Ravening Iron

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15/20
Nom du groupe Eternal Champion
Nom de l'album Ravening Iron
Type Album
Date de parution 06 Novembre 2020
Style MusicalHeavy Metal
Membres possèdant cet album35

Tracklist

1.
 A Face in the Glare
 04:59
2.
 Ravening Iron
 05:01
3.
 Skullseeker
 04:13
4.
 War at the Edge of the End
 04:45
5.
 Coward’s Keep
 05:54
6.
 Worms of the Earth
 04:29
7.
 The Godblade
 02:17
8.
 Banners of Arhai
 05:40

Durée totale : 37:18

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Eternal Champion


Chronique @ PhuckingPhiphi

17 Novembre 2020

Eternal Champion martèle l'enclume du Heavy Metal avec force et conviction.

"T'en souvient-il, Ô noble Prince, des exploits jadis comptés en ces pages, lorsque par ma voix résonna sous les voûtes de ton palais la glorieuse épopée du Champion Éternel ? De ce héros impétueux, revêtu des atours du temps jadis, je me fis le chantre et, l'espace d'une chanson, te fis revivre la gloire de ses faits légendaires.

Eh bien sache, Ô mon Seigneur, que son histoire ne s'arrêta pas là. Car si, la poussière de la bataille retombée, les chroniques perdirent un temps sa trace, son glaive rutilant resurgit quatre cycles plus tard, en des temps bien troublés qui virent trembler les royaumes de la Terre.

Prends place sur ton trône et congédie tes concubines, Ô mon Roi, et daigne faire l'honneur d'accorder ton oreille, une fois encore, à ton humble serviteur…"


Après avoir fait grosse impression en 2016 avec l'excellent "The Armor of Ire", l'une des plus belles pépites de la vague rétro-True Heavy Metal made in USA de ces dernières années, les texans d'Eternal Champion s'étaient faits assez discrets : deux petits EP parus au format cassette audio ("Parallel of Death" et ses deux reprises en 2017 et l'expérimental "Terminus Est" aux forts relents de Dungeon Synth en 2019)… et puis c'est tout. Fallait-il y voir un désintérêt de ses membres, absorbés par leurs divers projets parallèles, pour la destinée du Champion Éternel ? Allait-il falloir ranger "The Armor of Ire" au rang de ces coups de maître flamboyants, mais hélas uniques, dans une discographie ? Fort heureusement, tel n'est pas le cas, et c'est au cœur du chaos pandémique estival de 2020 que fut enfin annoncé son successeur, "Ravening Iron", toujours sur le label grec No Remorse .

Première constatation : la pochette est… hum… osons le mot : ratée.

Ken Kelly, malgré son curriculum vitae impressionnant (Kiss, Manowar, Rainbow… excusez du peu), confirme certes les talents de coloriste dont il a hérité en pompant servilement son tonton Frazetta pendant toute sa carrière, mais ses lacunes en anatomie et son absence totale de sens de la composition explosent hélas cruellement à nouveau dans le cas présent. Si le traitement putassier qu'il inflige à ses représentations féminines se marie à merveille avec les délires machistes et caricaturaux de Manowar, c'est en revanche de piètre manière qu'il illustre le style plus sobre dont Eternal Champion se revendique.

Mais ce n'est pas à son flacon qu'on juge un cru, me direz-vous. Alors, que réserve ce nouvel album, une fois passée la faute de goût que constitue sa pochette ?

Point de surprise, "Ravening Iron" ramasse l'épée au point exact où elle avait été posée à la fin de "The Armor of Ire", s'illustrant dans ce Heavy Metal épique et viril à mi-chemin entre Manilla Road et Cirith Ungol qui lui avait tant réussi la première fois. Jason Tarpey demeure le maître de cérémonie, sa voix "Ozzy-Sheltonienne" semblant s'être étoffée et avoir gagné en assurance, tandis que Arthur Rizk assurent toujours le poste à divers instruments (batterie, guitare, synthétiseur). Par contre, on peut noter quelques mouvements de troupes dans le reste des effectifs, avec le départ du soliste Blake Ibanez, probablement absorbé par sa tâche au sein des thrasheurs de Power Trip, et l'arrivée en remplacement de John Powers, tandis que Brad Raub endosse officiellement le rôle de bassiste. On ne soulignera jamais assez les liens de consanguinité entre Sumerlands et Eternal Champion, décidément ! Rizk s'occupe à nouveau de la production et du mixage, ce qui permet de conserver une bonne cohérence entre le son de l'album et celui de son prédécesseur, même si l'ensemble paraît cette fois plus dense et compact (peut-être les délais étendus et un budget plus généreux – le disque s'est arraché en pré-commande – ont-ils permis de mettre davantage les petits plats dans les grands cette fois-ci).

Niveau compositions, là encore, on est en terrain connu : des riffs guerriers à foison (l'introductif "A Face in the Glare", l'écrasant "Skullseeker" et sa rythmique pachydermique, le véhément "Worms of the Earth"), des mélodies sur lesquelles soufflent le vent de l'aventure et l’envoûtement des contrées lointaines (la chanson titre "Ravening Iron", "Banners of Arhai", "Coward's Keep", sur laquelle Jake Rogers, de Visigoth et Caladran Brood, vient en soutien aux backing vocals), des thèmes lyriques allègrement piochés dans le puit intarissable de la littérature Sword & Sorcery du XXe siècle (Robert E. Howard et Howard P. Lovecraft se voient remerciés dans les crédits), quelques beaux solos judicieusement disséminés aux endroits stratégiques de chaque titre… Tous les ingrédients de "The Armor of Ire" répondent présents, mais la recette fonctionne à nouveau et c'est sans effort que nous nous laissons emmener vers les mondes enchantés et barbares, peuplés de souverains belliqueux et de démons retors, dont Eternal Champion nous offre les clefs. Un vieux ronchon qui, dans une chronique précédente, se lamentait de ne pas avoir vu ressurgir la démo "War at the Edge of the End" sur le premier album, aura cette fois-ci la satisfaction de la voir exhumée des cendres de la bataille, puisqu'elle a ici droit à un ré-enregistrement dans les règles de l'art. Enfin, notons l'instrumental électro-ambiant "The Godblade", avant-dernier titre du disque servant d’intro à "Banners of Arhai", qui évoque autant Klaus Schulze que le Jean-Michel Jarre des années 70, prouvant au passage que les velléités expérimentales du EP "Terminus Est" n'avaient rien d'un faux pas.

Pas de démonstration technique superflue, pas de changement de style intempestif, Eternal Champion martèle l'enclume du Heavy Metal traditionnel avec force et conviction, renforçant les frontières de son royaume mais ne tentant guère de conquérir les territoires au-delà de ses marches. Maîtrisé, puissant, doté d'une production en acier forgé, "Ravening Iron" n'est donc pas une déception. Les esprits chagrins pourront regretter une grande similitude entre son contenu et ce que proposait déjà son admirable prédécesseur, et peut-être également une certaine monotonie dans les tempos à la longue. Ils n’auront pas tort ; mais en fin de compte, ceci ne fait que renforcer l'impression de geste héroïque que la formation grave dans le vinyle et dont ce disque n'est, finalement, que le nouveau chapitre.

L'aventure continue, par Arioch et par Crom !

16/20

8 Commentaires

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swit35 - 30 Novembre 2020:

chouette un débat !... je suis mitigé pour ma part entre bonne surprise et déception... donc écoutes attentives et comptage de point dans vos écrits pour bientot !

mechant - 06 Décembre 2020:

Belle chronique.

Nouvelle ecoute ce matin et la conclusion est simple pour ma part:

-tres bons , bons et moyens morceaux.

-manque de continuité comparé à son predecesseur, et de morceaux phares.

-s'écoute avec plaisir, c'est bien branlé mais il manque le petit plus.

A voir si achat.

Goneo - 10 Décembre 2020:

J'ai beau essayé, je ne vois pas ce qu'on lui trouve de super génial à ce Eternal Champion. C'est très bien fait dans le genre, mais pas plus que plein d'autres groupes du style. Un album sympa pour moi mais rien de plus, je lui accorde que cela s'écoute avec un certain plaisir. Merci pour la chro. Je serais plus sur un 13/20 pour le moment.

franckynator - 13 Décembre 2020:

salut phiphi 

 

excellente chronique qui donne envie de ressortir 

 

nos caleçons en peau de bête ultra testerone à 

 

la Manowar par ODIN !!!

 

Du coup j' ai ressorti ma collection de skeuds 

 

heavy power metal. 

 

Cet album est tout simplement excellent.

 

à savoir que le groupe fait parti du top 20 

 

De l'année  aux states . 

 

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Chronique @ Hibernatus

21 Novembre 2020

Conan au Club Med

Les Pennsylvano-Texans d'Eternal Champion avaient sorti il y a quatre ans un « Armor of Ire » unanimement salué par le public de Heavy épique. Depuis, seuls deux EP ont entretenu la patience des metalheads. Le premier, en 2017, rassemblait deux covers de vieilleries peu connues, un titre de Mystic Force datant de 1989 et l'excellent Destroyer de Legend qui nous renvoie à 1979 ; cette dernière reprise est parfaite, à la fois personnelle et fidèle, avec la voix de Jason Tarpey bien en congruence avec celle de feu Kevin Nugent. En 2019, le second EP Terminus Est va surprendre, à tort du reste, avec deux instrumentaux signés John Powers et Arthur Rizk : à tort, disais-je, car le dungeon synth ici pratiqué ne diffère que par la longueur des deux instrus Blood Ice et Shade Gate de « Armor of Ire ». Deux bons petits amuse-gueules, donc, propres à laisser espérer un deuxième album du tonnerre de Crom.

Las ! On ne saurait être plus déçu. Où est passé le déroulé lourd de menace de I Am the Hammer ? Que sont devenues la majestueuse gravité de Last King of Pictdom, la tension troublante de Invoker, la fatale inéluctabilité de Sing a Last Song of Valdese ? « Ravening Iron » a troqué l'ambiance hyperboréenne de « The Armor of Ire », ses blizzards glacés, ses mortels brouillards givrants pour des cieux plus émollients : ici, c'est Conan au Club Med.

Oubliant la distante froideur qui faisait la force du groupe, le jeu est beaucoup plus clair, et placé une tonalité plus haute. C'est flagrant quand on écoute les deux versions de War at the Edge of the End : sur la démo de 2013, il est chanté plus grave, avec une interprétation plus épurée. Sur "Ravening Iron", on perd cette retenue qui en faisait tout le charme. Le morceau reste bon mais laisse de côté sa charge épique.

C'est bien tout le problème des choix de production d'Arthur Rizk. Le son est splendide, intensément travaillé, c'est joli, ça en jette, ça a de la gueule, mais il s'avère trop léché, trop clinquant pour le style d'Eternal Champion. On ne donne pas à un disque de Heavy épique une production de Glam.

Tous les instruments, certes parfaitement distincts, sont placés sur le même plan, aplatissant toute perspective et comblant toute profondeur : cette profondeur que donnait le mixage en léger retrait de la voix de Tarpey sur « The Armor of Ire » ; cette perspective que savait rendre les claviers sur le premier album. Sur « Ravening Iron », les synthés ne soulignent rien, ils noient au contraire l'intensité dramatique dans la guimauve. Le morceau titre est l'éclatante illustration de ces défauts, il peine à décoller de la mélasse pendant ses 5 minutes de long ; pas complètement dépourvu d'atouts, mais trop joyeux, trop positif. Surtout, il nous achève avec ses très clichesques whohoho (non mais on se calme les mecs, pourquoi pas darladirladada, tant que vous y êtes ?) et son interminable conclusion synthétique en fade out.

Voilà, ça y est, je suis de mauvais poil, ce final de Ravening Iron me met toujours en rogne. La colère étant mauvaise conseillère, elle pourrait me pousser à être réellement injuste, genre affirmer que l'unique bon titre de l'album, le seul fidèle au passé du groupe, c'est l'instrumental The Godblade, bien typé dungeon synth. Bon, j'ai bu un grand verre de whisky et fait 10 fois le tour de mon quartier au pas de charge, dans la limite d'un kilomètre et en promenant mon poisson rouge. Je suis calmé et je reprends : non, The Godblade n'est pas le sommet de « Ravening Iron », je le trouve sympa mais c'est un titre de transition qui représente 5% de la durée du disque.

Il n'y a pas que du mauvais dans cette sortie. À dire vrai, tous les titres commencent bien, même si les choix esthétiques et la prod inadéquate finissent par les user prématurément. A Face in the Glare attaque sur un riffing rageur de fort bon aloi que vient illuminer un solo des plus sheltonien (je ne l'ai pas dis, mais cela va sans dire : tous les musiciens sont excellents). Tarpey enchaîne avec une énergique présence : on va pourtant se retrouver dans un mid tempo sans grande aspérité qui finit par endormir un peu.

