A Day on Earth

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16/20
Nom du groupe Opus Doria
Nom de l'album A Day on Earth
Type Album
Date de parution 01 Mai 2014
Style MusicalMetal Symphonique
Membres possèdant cet album6

Tracklist

1. Prologue 05:09
2. The Mission 03:38
3. Crystal Ocean of Tears 06:14
4. Lost Children in the World 05:45
5. Epic Race 05:42
6. Wind Whispers 04:41
7. Requiem for a Wise Man 08:42
Total playing time 39:51

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Opus Doria


Chronique @ ericb4

19 Juillet 2016

A l'instar de cet émouvant et spectaculaire méfait, le combo marche déjà sur les traces des plus grands...

Groupe metal symphonique français originaire de Dax (Aquitaine), créé en 2009, Opus Doria livre, dès ses débuts, un subtil patchwork alliant la grandiloquence et l'empreinte lyrique du classique, le mordant et la ferveur d'un heavy ou d'un power metal bien enlevé et éminemment mélodieux, avec, en substance, une imposante assise orchestrale propre aux génériques de productions hollywoodiennes. Ainsi, s'y trouvent mêlées des influences relevant aussi bien des univers metal de Nightwish, Amberian Dawn ou Xandria que de certaines sources propres au classique, à l'image de Beethoven, Wagner ou Debussy ou encore d'illustres compositeurs de musiques de films comme John Williams. Pour délivrer son message musical, le sextet à chant féminin s'est laissé le temps nécessaire au peaufinage de ses compositions, alliant rigueur du jeu d'écriture des portées et des textes, oscillant entre réflexion philosophique et monde onirique, et richesse formelle des harmonies. En effet, après un long process technique et logistique, son premier effort longue durée, « Infraworld », ne sort qu'en 2011, celui-ci précédant ce présent méfait, lui aussi auto-produit et réalisé seulement trois ans plus tard. Le temps de nous concocter ce qui pourrait s'apparenter, cette fois, à un coup de maître...

Suite à quelques changements de line up et de significatives expériences de la scène metal locale, le combo décide d'affiner encore le trait pour nous octroyer une galette à la qualité d'enregistrement de bonne facture alliée à un mixage équilibrant parfaitement les lignes vocales et instrumentales entre elles. Parties laissées aux soins de Xavier Collard (Notilus Studio). A cette fin s'ajoutent un souci accolé aux finitions et des enchaînements inter et intra pistes bien maîtrisés sur l'ensemble des 7 pistes successivement égrainées sur un ruban auditif de près de 40 minutes. Judicieusement composé et finement écrit par la claviériste et choriste Laura Nicogossian (Silent Opera), ce second opus est le résultat d'une heureuse combinaison instrumentale dont ont participé la violoncelliste et choriste Flavie Nicogossian et le bassiste Yannick Hubert, en tant que membres originels du collectif aquitain. S'y sont adjoints, en l'occurrence, le guitariste Bruno Rodrigues, le batteur et choriste Benoît Brune, succédant à Jon Erviti (Silent Opera), et la contralto Christel Lindstat, en remplacement de Maela Vergnes. En qualité d'invités, y ont aussi été sollicités : Julien Cloup (flute); Pascal Jean (hautbois). A l'aune de cette collaboration artistique, on pressent que le collectif a mis les petits plats dans les grands.

On entre ainsi dans un vaste champ de contrastes atmosphériques et rythmiques que nos acolytes ont élevé au rang d'un art, à commencer par l'artwork de la jaquette, faisant montre d'une terre de désolation aux couleurs ocres incise dans une brumeuse et sombre ambiance. Le cavalier mystérieux vu de dos éperonnant fièrement son immaculée monture renforce cette impression d'assimilation des franches dissemblances. On subodore que le contenu de cette offrande sera à l'image de cette première mise en scène. Aussi, entrons donc dans le vaisseau amiral pour tenter d'en déceler ses arcanes et d'y percevoir en quoi ce propos aurait les armes efficaces pour interpeler un auditorat déjà sensibilisé aux vibes des sources d'influence de la troupe.

