Infernum est l'un des précurseurs du Black en Pologne aux côtés de
Graveland,
Capricornus ou encore
Veles. Ces groupes se sont formés dans les années 90 dans un même laps de temps à peu de choses près. N'ayant toutefois pas une grande notoriété, en raison d'une activité trop courte et d'une discographie très pauvre,
Infernum est toutefois un groupe culte et l'un des pionniers du Black Underground polonais.
Rob
Darken ayant participé sur cet album en temps que claviériste, "Taur-Nu- Fuin" est donc un album à écouter pour les fans de
Graveland, en se référant plus précisément à la première période du groupe. En effet, il s'en rapproche tant par cette crasse qui définit la production que par cette noirceur et cette haine explicites qui caractérisaient le Black pur, froid et atypique de l'époque. En tout cas, que ce soit l'idéologie ou les thèmes abordés, les principes de ces deux formations sont très similaires ; florissant dans un registre pagan, l'anti-christianisme, le rejet du monde moderne et faisant preuve d'un mépris considérable envers la religion, prônant alors les valeurs et les cultures ancestrales, qu'ils n'espèrent pas voir s'éteindre.
A vrai dire, je n'avais pas accroché dès la première écoute, mais à force de persévérance auditive, j'ai su apprécier cet album. C'est dire qu'à l'époque, j'étais assez rebuté par un manque de dynamisme dont souffre l'album et des parties instrumentales loin d'être exceptionnelles. Par contre, ce qui m'a interpellé dès la première écoute, ce sont ces claviers qui confèrent cette atmosphère noire et grouillante, et octroient aux compos une touche atmosphérique. En tout cas, la collaboration de
Darken s'est révélée cruciale, car sans la présence de claviers, cet album serait vraiment plat et dépourvu d'intérêt. Bien que le chant soit efficace, haineux à souhait et reste un atout, c'est toutefois une batterie trop statique qui s'avère parfois lassante ; mais les synthés compensent justement ce vide, qui fait défaut à ce "Taur-Nu-Fuin".
En tout cas, cet album est loin d'être mauvais, et demeure très nocturne et forestier : l'écouter dans les bois est une expérience à faire, si possible à la nuit tombée pour s'imprégner de sa noirceur, et de cet esprit médiévial et païen qui le caractérise. D'ailleurs, "Taur-Nu-Fuin" signifie la "forêt sous l'ombre", autrefois nommée Dorthonion, le « pays des pins », un haut plateau boisé qui fut ravagé par un dragon, dans l'œuvre de Tolkien. D'où ce renvoi à la nature, à l'ancien temps et ce contexte médiéval inspiré par l'album.
Au final, en dépit d'une nonchalance qui se veut trop insistante sur la majeure partie des titres, ce disque n'est toutefois déplaisant à écouter. "Taur-Nu-Fuin" recèle nombre de mystères occultes, de rites païens, qui se retranscriront concrètement à l'écoute de l'album ; étant alors ombragée d'une aura noire et malfaisante, qui se révélera plus amplement lors de son écoute dans l'obscurité. Malgré des défauts majeurs, "Taur-Nu-Fuin" est un bon disque, non loin d'être sensationnel mais qui vaut largement le détour. Un disque d'une grande noirceur, sous sa forme la plus pure, voire plus accentuée que chez
Graveland. Les fans d'albums comme "Thousand
Swords" ou "The Celtic
Winter" peuvent donc y aller les yeux fermés, ils ne seront pas déçus.
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