Tears Machine

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15/20
Nom du groupe Errana
Nom de l'album Tears Machine
Type Demo
Date de parution 2008
Style MusicalMetal Gothique
Membres possèdant cet album1

Tracklist

1.
 Gray Butterfly
 04:23
2.
 Prisoner
 05:11
3.
 Tears Machine
 05:17
4.
 She Courtier
 05:46

Durée totale : 20:37

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Errana


Chronique @ ericb4

03 Mai 2016

Entre metal gothique et bossa nova balance notre cœur et tanguent nos âmes...

Une frissonnante onde vibratoire insufflée des vastes espaces amazoniens nous parvient et attire irrémédiablement le tympan. En quête de nouveaux horizons harmoniques, celui de votre modeste obligé s'est ancré dans cette mer limpide à la profonde agitation intérieure, à l'instar d'un groupe encore transparent dans nos contrées. Ainsi, tout droit venu de Sao Paulo, le quintet de metal gothique symphonique créé en 2002 par la chanteuse Winny Pazi livre une heureuse combinaison de sonorités rugueuses, énigmatiques et romantiques propres au genre et de touches issues de musiques populaires brésiliennes, comme la bossa nova. On comprend que l'originalité et le caractère unique de ce projet sont de mise et le resteront au fur et à mesure de son évolution. Un groupe qui ouvrira la voie à d'autres formations locales, également inspirées par les grands noms du metal gothique à chant féminin.

Pour précision, les premiers pas du combo, timides tout d'abord, se sont soldés par un franc succès à l'instar du single « Gray Butterfly », sorti en 2008. Celui-ci s'est rapidement hissé à la première place du site palcomp3, très populaire au Brésil, pour y rester pendant plus de 8 mois. Fort de cet accueil chaleureux, quelques mois plus tard, le collectif sud-américain lança la démo « Tears Machine », menue rondelle auto-produite de 4 titres égrainés sur un ruban auditif de 20 minutes. Eu égard à la richesse de composition et à une inspiration féconde, cette offrande a autorisé à nos acolytes un accès avec les honneurs sur la scène metal gothique nationale. Une première énergie qui l'a progressivement propulsé sur les planches brésiliennes au point de partager l'affiche de pointures du genre telles que Eternal Sorrow, Almah ou encore Seventh Seal et Desdominus. Alors considéré comme un groupe phare du metal gothique à Sao Paulo, le cortège a eu le rare privilège de faire les premières parties du groupe de metal symphonique allemand Xandria. Aussi, entrons sans plus attendre dans les arcanes de son premier effort, celui-là même qui lui a ouvert les portes de la consécration.

C'est surtout dans les moments les plus sensibles et propices à la profonde zénitude que le groupe s'est montré le plus à son aise, marquant ainsi rapidement ses premiers points. A commencer par celui qui a fait de lui une première référence de ce convoité registre dans son pays. Ainsi, la sensuelle ballade progressive « Gray Butterfly », aux riffs amples et crayeux corroborés à une aérienne rythmique, laisse la magie opérer au fur et à mesure du déploiement d'une alternance couplets/refrains prestement impactante tant par la suave atmosphère qui s'en dégage que par un cheminement mélodique aux multiples jeux de nuances. On ressent toute la ferveur d'une empreinte sud-américaine à la fois dans les harmoniques mordorées et dans une frappe un tantinet syncopée, telle une voluptueuse bossa nova en substance. Ce faisant, on se situerait à la croisée des chemins entre les univers des premiers Stream Of Passion et Xandria, avec une chatoyante touche latina en prime. Disséminés parallèlement à de sulfureux accords au piano et à une guitare acoustique au subtil picking en arrière-fond, les trémolos acidulés de la déesse complètent un tableau déjà densément orné eu égard à une instrumentation parfaitement coordonnée et techniquement efficace. Bref, message est lancé à une concurrence locale encore larvée, à l'aune de cette plage aux allures d'un hit en puissance. Mais, notre troupe ne s'est pas arrêtée en si bon chemin. Une seconde ballade nous est offerte à l'aune du gracieux « Tears Machine », soufflant instant au cheminement mélodique sécurisant, enveloppé dans un drap de soie synthétique. De son côté, par ses angéliques inflexions, la belle n'aura que bien peu de mal à toucher nos âmes les plus rétives, s'ingéniant à câliner nos pavillons pour mieux les dompter, s'inscrivant de surcroît dans une trame éminemment immersive, la qualité de la recherche mélodique aidant. Un break opportun s'insinue en creux, comme pour mieux libérer quelques petites variations atmosphériques et une reprise sur le refrain des plus jouissives eu égard à un tracé harmonique original, empreint de gravité et de solennité, au sein d'un bain orchestral aux doux remous. Autre exercice relevé de main de maître par nos valeureux compères.

