Tales of Soveena

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17/20
Nom du groupe Emerald Mind
Nom de l'album Tales of Soveena
Type Album
Date de parution 15 Novembre 2009
Style MusicalMetal Symphonique
Membres possèdant cet album9

Tracklist

1.
 The Ripper
 04:44
2.
 The Flying Dutchman
 05:21
3.
 Winter
 07:04
4.
 Gothmog
 03:04
5.
 This Dying World
 04:05
6.
 Sweet Poison
 04:22
7.
 Breathless Kiss
 05:03
8.
 Revenge of Princess Olga
 05:47
9.
 Lyric of My Soul
 09:00

Durée totale : 48:30

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Emerald Mind


Chronique @ ericb4

21 Mai 2016

Un sculptural et émouvant effort en guise de préambule...

C'est dans une énergie de longue haleine que s'est construit pas à pas le génie créateur de ce groupe russe encore discret sur la scène power metal à chant féminin pour nous octroyer, après six ans d'une intense et approfondie recherche en studio, les quarante-huit minutes de cet initial album full length. Inspiré par les travaux de Therion, Aesma Daeva, Amberian Dawn, Stratovarius, Dream Theater entre autres, le combo, originaire de Vladivostok, créé par Alexey Volin (compositeur, claviériste et guitariste) et Andrey Berezov (basse), s'est rapidement octroyé les talents de la soprano Svetlana Vysotskaya et du batteur Viatcheslav Oleynik pour se produire sur la scène locale, peu avant le départ d'Andrey. Aussi, le groupe a-t-il ensuite laissé de côté les planches pour se consacrer totalement à la réalisation des neuf pistes de cet effort, enregistrées avec minutie et professionnalisme fin 2008, ayant alors pu se forger les prémisses d'une identité artistique, technique et vocale.

Le souci du détail et des finitions transpire par tous les pores de cette généreuse offrande, à commencer par l'artwork au trait soigné et aux tonalités mystico-romantiques de la pochette. Un livre ouvert en contre-bas attire le regard, nous faisant signe de nous plonger dans chacun des chapitres de « Tales of Soveena ». Une fois le cd extrait de son emballage et introduit dans le boîtier de la platine, on entre alors au cœur d'un propos power metal à la fois progressif et mélodique, avec une touche symphonique gothique, à l'instrumentation luxuriante, mélodiquement avenant et vocalement efficace. Mais entrons sans plus attendre dans le vaisseau amiral pour tenter d'en déceler quelques trésors, et il se pourrait bien que la recherche se révèle loin d'être infructueuse...

Premier constat : Ce sont les passages les plus vitaminés qui attirent le pavillon, l'émoustillant bien souvent par moult frasques instrumentales, une franche lumière mélodique et une onde vibratoire nous étreignant progressivement au fil de leur déroulement. Ce faisant, embarquons à bord du navire et découvrons « The Ripper », frondeur titre power mélodique dans le sillage d'un Therion des premiers émois. Des riffs épais et amples assistent une placide rythmique eu égard à un cheminement harmonique fort engageant, mis en habits de lumière par les sculpturales et chatoyantes envolées lyriques de la déesse, à mi-chemin entre la tessiture particulière d'Heidi Parviainen (Dark Sarah) et les oscillations en voix de poitrine de Lori Lewis (Therion, Aesma Daeva). De plus, on ne pourra esquiver un plantureux et habile solo de guitare signé Alexey, dans la lignée de Stratovarius sur fond de vénéneuses rampes au synthé, le tout exécuté avec inspiration. On traverse alors le fleuve mouvementé sillonnant une forêt orchestrale qui, progressivement, s'embrase pour finir crescendo. Dans cette lignée, le diluvien et percutant « Revenge of Princess Olga » lâche les chevaux pour une folle embardée power progressive, au son d'une lead guitare au picking alerte, le long d'un fleuve souriant mais aux forts courants sous-jacents et ascendants. Le sillon harmonique se fait invitant quelque soit le compartiment du fuligineux instant, extasiant en l'enveloppant littéralement le tympan, non sans rappeler Epica. Un pont technico-mélodique autorise une libre circulation d'un soliste fort bien inspiré, avant qu'une somptueuse reprise sur le refrain ne l'aspire, la déesse sachant feutrer l'ambiance eu égard à ses émouvantes envolées lyriques, pour clore le chapitre en apothéose.

