Deux ans après la formation du groupe, avec à leur actif deux EP auto-produits, les allemands de
Words Of Farewell ont tapé dans l'oeil du label compatriote AFM Records qui leur a permis de sortir un premier album en
2012. La collaboration s'étant apparemment bien passée, le sextet rhénan rempile pour un deuxième full-length cette année, intitulé "
The Black Wild Yonder". Encore un nom à coucher dehors pour masquer un éventuel manque de talent ?
L'artwork de ce nouvel opus concrétise l'affection du groupe pour la sobriété d'une part (cette jeune fille enchaînée étant le seul élément notable de la pochette), pour les tons grisonnants de l'autre (à l'image des montages embrumées de leur premier essai). Côté longueur, on a de nouveau droit à dix titres mais cette fois-ci pour une durée de près de cinquante-cinq minutes. Un beau programme donc mais que nous réserve-t-il ?
Sur ce nouveau disque on peut déceler deux axes vers lesquels la formation allemande semble orienter sa musique. D'une part,
Words Of Farewell paraît être très en phase avec cette scène moderne qui se développe un peu partout : son clair (mais pas synthétique), riffing saccadé (saupoudré de quelques breakdowns) et une utilisation du clavier en touches subtiles, un peu à la façon d'un
Born Of Osiris ("Telltale Notion","Antibiosis"...). Cependant le sextet semble également avoir un faible pour toute la scène death mélo nord-européenne. Le son généralement glacial et le goût pour des mélodies mélancoliques et froides ("In Kingdoms Of
Rain") nous rapproche de quelques groupes de la scène finlandaise (
Before The Dawn,
Insomnium ou
Omnium Gatherum).
Mais loin d'être un patchwork d'influences sans personnalité,
Words Of Farewell possède un sens de la composition très élevé. Les titres sont longs et prennent le temps d'installer leurs ambiances (l'étiquette "progressive" parfois collée au groupe n'est pas totalement usurpée) sans que l'ennui ne vienne pointer le bout de son nez (ce qui est remarquable pour un album aussi long). Les dix morceaux s'enchaînent admirablement, possédant chacun l'élément permettant de les distinguer. Depuis la mélancolie de "In Kingdoms Of
Rain" à la dimension résolument accrocheuse de l'imparable duo "Beauty In Passing"/"Outer Rim", en passant par les accents orientaux de "Temporary
Loss Of
Reason" ou les claviers impériaux de "Antibiosis", tout est superbement pensé.
La qualité des interprètes n'est elle non plus à remettre en doute, entre le niveau technique très élevé de la paire de gratteux Urginus/Gaßmus (nous gratifiant de pas mal de soli tricotés avec soin), la prestation majestueuse de
Leo Wichmann aux claviers (menant la danse entre nappes envoûtantes et pointes subtiles) et enfin le gros coffre d'Alex Otto, particulièrement percutant dans son growl (le refrain de "Outer Rim" en offre surement le meilleur exemple).
Bref, inutile de chercher de réels points faibles,
Words Of Farewell livre ici un album excellent et très bien maîtrisé. A la croisée des chemins, le groupe ne verse pas dans la modernité excessive (la production sied à ce titre très bien à l'album) mais respecte l'essence du death mélodique tout en y apportant sa touche personnelle.
Assurément, une très bonne sortie de ce début d'année 2014.
For your journey has not come to an end
You shall find your place of destination
Beyond the confines of this world
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