Si les mots bleus semblent constituer le socle inébranlable du propos, le combo ne s'est pas montré maladroit lorsqu'il a daigné accélérer le tempo, loin s'en faut. Il l'a prouvé à deux reprises. Tout d'abord, des nappes synthétiques sous-tendent un riffing massif et rocailleux sur « Prisoner », flamboyant mid tempo latino gothique où glissent dans nos tympans alanguis des couplets bien ciselés, mis en habits de lumière par les touchantes et célestes volutes de la sirène, modulées en finesse et maîtrisées de bout en bout. Et ce, eu égard à un cheminement oratoire à la fois complexe et captateur de nos émotions. Aussi, de nombreuses variations vocales se couplent à de stupéfiants changements de tonalité, corroborés par un dense parterre orchestral et une lead guitare graveleuse aux accords peu convenus et dictant sa loi. Et cela, non sans rappeler l'atmosphère de l'opus « Tales for Bad Girls » de Forever Slave. Soudain, la forêt n'aura de cesse de s'embraser au fil de l'avancée vers la clôture de l'acte pour finir crescendo. Tout aussi entraînant et feutré, « She Courtier » génère un riffing mesuré et effilé étreignant une rythmique légère et enjouée, le long d'une piste où le lead guitariste fait rayonner son délié, ses doigts de prise dansant littéralement sur le manche. Dans la veine de Xandria, on évolue au gré d'une ligne mélodique ajustée, où les notes tombent pile, sans mièvrerie aucune, quelque soit le compartiment. Les jubilatoires modulations dans les médiums de la maîtresse de cérémonie nous assigneront définitivement à résidence dans cette prison dorée, ajoutant un supplément d'âme à la féérie de l'instant posé. Nul doute que l'on y reviendra pour goûter à nouveau à ce délectable gemme.

A l'issue de l'écoute de cette goûteuse galette, on comprend mieux en quoi le combo a su conquérir le cœur d'un pays encore peu habitué à cette alliance de styles. Si la qualité de la production demeure perfectible, l'enregistrement laissant filtrer quelques sonorités résiduelles et encore assez peu de relief de champ acoustique, les habiles compositions octroyées nous plongent immanquablement dans une ambiance veloutée, quasi intimiste, que l'on ne quitte qu'à regrets. C'est dire qu'au-delà de considérations proprement technicistes, les cinq d'Errana (Rodrigo Eduardo (basse), Thyago Bacchin (guitares), William Franchi (claviers), Cido Aires (batterie) et Winny Pazi) sont parvenus à leurs fins, à savoir, flirter avec nos émotions sans forcer le trait, avec charme et authenticité. Une originale symbiose qui, sur le plan artistique, remporte les suffrages, l'oeuvre jouant sur les contrastes de forme (rythmes, spectre vocal, couleurs de la jaquette...) tout en veillant à étoffer sa palette de portées, toutes rigoureusement accouchées et fidèlement restituées.

Pour ceux qui auraient des envies d'ailleurs, parmi les amateurs de metal symphonique gothique à chant féminin déjà infiltrés par les gammes et les arpèges des sources d'influence du combo, cette démo aurait les critères requis pour faire partie de leur cd-thèque. Et ce, d'autant plus que cette première épreuve recèle quelques traits de génie s'observant au fil des passages. On ne fera donc pas l'économie de cette découverte sans s'en mordre les doigts. On effeuillera alors un skeud susceptible d'éveiller en nous d'authentiques plaisirs, et qui sait, son adoption définitive sera-t-elle au bout du chemin...

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