Afin d'apprécier au mieux, si tant est que ce soit possible, les talents de cette jeune formation allemande baptisé
Victorius, il faudra indiscutablement faire preuve d'une patience avenante. Une persévérance prompte à dépasser le cadre très académique dans lequel s'inscrit la démarche artistique de ces saxons sera, en effet, indispensable pour daigner prendre un tant soit peu de plaisir dans l'écoute d'un propos aussi convenu. Il faudra également s'ouvrir à une certaine bienveillance et faire fi du moindre espoir de trouver en ce deuxième album des natifs de
Wolfen ne serait-ce qu'une once d'originalité. Voilà, en substance, ce que nous réserve ce quintette et ce que nous promet
The Awakening. Mais ne manquons pas du sérieux indispensable qui incombe à l'exercice de l'analyse, aussi humble soit elle, d'une œuvre et accordons lui davantage de temps pour y découvrir, peut-être, qui sait, quelques qualités.
Pratiquant un Heavy
Power Metal, typique où les voix aigus chevauchent des mélodies de guitares soutenues par les rythmes prestes d'une batterie effrénée,
Victorius nous fait une trépidante démonstration de ces capacités sur le fulgurant et pénible Age of
Tyranny qui démarre les hostilités de ce manifeste. La vélocité harassante de ce premier morceau, et son refrain terriblement prévisible, éveille, en votre humble serviteur, de désagréables souvenirs rappelant le manque de subtilité dont fait parfois (souvent?) preuve les musiciens de Dragonforce. Par la suite Starfire et
The Awakening tenteront bien, quant à eux, d'instaurer une certaine nuance en nous proposant quelques passages moins excessifs. En vain, à vrai dire, car non content d'être, eux aussi, excessivement prévisibles, ces velléités seront annihilées par leur aspect désespérément ordinaire.
En outre, il va sans dire que, bien évidemment, cette accointance pour la rapidité ne saurait s'affirmer uniquement dans l'entame de cet opus. Aussi rien d'étonnant ne viendra bousculer nos convictions dès lors que des titres tels que
Black Sun, Call for
Resistance ou encore
King Reborn, viendront nous offrir leurs cadences atrocement soutenues. Le tout, bien entendu, baignant toujours dans une banalité sans fond.
Afin de ne pas définitivement entériner ce désastre, il est noté que
Victorius, sans doute désireux de satisfaire un public aujourd'hui avide de ce genre de démonstration, aura quand même eu l'audace d'ajouter à son expression banale quelques voix graves et rugueuses aux filiations lointainement Death (il conviendra ici d'insister sur le terme "lointainement" tant il est clair que ces éructations ne seront pas de nature à contenter quiconque d'un tant soit pas amateur de ces genres extrêmes. De plus ces manifestations sont si rares et si succinctes qu'il faudra parfois faire preuve d'une sacrée perspicacité pour les relever). Non, décidément, cet effort n'aura pas de vertus, ou si peu, susceptible de nourrir un quelconque espoir à son égard.
Aucune embellie ne viendra donc nous arracher de cette morne écoute. Et lorsque les dernières notes d'un anecdotique Metalheart finiront par mourir, l'obsédant sentiment d'avoir perdu un temps précieux sera alors prégnant.
Songeons, comble du comble, que même la production de ce disque nous donne à entendre un résultat décevant. Bien que puissant, précis et moderne, l'ensemble ne parvient, en effet, pas à nous satisfaire pleinement. Son côté aseptisé et peinant à accentuer les reliefs d'un ensemble, de fait, bien trop compact, est embarrassant.
Sans remord aucun, oublions donc cet album de Heavy
Power Metal ennuyeux et sans caractère.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire