"T'en souvient-il, Ô noble Prince, des exploits jadis comptés en ces pages, lorsque par ma voix résonna sous les voûtes de ton palais la glorieuse épopée du
Champion Éternel ? De ce héros impétueux, revêtu des atours du temps jadis, je me fis le chantre et, l'espace d'une chanson, te fis revivre la gloire de ses faits légendaires.
Eh bien sache, Ô mon Seigneur, que son histoire ne s'arrêta pas là. Car si, la poussière de la bataille retombée, les chroniques perdirent un temps sa trace, son glaive rutilant resurgit quatre cycles plus tard, en des temps bien troublés qui virent trembler les royaumes de la Terre.
Prends place sur ton trône et congédie tes concubines, Ô mon Roi, et daigne faire l'honneur d'accorder ton oreille, une fois encore, à ton humble serviteur…"
Après avoir fait grosse impression en 2016 avec l'excellent "
The Armor of Ire", l'une des plus belles pépites de la vague rétro-
True Heavy
Metal made in USA de ces dernières années, les texans d'
Eternal Champion s'étaient faits assez discrets : deux petits EP parus au format cassette audio ("
Parallel of Death" et ses deux reprises en 2017 et l'expérimental "
Terminus Est" aux forts relents de
Dungeon Synth en 2019)… et puis c'est tout. Fallait-il y voir un désintérêt de ses membres, absorbés par leurs divers projets parallèles, pour la destinée du
Champion Éternel ? Allait-il falloir ranger "
The Armor of Ire" au rang de ces coups de maître flamboyants, mais hélas uniques, dans une discographie ? Fort heureusement, tel n'est pas le cas, et c'est au cœur du chaos pandémique estival de 2020 que fut enfin annoncé son successeur, "
Ravening Iron", toujours sur le label grec
No Remorse .
Première constatation : la pochette est… hum… osons le mot : ratée.
Ken Kelly, malgré son curriculum vitae impressionnant (
Kiss,
Manowar,
Rainbow… excusez du peu), confirme certes les talents de coloriste dont il a hérité en pompant servilement son tonton Frazetta pendant toute sa carrière, mais ses lacunes en anatomie et son absence totale de sens de la composition explosent hélas cruellement à nouveau dans le cas présent. Si le traitement putassier qu'il inflige à ses représentations féminines se marie à merveille avec les délires machistes et caricaturaux de
Manowar, c'est en revanche de piètre manière qu'il illustre le style plus sobre dont
Eternal Champion se revendique.
Mais ce n'est pas à son flacon qu'on juge un cru, me direz-vous. Alors, que réserve ce nouvel album, une fois passée la faute de goût que constitue sa pochette ?
Point de surprise, "
Ravening Iron" ramasse l'épée au point exact où elle avait été posée à la fin de "
The Armor of Ire", s'illustrant dans ce Heavy
Metal épique et viril à mi-chemin entre
Manilla Road et
Cirith Ungol qui lui avait tant réussi la première fois.
Jason Tarpey demeure le maître de cérémonie, sa voix "Ozzy-Sheltonienne" semblant s'être étoffée et avoir gagné en assurance, tandis que Arthur Rizk assurent toujours le poste à divers instruments (batterie, guitare, synthétiseur). Par contre, on peut noter quelques mouvements de troupes dans le reste des effectifs, avec le départ du soliste
Blake Ibanez, probablement absorbé par sa tâche au sein des thrasheurs de
Power Trip, et l'arrivée en remplacement de John Powers, tandis que Brad Raub endosse officiellement le rôle de bassiste. On ne soulignera jamais assez les liens de consanguinité entre
Sumerlands et
Eternal Champion, décidément ! Rizk s'occupe à nouveau de la production et du mixage, ce qui permet de conserver une bonne cohérence entre le son de l'album et celui de son prédécesseur, même si l'ensemble paraît cette fois plus dense et compact (peut-être les délais étendus et un budget plus généreux – le disque s'est arraché en pré-commande – ont-ils permis de mettre davantage les petits plats dans les grands cette fois-ci).
