The Armor of Ire

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17/20
Nom du groupe Eternal Champion
Nom de l'album The Armor of Ire
Type Album
Date de parution 27 Septembre 2016
Style MusicalHeavy Metal
Membres possèdant cet album69

Tracklist

1.
 I Am the Hammer
 05:15
2.
 The Armor of Ire
 04:55
3.
 The Last King of Pictdom
 04:13
4.
 Blood Ice
 02:03
5.
 The Cold Sword
 04:03
6.
 Invoker
 04:31
7.
 Sing a Last Song of Valdese
 06:04
8.
 Shade Gate
 03:14

Durée totale : 34:18

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Eternal Champion

  • ETERNAL CHAMPION "I Am The Hammer" (OFFICIAL) by No Remorse Records


  • Chronique @ PhuckingPhiphi

    21 Mai 2017

    Dès les premières notes, “The Armor of Ire” tape fort et réussit son pari.

    “Sache, Ô mon Prince, qu’entre le début des Âges d’Acier et le Grand Cataclysme qui précéda la Résurrection, il y eut une ère de légendes et d’aventures où, dans l’ombre des rois et des géants, vécurent de valeureux champions. Bardés de cuir, chevauchant des montures de fer, ils combattirent ardemment pour défendre la Foi du Metal, et nombreux furent les bardes et les poètes qui chantèrent alors leurs exploits. Hélas, de ces héros obscurs, rares sont ceux qui, en notre époque troublée, honorent encore la mémoire…

    Mais sache aussi, Ô mon Seigneur, que la flamme jamais complètement ne s’éteignit. Des ruines oubliées se lèvent à présent de jeunes héritiers des guerriers d’antan, prêts à brandir à nouveau le glaive, ébréché mais toujours tranchant, du Metal Véritable.

    Laisse-moi à présent te conter leur histoire…”


    Depuis le retour en grâce du Metal à l’aube des années 2000, tous les genres ont peu ou prou été successivement remis au goût du jour. Partout sur la planète, un flot ininterrompu de jeunes formations se réclamant de l’héritage des glorieux aînés s’adonnent aux joies du rétro-Hard Rock (Airbourne, Wolfmother, Vintage Caravan…), de la rétro-NWOBHM (Enforcer, Cauldron, White Wizzard…), du rétro-Thrash (Toxic Holocaust, Evile, Lost Society…), du rétro-Glam (Crashdiet, Blackrain, Reckless Love…), du rétro-Doom (Orchid, Uncle Acid, The Oath/Lucifer…) et de toutes les variantes possibles et imaginables ayant vu le jour dans les années 70 et 80. Bien entendu, ce grand recyclage musical s’accompagne des atours qui firent autrefois la spécificité de chaque style, avec force logos pointus et/ou chromés, bracelets à clous, vestes à patchs, coiffures peroxydées, pochettes old school et autres patronymes volontairement datés. Bref, tout ce qui était “has-been” est redevenu “hype”, le mouvement s’inscrivant dans la vague nostalgique du “vintage” qui, signe des temps, balaie l’Occident depuis bientôt vingt ans.

    Genre populaire entre tous, le Heavy Metal pur et dur n’a évidemment pas échappé à cette vaste entreprise de dépoussiérage, et c’est maintenant par dizaines que l’on compte les groupes directement inspirés de Judas Priest, Iron Maiden, Manowar, Accept ou Helloween. Mais si les grands noms de l’époque sont ceux qui, logiquement, ont engendré le plus de vocations, d’autres initiatives, certes plus rares mais non moins intéressantes, sont plutôt à rapprocher de la longue liste des “seconds couteaux”, dont la discographie regorge souvent de petits joyaux oubliés et dont la carrière peina pourtant toujours à accrocher le feu des projecteurs. Eternal Champion, groupe originaire d’Austin au Texas, appartient à cette seconde catégorie.