Là où le groupe se démarque déjà d'une concurrence de la part de ses compatriotes, à l'image de Wildpath, Adrana ou Evolvent, c'est le large espace laissé aux plages instrumentales pour distiller sa proposition. Classiquement dans ce registre, le combo nous fait entrer dans la danse par le déploiement d'un instrumental d'inspiration symphonique, mais plus substantiel que ne l'ont fait la plupart de ses homologues stylistiques. Sur plus de 5 minutes, tour à tour, on navigue dans un vaste champ d'émotions, on frissonne, on rêve, on réfléchit, et l'on est happé par la magie de l'instant posé in fine. Ainsi, un dense et enveloppant parterre orchestral d'inspiration classique nous accueille sur « Prologue », non sans rappeler Epica dans la logique d'agrégation et de succession des instruments. Un violoncelle enjoué et virevoltant s'inscrit dans cette trame aux effets bien amenés, comme si l'on s'apprêtait à être porté par la puissance d'un générique de musique de film. La chatoyante présence du hautbois vient renforcer cette impression d'infinitude des espaces vierges à fouler, à laquelle s'adjoint un souple toucher au clavecin. Ce dernier nous invite à parcourir de somptueux arpèges, nous faisant entendre que les claviers sont mis à l'honneur dans cette entame, d'ailleurs, prestement relayée, par contraste rythmique, à son voisin de bobine, par un bluffant fondu enchaîné. Par ailleurs, d'aériennes nappes synthétiques scintillent corrélativement au déploiement de gammes expertes au piano et à un violoncelle velléitaire et bien inspiré sur « Epic Race », nous plongeant, de fait, dans une tourmente instrumentale à la fois charismatique, joviale, voire quasi festive, propre à l'éveil de nos sens. Lorsqu'une ondulante flute entre en scène, infiltrée dans un schéma rythmique incandescent corroboré à un riffing frelaté, le spectacle est total. On nage alors dans l'ombre d'un John Williams, les images de scènes de vie d'une grande production pouvant aisément défiler en nous, les yeux clos. Ce faisant, des changements de rythme et d'atmosphère, pour le moins inattendus, confèrent au message musical un univers de contrastes, amplifié par des choeurs effilés venant rompre le cours d'un fleuve que l'on croyait cadencé par de doux remous.

Mais nos acolytes ont dans leur besace d'autres efforts à nous offrir, dont certains ne manqueront pas de provoquer un headbang à peine contenu. Ainsi, le véloce « The Mission », à la manière d'Amberian Dawn, nous embarque dans un univers flamboyant où roulent des riffs en cascade étreignant une rythmique saillante. Ainsi, des couplets bien ciselés se déversent allègrement dans nos tympans, alternant avec des refrains immersifs à souhait, mis en habits de lumière par les chaudes et profondes envolées lyriques de la belle. Un joli solo de guitare vient à point nommé sur un petit pont, avant que le convoi instrumental ne reprenne sa folle embardée, pour finir crescendo. Un moment épicurien qui ne manque ni de caractère, ni de panache et encore moins de charge émotionnelle, que nos compères savent communiquer au point de provoquer la petite larme que l'on cherche parfois sans oser se l'avouer. Chapeau bas. Dans cette veine atmosphérique, de nombreuses variations de tonalité sont inscrites dans les gênes power symphoniques de « Lost Children in the World », gemme aux arrangements dignes d'un Nightwish de la première heure. Un riffing acerbe côtoie des rampes de claviers des plus invitatoires à l'adhésion. L'incursion d'une flute à la fois câlinante, enchanteresse et échevelée, non sans rappeler Jethro Tull, octroie une touche folk de bon aloi à une plage à l'atmosphère rayonnante de bout en bout. La juxtaposition d'une ravissante ligne vocale au champ orchestral, tout à fait en phase avec son objet, rend le lumineux instant particulièrement féérique, et donc, difficile à prendre en défaut.

