émotions les plus profondément enfouies. Preuve que l'enivrement de nos sens ne pourra que malaisément être esquivé sur cette dantesque offrande. En somme, un moment de pure jouissance auditive.

Arrivé au terme de ce périple, force est de constater qu'en dépit de la longueur de l'opus l'écoute s'effectue d'un seul tenant, sans ombres au tableau, avec même l'indicible désir d'y revenir pour goûter à nouveau à cette mémorable ronde de saveurs. Ayant beaucoup appris et bien digéré leurs sources d'influence, nos six compères ont posé les jalons de ce qui s'apparenterait à une œuvre plus personnelle, plurielle, d'excellente facture logistique et technique et faisant montre d'une épaisseur artistique transpirant de chaque pore de ce sculptural et troisième méfait. Aussi, selon votre humble serviteur, cet album de la démesure serait à classer parmi les œuvres majeures des valeurs montantes auxquelles serait affilié le sextet. Ce qui revient à l'appréhender dans une logique de confirmation d'un potentiel déjà pressenti à l'aune de « A Day on Earth », avec un supplément d'âme en prime. C'est dire qu'un auditoire déjà sensibilisé aux travaux de leurs modèles identificatoires pourra à son tour adhérer à ce projet d'envergure, ce dernier alliant inspiration féconde, originalité, puissance, heureuse fusion des genres et optimale cohésion groupale. On l'aura compris, à l'aune de cette fraiche livraison, le combo signe une oeuvre forte et novatrice.

0 Commentaire

1 J'aime

Partager
    Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire

Autres productions de Opus Doria