    Formé en 2012, Eternal Champion regroupe des musiciens issus de différentes formations (Iron Age, Graven Rite, Sumerlands…) et embrasse résolument un Heavy/Power Metal des plus traditionnels. Attention, entendons-nous bien sur le terme équivoque de “Power Metal” : dans le cas présent, il ne s’agit nullement de la variante européenne, souvent rapide, démonstrative et dotée d’une grosse production, d’où sont issus les Hammerfall, les Gamma Ray et autres Dragonforce. Au contraire, c’est plutôt vers la vieille école américaine, plus épurée, moins tape-à-l’œil, qu’Eternal Champion va puiser sa source ; celle-là même qui vit naître des groupes mythiques comme Cirith Ungol, Omen, Chastain et, bien entendu, Manilla Road, dont l’ombre fait plus que planer sur la musique du quintette texan. “The Armor of Ire”, premier album sorti chez No Remorse Records en 2016, se veut donc un véritable hommage à ce style, parfois austère mais diablement attachant, qui fit les très riches heures du Metal underground américain des eighties.

    Riffs incisifs, mélodies ciselées, ambiances épiques produites sans l’aide de la moindre orchestration ni du moindre chœur : dès les premières notes, “The Armor of Ire” tape fort et réussit d’entrée de jeu son pari. La voix claire de Jason Tarpey se prête à merveille aux épopées guerrières dont il se fait le chantre, son timbre légèrement nasillard rappelant sans hésiter celui de ce vieux requin de Mark Shelton, voire d’Ozzy Osbourne. Les guitares, si elles demeurent typiques du style que le groupe ressuscite avec brio (et ce d’autant plus que la production leur conserve un côté légèrement grésillant), incorporent toutefois des influences “maideniennes” assez perceptibles aux détours de quelques cavalcades particulièrement efficaces. À l’occasion, elles n’hésitent pas à se faire pesantes, presque Doom, comme sur “Sing a Last Song of Valdese”, où Black Sabbath n’est parfois pas loin. Plusieurs soli joliment amenés viennent brillamment démontrer le talent des six-cordistes, qui manient leurs instruments avec tout ce qu’il faut de feeling et d’inspiration. Curieusement, aucun bassiste n’est crédité au sein du line-up, ce qui constitue une énigme étant donné qu’une basse se fait bel et bien entendre tout au long de l’album et que les photos live du groupe attestent de sa présence au sein de la bande ; il y donc là un petit mystère qu’il faudra éclaircir à l’occasion. La batterie apporte une base rythmique sans surprise mais solide, virile et charpentée, parfaitement adaptée au ton résolument guerrier de l’ensemble. Enfin, quelques lignes de synthétiseur discrètes viennent se poser par moments afin de donner une touche éthérée aux compositions (“The Armor of Ire”, “Blood Ice”), sans que leur présence ne devienne jamais envahissante ni systématique.

    Avec de tels ascendants, un tel nom et une telle iconographie (un guerrier en pagne brandissant une épée au sommet d’une montagne, une femme lascivement étendue à ses pieds), point besoin d’être versé dans les arcanes de la sorcellerie stygienne pour deviner quels sont les thèmes abordés sur ce disque. Du premier au dernier titre, chaque chanson est une déclaration d’amour passionnée au courant littéraire de l’“Heroic Fantasy”, dont l’Amérique produisit tant de grands auteurs au cours du XXe siècle. Outre les deux premiers titres (“I am the Hammer” et “The Armor of Ire”), inspirés des propres écrits de Jason Tarpey, se trouvent également cités Karl Edward Wagner (“Sing a Last Song of Valdese”, titre de l’une des aventures de l’anti-héros immortel Kane), le grand Howard Philip Lovecraft et ses abominations cosmiques (“Invoker”) et – est-ce vraiment une surprise ? – l’incontournable Michael Moorcock (“The Cold Sword”, à propos d’une certaine épée noire buveuse d’âmes dont il est probablement inutile de rappeler le nom ici). La silhouette imposante de Robert E. Howard se dessine également en filigrane dans “The Last King of Pictdom”, où l’amateur éclairé reconnaîtra une ode au dernier roi des Pictes, Bran Mak Morn, autre personnage enfanté par le très prolifique père de Conan. Nul doute que toutes ces références, qui n’évoqueront peut être pas grand chose au commun des mortels, sauront toucher le cœur des vieux de la vieille, ceux qui dévoraient les éditions J’ai Lu illustrées par Frank Frazetta et Boris Vallejo dans les années 80, rêvaient en feuilletant les pages de Métal Hurlant et gâchaient leurs heures de sommeil dans d’interminables parties de jeux de rôles.

