Depuis sa formation en 1999, les polonais de
Cruentus n'en finissent pas d'évoluer, de développer leur jeu et leur style. Au fil des années, concert après concert, le combo, malgré les changements de line up, s'est forgé une certaine identité, attachée à l'air du temps. Débutant avec un black indus/sympho mystérieux sur «
Event Horizon »,
Cruentus a étoffé ce côté industriel tout en acquérant un style peu courant mais de plus en plus en vogue, devenant pour ce «
Terminal Code », une entité cyber et mathcore. Proche de
The Interbeing, de
Mnemic ou encore de
Sybreed,
Cruentus avec la sortie de ce nouvel opus en 2010 change les codes et embarque l'auditeur dans un autre monde, bien différent de ses débuts.
Les polonais adoptent un concept totalement adapté au genre, s'inspirant des préoccupations actuelles mais aussi de certains thèmes visionnaires voire science fiction. «
Terminal Code » parle donc de la réalité urbaine contemporaine, de la conquête de la perfection humaine et technologique, de l'algorithmie de chaque aspect de notre existence, de la mécanisation d'un homme vouant un culte énormissime au domaine de l'high tech, et ce vu à travers les yeux d'une entité faible, prise au piège par de rapides mutations émotionnelles, la conduisant dans le tourbillon infinie de la folie et de la décadence...
A l'instar de groupes actuels,
Cruentus nous mélange des éléments core, une grosse polyrythmie des riffs et des beats, ainsi que des sons industriels voire même des lignes de chant à la
Fear Factory. Ainsi la voix claire de Hyeev tend parfois à prendre les mêmes intonations que Burton C. Bell, comme sur « Contortion » ou «
Inhale Exhale ». Hormis cela, nous nous retrouvons la majeure partie du temps avec un chant crié très core, très strident, mais bien adapté à la musique et à la distortion des riffs, qui prennent souvent un aspect saccadé très mathématique voire mécanique. A la manière de
Mnemic ou de
Sybreed,
Cruentus ne lésine pas sur cette technique guitaristique qui, couplée aux claviers futuristes et cybernétiques, ne peut qu'accentuer ce côté déshumanisé et décharné. « Neuro City Agenda » fait partie de ces morceaux rafraîchissants et efficaces que nous concoctent les groupes de metal modernes, tout en nous gratifiant d'ambiances extrêmement adaptées au concept et au genre.
Cruentus a inspiré et continuera sans doute d'inspirer de nouvelles formations, comme en témoigne « Unthinkable Complexity », pilier de l'album, résolument proche de ce que nous a offert
The Interbeing en 2011 avec le « Edge of the
Obscure ». Tantôt rude et atmosphérique, sombre et terrible, il est le reflet même des problèmes contemporains et futurs. Mais un « Fractal Architecture » et ces beats mécaniques et déstructurés ne peuvent qu'évoquer les usines et les fabrications en chaînes de machines, ainsi qu'un « Simsense XP », mettant davantage en valeur les effets électro/futuristes.
Mais dans le domaine, c'est sans aucun doute l'éponyme qui nous embarque encore plus dans un univers cybernétique, d'où ces changements de rythmes, de riffs, presque death sur certains passages, lourds et immersifs, de chants, tantôt core, tantôt synthétiques, tantôt saturés, et de lignes de claviers, ces dernières se rapprochant de celles présentes sur le «
Event Horizon », étranges et perturbantes. Et ce final pessimiste sur « Paradigm »...
Toutefois, comme sur le dernier album, certains défauts de cohérence réapparaissent, comme, parfois, ce manque d'emboîtement des instruments, ou une certaine faiblesse du chant crié, heureusement ce n'est pas non plus fréquent. Mais le jeu et la technique se sont améliorés, au profit d'un ensemble plus soutenu et agressif, peut-être moins profond que les anciennes productions. Cependant l'originalité reste de mise, et l'ensemble attractif, si tant est qu'on aime le style, «
Terminal Code » se définissant tout de même comme l'album révélateur de
Cruentus dans toute l'Europe.
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