Dans la catégorie des albums que l’on attendait depuis tellement d’années qu’on ne les espérait plus, The Catalyst Vol.1: Control de
Diablerie a de bonnes chances de finir sur le podium : rappelez-vous, en 2001, un petit groupe finlandais quasiment inconnu sortait
Seraphyde, une bombe incandescente de black électro à la fois efficace, dansant et avant-gardiste qui allait inspirer pas mal de groupes dans les années à venir.
Il faudra ensuite sept ans aux Finlandais pour sortir un rachitique EP de deux titres,
Reactivation, qui ranimait enfin les espoirs quant à la sortie prochaine d’un nouvel album… Que nenni ! Il faudra attendre encore dix ans, entre démos, EP, et morceaux balancés sur Soundcloud pour enfin voir arriver le successeur de
Seraphyde, The Catalyst Vol .1 : Control sorti ce 27 janvier sur
Primitive Reactions.
C’est clair, 16 ans, ça fait quand même pas mal, mais que l’on se rassure, après toutes ces années
Diablerie n’a pas perdu son identité, même s’il propose ici un metal indéniablement plus direct et rentre-dedans que sur le full length de 2001: à titre d’exemple,
Rabid (Dogs of Church and State), sur lequel Mika Luttinen vient pousser la chansonnette, est certainement le titre le plus agressif jamais composé par le groupe, avec ces couplets hystériques composés de gros riffs hachés et d’une batterie technoïde épileptique qui n’hésite pas à partir en blasts histoire de nous assommer encore plus. Le Finlandais hurle à s’en péter les cordes vocales avec ce phrasé et ce débit si caractéristiques qui suintent le nihilisme et la haine, scandant un Fuck You All ! qu’il nous vomit à la gueule sur ces guitares puissantes et robotiques. Puis à 1,30 minutes un break plus calme dévoile une facette plus atmosphérique du combo avec un chant clair haut perché et halluciné qui rappelle
Vortex, et le titre se termine sur la même bourrasque furieuse qui nous avait emportée au début, la voix grave et puissante d’Henri Villberg fusionnant avec celle du frontman d’
Impaled Nazarene.
De la violence, vous en aurez aussi sur
Odium Generis Humani qui démarre sur les chapeaux de roue avec une double dans le rouge et un riffing saccadé à s’en décrocher les cervicales. Puis viennent les parties techno qui apportent une touche plus mélodique et spatiale à l’ensemble, et le titre se ralentit, faisant la part belle à un refrain accrocheur comme
Diablerie sait si bien les composer, nappes gabber hypnotiques sur laquelle la voix bourrue du chanteur se détache, créant une sorte de noirceur mélancolique et dansante.
Si
Diablerie a clairement durci le ton, il n’en oublie pas pour autant de soigner sa musique, en témoigne le court morceau instrumental You Stop You
Die entièrement électronique particulièrement ambiancé et travaillé, nous plongeant dans une ambiance de fin du monde qui prépare idéalement le terrain pour
Grey, au riffing efficace, aux vocaux trafiqués et aux superbes boucles dancefloor portant un refrain entêtant sur lequel pointent quelques voix claires désabusées. A l’instar du très techno Wear My
Crown, le tout est irrésistiblement entraînant mais toujours teinté de cette amertume maladive et cynique qui suinte des 48 minutes de l’album même lors des passages les plus calmes. N’oublions pas I Am The Catalyst, morceau de 9,43 minutes plus introspectif et atmosphérique qui termine l’album en douceur, renouant avec la touche avantgardiste et presque progressive qui avait en partie fait le succès de
Seraphyde, s’ouvrant sur cette longue plage ambiant futuriste et sombre avant de libérer ses mélodies électroniques belles et angoissantes rappelant beaucoup
Oppression.
Moins facile et linéaire que
The Browning, plus violent que
Neurotech, moins dansant que Turmion Kätilöt, moins décadent et sale mais définitivement plus metal que Tamtrum,
Diablerie fait un retour fracassant sur le devant de la scène black électro et séduira sans problème les amateurs de tous les groupes précités. The Catalyst Vol .1 : Control est comme son grand frère une petite bombe à savourer sans modération et si vous aimez le genre, vous pouvez y aller les yeux fermés. En espérant simplement qu’on n’ait pas 16 ans à attendre pour la sortie du volume 2…
Décidémment, 2017 commence TRES bien, entre Diablerie et la dernière tuerie de Bethlehem ...
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