Ov Sulfur est un petit phénomène sur la scène deathcore. Rien ne laissait présager au quintet américain une aussi grande visibilité et reconnaissance en l’espace d’une poignée d’années. Cette popularité, la formation la doit en grande partie à la parution de son premier EP
Oblivion et de son titre éponyme en collaboration avec Tim Lambesis (
As I Lay Dying). Pourtant publié en autoproduction, la disque a immédiatement su conquérir un public de plus en plus exigeant avec un morceau de présentation qui culmine désormais à des centaines de milliers de vues, un exploit plutôt rare pour être souligné. Le collectif a également pu compter sur une autre participation de prestige, celle de Nick Arthur (
Molotov Solution) qui a notamment collaboré avec Darko et
Oceano.
Cette notoriété grandissante, la maison de disques
Century Media l’aura bien flairée et proposera à nos jeunes musiciens une place d’honneur parmi d’autres figures du deathcore telles que
Lorna Shore,
Signs Of The Swarm ou encore
Suicide Silence. Cependant, un tel privilège demande à nos musiciens une exemplarité totale et une maturité étonnante. Pour prouver que sa mise en avant n’est pas le fruit du hasard, nos Américains nous proposent en ce début d’année leur tout premier opus nommé
The Burden Ov Faith. L’artwork, qui est en réalité une photographie, nous emmène dans une atmosphère horrifique et satanique, bien plus proche d’une pochette de black metal que de deathcore mais n’en reste pas moins somptueuse.
Ce caractère terrifiant se retrouve pleinement dans l’univers de notre quintet avec une influence blackened très marquée. Le combo ne se contente pas seulement de cette vision black metal et met aussi en avant des éléments symphoniques et mélodiques qui n’est pas sans rappeler des formations comme
Shadow Of Intent ou
Lorna Shore. Mais à la différence de ses deux acolytes, même si le growl et même les pigs squeals sont de la partie, Ov Sulfur se distingue notamment par son chant clair pour un style qui s’apparente un peu plus au metalcore. En ce sens, le groupe aurait pu se montrer novateur il y a de cela quelques années. Malheureusement, ce dernier suit plutôt un effet de mode qui n’a pour le moment pas vraiment l’air de s’essouffler, un blackened symphonique désormais répandu et finalement assez familier.
Néanmoins, nos artistes américains ont des arguments à faire valoir et un savoir-faire déjà bien aiguisé. Sur le morceau d’ouverture Stained In
Rot, on pourra profiter de quelques séduisantes notes au clavier qui offrent de l’harmonie au sein d’une mélodie malveillante et provocante. Il en est de même avec les sections au chant clair qui permettent de ressentir pleinement l’aspect émouvant et mélancolique de la composition. Le quintet ne nous épargne pas en termes de brutalité avec un breakdown qui n’est certes pas le plus révolutionnaire qui soit mais qui n’en demeure pas moins terriblement efficace et querelleur.
Death Ov Circumstance se démarque par un apport symphonique conséquent caractérisé par des violons. L’aspect mélodique est lui aussi omniprésent aussi bien côté instruments avec un riffing moins acéré, plus éthéré principalement lors des refrains que sur le travail vocal via un équilibre parfait entre chant clair et hurlé. Même sur l’écriture, outre le breakdown en milieu de mélodie, le titre se rapporte plus à du death symphonique qu’à un véritable morceau de deathcore. Pour accentuer la mélodicité, le collectif nous expose un ensorcelant et important solo de guitare, un gain de technicité somme toute bienvenu. Toujours en quête d’émotivité,
Earthen est aussi un poème fort et doit en grande partie sa puissance par un lyrisme déchirant et un chant clair profond, une voix morose et taciturne.
L’album se compose également de nombreux featurings parmi lesquels Alex Terrible (
Slaughter To Prevail), Taylor Barber (Left To
Suffer) ou Howard Jones (Light The
Torch). Malheureusement, sur chaque titre où les vocalistes ont été invités, il n’est pas réellement évident de comprendre leur apport, ni sur quelles lignes ils sont censés intervenir tant leurs palettes vocales ne se démarquent pas vraiment du nuancier principal.
Seul le morceau éponyme fait figure d’exception et notamment par le biais de la chanteuse Lindsay
Schoolcraft (Cradle Of Fifth) qui nous soumet un timbre enchanteur mais qui ne cache pas une vision d’effroi. La composition profitera de même d’une panne finale plus atypique grâce à la dissonance des guitares et de ces bruits de cloche, comme un appel à la fin du monde.
A défaut d’être extravagant,
The Burden Ov Faith est tout de même une première esquisse très encourageante et intéressante de la part de Ov Sulfur. Si le quintet prouve déjà sa grande maîtrise dans un style blackened symphonique, le groupe peut aussi compter sur des sections vocales au chant clair qui permettent d’éprouver toute la mélancolie et la noirceur qui découlent des compositions. On aurait néanmoins mieux apprécié cette galette avec une participation plus prononcée des nombreux vocalistes invités qui semblent plus faire de la figuration et être présents pour la publicité que pour la musique. Les Américains devront aussi se détacher de ses influences parfois trop marquées pour s’accorder un peu plus de liberté et de folie. Il ne reste plus qu'à la formation de rectifier le tir pour son futur opus.
Merci de la chronique. Dommage pour moi car chant clair = no go.
Chronique nickel, effectivement la pochette attire l œil direct, faisant penser à du black. C'est ce qui m a amené à écouter la bête mais il n a pas passé le stade supérieur de l achat lors d une précédente commande. Je sais pas si c'est parce qu il manque quelque chose ou parce qu il se passe trop de choses... sentiment bizarre qui m'a bloqué.
Ça passe mais rien d'innovant, pourtant leur pub et leurs petits extraits sur fb faisait envi
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