A d'autres moments, le manifeste s'oriente vers des horizons plus heavy symphonique, avec, une fois de plus, de belles réussites à la clé. Ainsi, un chariot de feu nous embarque à l'instar de « Crystal Ocean of Tears », au fil de riffs crochetés alliés à une rythmique sémillante et témoignant d'une confondante maîtrise de ses frasques, non sans rappeler Adrana. La finesse du tracé mélodique a pour corollaire des harmoniques d'une précision chirurgicale, l'ensemble étant enjolivé par le gracile et chatoyant filet oratoire de l'inspirée déesse. On est donc aux prises avec un saisissant passage metal symphonique où s'emboitent parfaitement l'énergie générée par un ample et plurirythmique champ percussif, une délicate sculpture tant des accords inscrits dans les couplets que de ceux disséminés dans les refrains, au demeurant naturellement enchaînés. En outre, l'agrégation d'une flute délicate et l'omniprésence des nappes de claviers confèrent à cette piste une saveur particulièrement ragoûtante. Quelques envolées bien senties des corps orchestral et vocal nous font comprendre que le groupe a cette rare aptitude à tutoyer les étoiles sans avoir à forcer le trait, à l'image d'un Amberian Dawn ou d'un Nightwish, premières moutures, c'est dire. Plus encore, un nuage synthétique s'élève pour nous mener en totale apesanteur sur l'entame de « Wind Whispers », titre heavy sympho non sans rappeler Xandria, seconde mouture, avec une pointe de Wildpath dans le jeu des harmoniques. Par contraste, la structure rythmique obéit à un cahier des charges bien différencié, propre à retenir le chaland plus que de raison. En effet, on ne tarde pas à être happé par la majesté des couplets, d'une rigueur scripturale sans failles, et faisant montre d'une restitution éblouissante. Quant aux refrains, ils se transformeront prestement en un véritable arsenal de charge émotionnelle, propice au déclenchement d'une petite larme subreptice, si difficile à générer pour beaucoup, y compris parmi les cadors du genre. Ce faisant, on appréciera tant les célestes modulations que les amples impulsions du corps oratoire de la sirène qui, avec de faux-airs de Tarja, ne rate pas sa cible. Face à cette déferlante, toute tentative de résistance serait bien vaine.

Enfin, le combo n'a pas omis de nous offrir quelques instants tamisés, pour frôler la quintessence de ce dont ce registre metal peut se nourrir. Ainsi, la fresque « Requiem for a Wise Man » fait glisser ses 9 minutes de mots bleus dans nos pavillons alanguis, avec emphase, authenticité et volupté, commençant le bal par quelques profondes sonorités d'un orgue martial. On observe que le combo n'a pas semblé trembler de flirter avec l'opéra, d'où il puise une partie de ses sources d'influence. L'exercice était risqué, et bien d'autres avant lui s'y sont essayés avec plus ou moins de réussite. Pourtant, à la lumière d'un travail minutieux et d'une exigence absolue en studio, il nous mène à une véritable pièce d'anthologie, au sein de laquelle la qualité d'interprétation s'avère soufflante de brio. Les éléments instrumentaux s'assemblent alors un à un pour former un ensemble évoluant en parfaite harmonie, avec quelques ruptures de rythme en substance, maintenant ainsi une attention constamment en éveil chez l'auditeur. Force est de constater que bien rares sont les ballades de cette nature dans ce registre, celle-ci incluant en prime quelques insoupçonnées et délectables sonorités indiennes, orientalisant avec originalité une piste éminemment classique. De limpides et veloutés arpèges au piano disséminés en filigrane rencontrent par moments une lead guitare au top de sa forme. De son côté, la flute, par ses pas chassés, infiltrant un parterre orchestral richement doté mais sans inopportune ostentation, nous invite à poursuivre avec une totale sérénité notre périple jusqu'à son terme. Comment ne pas y revenir, pour en déceler toutes les subtilités atmosphériques et techniques que contient cette pléthorique offrande ou, tout bonnement, pour se laisser étreindre par cette fondante onde vibratoire...

On ressort de l'écoute de cette roborative galette interpelé par le professionnalisme aiguisé, les qualités avérées de mélodistes et la féconde inspiration compositionnelle affichés par le sextet aquitain. Ils ont beaucoup appris de leurs sources, digéré les différents courants d'influence, pour asseoir une personnalité artistique et technique à part entière. Cette combinaison entre metal, classique et musique de films était osée mais le défi a été relevé de main de maître. Après un premier album déjà probant, le combo signe là une production digne de figurer parmi celles des premières des cadors du genre, à l'image des références sus-citées. Excusez du peu. Pour le moins, cet opus devrait leur ouvrir les portes d'accès au rang de formation montante d'un registre metal, pourtant déjà saturé. Nul doute que cet encourageant effort devrait trouver un débouché favorable auprès d'un auditorat en phase avec le metal symphonique à chant féminin lyrique. Ils pourront alors se sustenter, en attendant le troisième album, celui de la confirmation...


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