Guitariste du groupe de power allemand
Elvenpath, Tim Oberboßel a décidé en
2012 de former un projet de metal opera. Le genre a connu un essor assez important ces dernières années, porté par les
Avantasia ou autres
Ayreon.
Outre la floppée de chanteurs nécessaire à la réalisation de cette oeuvre, Oberboßel recrute Philipp Koch à la batterie et demande à la paire Michael Petrick /
Oliver Rossow (son acolyte chez
Elvenpath) d'assurer quelques soli. Tout ce beau monde signe chez les allemands de
Limb Music, spécialistes de power metal pour livrer en 2013 ce "The Chronicles, Pt 1".
Qui dit metal opera dit forcément concept bien ficelé au niveau des paroles. Lucid
Dreaming base la trame de son premier album sur le cycle fantasy "Les Chroniques de Prydain" de l'écrivain américain Lloyd Alexander, lui même inspiré des récits traditionnels de la mythologie galloise. L'artwork est assez mystérieux, dans des tons sombres plutôt inquiétants, ce qui suscite d'emblée un certain intérêt.
Le moins que l'on puisse dire à l'écoute de ce premier album, c'est que le travail est loin d'avoir été bâclé. Tout dans ce disque reflète le soin et l'attention que les musiciens et interprètes ont apporté à sa réalisation. Les compositions sont toutes longues et élaborées, construites sur des schémas complexes et prenant le temps de créer des ambiances prenantes. Le groupe varie très bien les plaisirs et ce à l'intérieur même de chaque morceau, alternant entre passages furieux et entraînants ("Motherless Child" est sa coloration presque folk), moments instrumentaux apaisants ("To Caer Dathyl"), refrains fédérateurs ou encore ballade poignante ("Side By Side").
Les musiciens maîtrisent parfaitement leur sujet et il est à souligner que le power épique de Lucid
Dreaming se base avant tout sur la structure instrumentale classique (guitare/basse/batterie) délaissant volontairement les claviers. Le groupe revendique en effet un power "traditionnel" loin de la grandiloquence apportée par ces derniers. Le riffing est de qualité, parfois massif et lourd ("
Swords For Prydain"), tantôt plus mélodique ("The Quest For The White
Pig") et l'album regorge de soli complexes et très bien exécutés.
Quant au travail sur les vocaux, c'est surement le principal point fort de l'album. Chaque timbre et coloration de voix s'intègre au mieux à l'ensemble pour un rendu étonnant d'homogénéité. Les échanges vocaux, loin d'être brouillons, se révèlent délectables (la fin du morceau "To Caer Dathyl" faisant un peu penser au "When Demons
Awake" de
Rhapsody) tandis que l'utilisation des voix féminines est très judicieuse, rappelant
Ancient Bards sur des morceaux comme "Side By Side" ou le refrain de "
Swords For Prydain".
Cependant il convient de nuancer le propos. D'une part, Lucid
Dreaming, malgré la sincérité manifeste de sa démarche, n'invente rien de nouveau dans le paysage power. D'autre part l'album, du haut des ses soixante-seize minutes, souffre immanquablement de certaines longueurs. Si l'enchaînement des titres jusqu'à "
Swords For Prydain" se fait sans la moindre lassitude, c'est moins le cas de la deuxième partie d'opus, bien qu'elle comporte elle aussi de bons titres, tels "
Land Of Darkness" (très
Black Majesty dans l'esprit) ou l'excellent "
Farewell" en conclusion.
Voilà donc un premier jet très convaincant pour Lucid
Dreaming. Monter un metal opera, gérer un panel aussi étendu de musiciens et surtout proposer au final une oeuvre de qualité est loin d'être chose aisée. Cependant Tim Oberboßel s'en sort haut la main et nous offre un "The Chronicles Pt 1" qui n'a pas grand chose à envier aux réalisations des ténors du genre. Une belle promesse pour l'avenir.
C'est dommage car les compos sont pas mal, mais voilà, la production est trop mauvaise...
Sinon la production ne me convient pas trop, surtout au niveau de la batterie, ça fait très débutant (genre le premier Edguy, même si j’exagère). Et Tim ne réussit pas à tirer vraiment le meilleur de chaque chanteur, du coup on différencie mal les différentes voix.
Sinon le reste est tout à fait juste, surtout au niveau de la longueur de l'album, où là ça pèche un peu.
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