Niveau compositions, là encore, on est en terrain connu : des riffs guerriers à foison (l'introductif "A Face in the Glare", l'écrasant "Skullseeker" et sa rythmique pachydermique, le véhément "Worms of the
Earth"), des mélodies sur lesquelles soufflent le vent de l'aventure et l’envoûtement des contrées lointaines (la chanson titre "
Ravening Iron", "Banners of Arhai", "Coward's Keep", sur laquelle Jake Rogers, de
Visigoth et Caladran Brood, vient en soutien aux backing vocals), des thèmes lyriques allègrement piochés dans le puit intarissable de la littérature
Sword &
Sorcery du XXe siècle (Robert E. Howard et Howard P. Lovecraft se voient remerciés dans les crédits), quelques beaux solos judicieusement disséminés aux endroits stratégiques de chaque titre… Tous les ingrédients de "
The Armor of Ire" répondent présents, mais la recette fonctionne à nouveau et c'est sans effort que nous nous laissons emmener vers les mondes enchantés et barbares, peuplés de souverains belliqueux et de démons retors, dont
Eternal Champion nous offre les clefs. Un vieux ronchon qui, dans une chronique précédente, se lamentait de ne pas avoir vu ressurgir la démo "
War at the Edge of the
End" sur le premier album, aura cette fois-ci la satisfaction de la voir exhumée des cendres de la bataille, puisqu'elle a ici droit à un ré-enregistrement dans les règles de l'art. Enfin, notons l'instrumental électro-ambiant "The Godblade", avant-dernier titre du disque servant d’intro à "Banners of Arhai", qui évoque autant Klaus Schulze que le Jean-Michel Jarre des années 70, prouvant au passage que les velléités expérimentales du EP "
Terminus Est" n'avaient rien d'un faux pas.
Pas de démonstration technique superflue, pas de changement de style intempestif,
Eternal Champion martèle l'enclume du Heavy
Metal traditionnel avec force et conviction, renforçant les frontières de son royaume mais ne tentant guère de conquérir les territoires au-delà de ses marches. Maîtrisé, puissant, doté d'une production en acier forgé, "
Ravening Iron" n'est donc pas une déception. Les esprits chagrins pourront regretter une grande similitude entre son contenu et ce que proposait déjà son admirable prédécesseur, et peut-être également une certaine monotonie dans les tempos à la longue. Ils n’auront pas tort ; mais en fin de compte, ceci ne fait que renforcer l'impression de geste héroïque que la formation grave dans le vinyle et dont ce disque n'est, finalement, que le nouveau chapitre.
L'aventure continue, par Arioch et par
Crom !
16/20
chouette un débat !... je suis mitigé pour ma part entre bonne surprise et déception... donc écoutes attentives et comptage de point dans vos écrits pour bientot !
Belle chronique.
Nouvelle ecoute ce matin et la conclusion est simple pour ma part:
-tres bons , bons et moyens morceaux.
-manque de continuité comparé à son predecesseur, et de morceaux phares.
-s'écoute avec plaisir, c'est bien branlé mais il manque le petit plus.
A voir si achat.
J'ai beau essayé, je ne vois pas ce qu'on lui trouve de super génial à ce Eternal Champion. C'est très bien fait dans le genre, mais pas plus que plein d'autres groupes du style. Un album sympa pour moi mais rien de plus, je lui accorde que cela s'écoute avec un certain plaisir. Merci pour la chro. Je serais plus sur un 13/20 pour le moment.
salut phiphi
excellente chronique qui donne envie de ressortir
nos caleçons en peau de bête ultra testerone à
la Manowar par ODIN !!!
Du coup j' ai ressorti ma collection de skeuds
heavy power metal.
Cet album est tout simplement excellent.
à savoir que le groupe fait parti du top 20
De l'année aux states .
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