Tiens! Encore une histoire de vampires. À croire qu’ils existeraient vraiment. N’allez pas vous imaginer de suite qu’il s’agit là d’un énième conte fantastique traitant des fameux stryges d’
Europe de l’Est. On nous renverrait ici à des évènements bien plus sérieux, ceux de l’Histoire avec un grand « H ». On nous rapporterait ainsi que durant les années 30, les vampires auraient été approchés par les autorités allemandes pour inclure les rangs de l’armée du IIIème Reich. Ils auraient apprécié ce geste tendu de la part de simples mortels, même s’ils ne se soucient guère en vérité de la politique des humains. C’est pourquoi certaines unités de l’armée allemande se verront incorporées de vampires. Ceux-ci constitueront même un escadron de stukas. Ces fameux avions d’attaque au sol qui semaient la terreur partout en
Europe. Ils auront ainsi combattu et pris part aux plus grandes campagnes de l’
Axe, au dessus de l’Angleterre, mais aussi en Russie. Une partie des membres de cet escadron se réunissent aujourd’hui pour nous rapporter leurs exploits au sein d’une formation heavy metal. Après un premier EP en 2008 an nom peu singulier de « We Drink
Blood », « Stuka
Squadron » nous vient là avec un tout premier album. « Tales of the Ost » constitue le témoignage de ces exploits ignorés des simples vivants.
L’ouverture « Into the
Breach » nous colle parfaitement dans l’ambiance de la guerre et des vampires. Une atmosphère brumeuse, une lente respiration cruelle, des extraits de radio et des sirènes. Arrive, surplombant l’ambiance, un riff maintenant cette torpeur latente. Situation qui amorce « Tales of the Ost ». L’impression n’est plus alors la même. On nous balance là, à l’immédiat, un riffing inspiré à la NWOBHM. Les sonorités sont effectivement similaires à la scène heavy metal britannique des années 80. Cela s’accompagne donc de riffs continus, d’une lourdeur toute relative. Rien qui pourrait nous terrifier comme sur l’introduction. Cet avant goût d’autrefois va se retrouver sur les chœurs et le chant. Un chant saccadé, assez peu stimulant. Il est possible de penser que « Stuka
Squadron » est en fait un groupe de heavy revival. Des titres comme le long « Zabulon’s
Inferno » nous dirigent vers cette idée. Bien entendu, il faudra faire l’impasse sur son entame et son break de milieu, tous deux houleux. Le morceau fait néanmoins preuve d’un certain dynamisme, même si on pourra vite lui reprocher son côté répétitif, présent surtout au dernier quart. Ce serait la grande faiblesse du combo, des titres parfois trop longs qui donneront l’impression de tourner des airs identiques en boucle. Autre constante, les intermèdes que l’on retrouve communément entre les titres. Ces petits passages d’une ou deux minutes de narration qui n’auront que pour effet d’agrémenter, comme le martial et solennel « The Last Resort », « A
Cross of Iron » avec son fond sonore de combats à l’épée, ou encore la brève ballade acoustique «
Lord of
Valhalla ».
Parmi ces intermèdes, « The
Fall » sera à mettre à part. moment de solitude où se perd un chant, un cri au milieu du désastre et du tumulte de la guerre. Ce chant de James
Duke Fang-Begley n’est pas sans rappeler celui du frontman de «
Grave Digger » Chris Boltendahl au niveau des intonations de voix. Celui-là ne se montrerait pas particulièrement déterminant, comme on pourrait le souligner sur « One Eyed
God King ». Les chœurs ne sont pas en reste non plus sur ce morceau. Leur nonchalance ne correspondrait aucunement à ce qu’on pourrait attendre d‘eux. Vraiment pas convaincant pour un sou. La paire de guitaristes réalise tout de même quelques bons enchaînements. James est pas loin de paraître, exagéré dans son euphorie sur « On the Volga Bridge ». La musique paresseuse ne partagerait pas cet état, sauf sur le passage pré-refrain/refrain revêtant un aspect maidenien beaucoup plus accrocheur. Cette forte coupure entre couplets et refrain se retrouverait également pour «
Tiger I ». En effet les couplets se percevront poussifs et peu attachants, contrairement au passage pré-refrain/refrain plus volatil et aéré. Ce sera un constat encore plus édifiant sur « Lovecraft ». Lourd et insipide sur les couplets, léger et niais sur le refrain. Le groupe combinerait avec des sensations dont tout semble opposer. On peut y voir là de l’audace, un certain sens du risque et de l’imagination. Le résultat n’est cependant que tout moyennement appréciable.
« Stuka
Squadron » affiche des approximations, des imprécisions. On aurait pointé du doigt le chant de James, le jeu parfois redondant de la guitare rythmique de Sir Graveghoul Terrorsound Il ne faut pas oublier de noter la batterie de
King Krol, statique et plate sur la globalité des pistes. Elle fait office quasiment à chaque fois de pétard mouillé. Mais hormis cela, et en gardant à l’esprit qu’il s’agit d’un premier bolide sorti des chaînes de montage de la formation britannique, l’album nous plonge dans une atmosphère intense et surréaliste. Nous pourrons partager les émotions de ces pilotes qui ont en permanence courtisé avec la mort, soit durant des duels aériens, soit durant des phases de bombardement. Le titre « Stuka
Squadron » retrace avec perfection ces instants de combat. Dynamique et captivant. Le seul répit offert à ce puissant déroulement serait le break du milieu, un quasi-silence, suivi d’un chant étrangement sensible et clairvoyant. Côté puissante, « We Drink
Blood » fait plus fort, fleuretant même avec le thrash metal. À cette rare occasion, le chant se révèle investi et performant. Sans doute en raison du rythme saccadé et ambiancé de ce morceau adoptant un ton bien provocateur.
Comme tout bombardement, il y a des dommages collatéraux. « Stuka
Squadron » n’aura pas touché toutes ses cibles. La formation figurerait dans une optique assez similaire à «
Powerwolf ». Sur l’aspect visuel du moins, car musicalement ça n’aurait trop rien à voir. Le concept initial n’est pas si banal que ça en aurait l’air. D’autant plus que le vampire est devenu un vrai produit marketing. Toutefois, pour contredire cette première idée, le groupe a poussé son imagination bien au-delà de simples faits ayant pour scène l’incontournable Transylvanie, ou du duel éculé entre vampires et loups-garous dignes du documentaire animalier. S’il fallait en faire un film, ce serait un mélange d’«
Aviator », de « La Chute » et de «
Dracula ». Assez inédit dans l’ensemble. Le morbide des vampires se mêle au malsain des nazis et de la seconde guerre mondiale. Intéressant vision, mais il reste encore à concrétiser cela par un album de haut vol. Ce qui n’est pas véritablement le cas de ce « Tales of the Ost » se contentant juste de tirer sur des convois exposés.
13/20
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