    Au final, il y a donc fort peu de reproches à formuler sur ce disque, si ce n’est sa durée un peu brève, surtout compte-tenu des deux instrumentaux relativement dispensables (“Blood Ice” et le final “Shade Gate”). Y avoir inclus un réenregistrement du très bon “War at the Edge of the End”, présent sur la démo de 2013 et sur le split avec Gatekeeper de 2015, aurait sans doute permis à l’album d’avoir un petit supplément de consistance bienvenu. Mais ne boudons pas notre plaisir : en l’état, “The Armor of Ire” reste un premier effort extrêmement convaincant, confirmant les espoirs placés dans cette jeune incarnation texane du Champion Éternel à laquelle on ne peut que souhaiter une destinée riche en faits d’armes de cette trempe. Alors saisissez votre lame melnibonéenne, votre glaive cimmérien ou votre paire de dés à dix faces, et laissez-vous tenter par ce voyage vers des contrées et une époque certes un peu oubliées, mais que les sables du temps peinent décidément à recouvrir.


    17/20

    11 Commentaires

    11 J'aime

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    samolice - 05 Décembre 2017:

    Enfin eu l'occasion d'acheter ce disque. Ca valait le coup, c'est pas mal fichu. La durée ne me dérange pas, bien au contraire, quel plaisir d'avoir un album de 34 minutes seulement au lieu des plus de 50 généralement proposées aujourd'hui. Du coup ça passe tout seul et on a envie de remettre rapidos le skeud en plus de retenir facilement les mélodies.

    Perso, ayant écouté le Sumerlands tout cet été, j'ai une vraie préférence pour celui-ci, la "ressemblance" avec Ozzy m'ayant un peu géné à la longue (d'ailleurs je n'ai pas du tout pensé à Ozzy en écoutant ce Eternal Champion, davantage à Shelton - "Invoker" par exemple, superbe -, désolé JL) même si je lui reconnais de vraies qualités. Mais je suis un peu hors sujet là...

    LeMoustre - 05 Décembre 2017:

    Superbe album de heavy épique empreint de beauté toute guerrière. Incontestable réussite avec plusieurs moments types "chair de poule" tellement l'album dans son ensemble provoque une alchimie qui fonctionne. Rien à jeter même si un titre final à tiroirs en plus aurait sans doute été bienvenu. 

    PhuckingPhiphi - 14 Mai 2018:

    [Mise à jour mai 2018]

    Cet album vieillissant admirablement bien au fil des écoutes, je réévalue ma note initiale de 16 à 17/20. L'absence d'originalité, qui m'avait dans un premier temps un peu freiné dans ma note, est finalement davantage un atout qu'un défaut dans le style qui nous intéresse ici, et n'enlève par ailleurs rien à la qualité des compositions. C'est souvent dans le vieil acier que l'on fait les meilleures lames, par Crom !

    frozenheart - 05 Novembre 2020:

    Pour ma part j'ai eu un peu de mal à apprivoiser la bête, mais au fil des écoutes et rien que pour l'atmosphère guerrière et ce chant à la Mark Sheldon (RIP) on ne peut qu'y revenir. Espérons que Ravening Iron qui sort le 20 novembre, soit aussi bon voire meilleur que ce premier jet.

    Encore merci pour cette excellente et très détaillée chronique.

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