Le lourd Skullseeker est plein de promesses à son entame ; il finit par vite se révéler ennuyeux sur la durée, en dépit il est vrai d'un beau solo qui réveille l'auditeur. À leur entame, deux titres pouvaient prétendre empoigner fermement le flambeau de l'épopée, Coward's Keep et Banners of Arhai, mais font finalement long feu.

Banners of Arhai, pesant low tempo, est d'un abord plutôt convainquant, hardiment chanté par un Jason Tarpey très en avant, ponctué par du lead finement ciselé et un bon break rythmique. Il est handicapé par sa conclusion en fade out au son synthétique des plus artificiels. Coward's Keep nous offre riff et ligne vocales attachants et prenants, tout en puissance et soulignés par des chœurs à l'agréable lancinance ; il est aussi gâché par son final en arpège, trop long et un peu téléphoné. Deux titres honorables, malgré tout.

C'est sans doute Worms of the Earth qui tire le mieux son épingle du jeu, avec sa bienvenue agressivité qui parvient à secouer la trop mielleuse production. Surtout qu'il vire Speed en son milieu et se voit transcendé par un fulgurant solo de John Powers. Il est paradoxalement moins bon que n'auraient pu l'être les deux morceaux précités, mais il secoue l'auditeur sans l'abandonner sur une impression mitigée.

Tel est le gros problème de cet album : une recette avec d'excellents ingrédients, mais mélangés dans une matière grasse inadéquate et soumise à un trop long temps de cuisson. Elric, ultime incarnation de l'éternel champion, n'aurait jamais dû s'inviter dans le studio : il a encore dû laisser Stormbringer sans surveillance et en loucedé, cette fichue épée noire aura sucé goulûment toute l'âme du master de « Ravening Iron ».

Ma chronique est sans conteste négative, acerbe, un brin désabusée, voire excessive. Mais enfin, ô lecteur, tu conviendras j'espère qu'en dépit de ses efforts d'objectivité, un chroniqueur puisse aussi avoir ses vapeurs. Ces gars ont brillamment démontré un talent et une inspiration que je peine à retrouver ici. Pour eux comme pour nous, je leur souhaite de retrouver leurs fondamentaux. En ce qui me concerne, je ferai comme si je n'avais rien entendu et j'attendrai leur prochain album avec espoir.

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Y_RPLEUT - 23 Novembre 2020:

Commande chez No Remorse mais en vinyl comme Jerome, ceci explique sans doute celà

frozenheart - 23 Novembre 2020:

Comme dirait le proverbe: deux avis, valent mieux qu'un!

En ce qui me concerne et à la première écoute mon avis pencherait plus sûr celui d'Hibernatus. Car en dehors, d'avoir une prod qui ne colle pas vraiment au style du groupe, et qu'il lui manque ce petit quelque chose qui faisait de The Armor of Ire une oeuvre entière, Ravening Iron arrive qu'ait moitié à remplir ses promesses.
Encore merci pour ces 2 excellentes chroniques qui à tour de rôle, font ressortir les qualités et défauts de ce disque.

LeMoustre - 23 Novembre 2020:

Yvan, t'as commandé le LP seul ? Perso, j'ai le Glacier dedans, d'où une decalage de la commande globale. 

LeMoustre - 06 Décembre 2020:

Après 2 écoutes, plutôt d'accord avec la chronique, même si je ne m'associe pas aux critiques de lanproduction, dont j'adore le son de batterie notamment. Cela change du 1er album et je concède facilement qu'elle surprend, mais ce n'est pas plus mal. Je dirai que rapport à Armor of Ire, l'album a le mérite de se singulariser.

Pour moi, plus que le riffing ou les compositions, plutôt solides, le souci vient des lignes de chant moins marquantes, avec une quasi absence de la magie dont Armor était pétrie. Du coup, l'album ne sort pas trop du rang et constitue un disque (sous la réserve de 2 ecoutes attentives) correct, mais sans cette flamme que j'esperais retrouver ici trop éparse. Je sauve 2/3 passages dont le punchy Worms of the Earth, Ravening Iron et les entames de quasiment chaque titre, engageantes. A creuser quand même, aux côtés des autres projets de Tarpey. 

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