Le combo s'est également montré entraînant, notamment lorsqu'une influence symphonique se mêle à l'assise power progressif originelle, pour un résultat tenant toutes ses promesses. Ainsi, de fins arpèges au piano contrastent avec les riffs acérés contenus à l'abord de « The Flying Dutchman », entraînante piste power symphonique progressive, pléthorique en variations, en blasts, plaçant le combo dans le sillage atmosphérique de ses maîtres inspirateurs, Therion en tête. Quant aux aériennes volutes oratoires de la belle, elles s'intègrent parfaitement à la complexe structure du morceau. Ce faisant, elles n'auraient rien à envier à celles de ses consoeurs, la déesse s'autorisant à y adjoindre un zeste de puissance en voix de poitrine en plus de sa déconcertante aisance à toucher du doigt les notes haut perchées et à nous émouvoir par là-même. Qui plus est, la ligne mélodique délicatement composée nous propulse gaiement dans cette émoustillante traversée océanique. Et ce n'est pas le rayonnant solo de guitare, non sans rappeler Dream Theater, qui nous fera lâcher prise, loin s'en faut. Le convoi orchestral, gagnant en densité et en luxuriance, nous incitera d'autant plus à attendre la note ultime de ce réjouissant spectacle.

A ses heures, le groupe s'est calé sur une rythmique plus hachée, saccadée, voire heurtée, pour faire valoir ses gammes et ses arpèges. Un profond et délicat piano nous accueille sur l'aérien et virevoltant « This Dying World », piste power mélodique évoluant sur une rythmique syncopée et un riffing acéré. Bien que le dénouement tarde à se mettre en selle, on ne résistera pas bien longtemps au voluptueux parfum de l'enveloppe charnelle des refrains se déversant avec fluidité sur notre passage, mis à l'honneur par une interprète au faîte de son art. Un solo de guitare bien enlevé vient taquiner le maître instrument à touches pris dans ses gammes, les deux instrumentistes octroyant des jeux de correspondance aussi subtils qu'inattendus et fermant la marche. Dans un même mouvement, une rythmique massive et syncopée suivie de gimmicks effilés nous assaillent tout de go sur « Breathless Kiss », vrombissante piste power sympho aux insoupçonnées variations harmoniques et aux riffs fouettants, non sans rappeler un Nightwish de la première heure. Cette fois, la soprano a élargi son spectre vocal d'un octave, conférant à ses patines oratoires davantage d'ampleur et de fluidité, taquinant les notes les plus abyssales comme les plus célestes avec maestria. Dans le sillage de Lori Lewis, avec un zeste de Melissa Ferlaak (ex-Echoterra, ex-Aesma Daeva, ex-Visions Of Atlantis), elle fait onduler ses vibes avec finesse, nous imprégnant d'autant plus aisément qu'elle se cale sur une ligne mélodique invitatoire au déclenchement d'une émotion subreptice.

Par moments, le collectif russe a ralenti la cadence, sans y perdre sa pugnacité qui en fonde sa singularité. Aussi, on entre prestement dans une tourmente instrumentale qui soudain s'interrompt pour laisser la maîtresse de cérémonie nous conduire en douceur dans l'univers enchanteur de « Winter », incisif mid tempo power progressif. Le tracé mélodique dans l'ombre d'Aesma Daeva s'avère bien customisé et offre quelques délectables passages, au sein duquel la cavalcade instrumentale, après quelques tours de chauffe, s'épandra dans l'espace sonore eu égard à une large profusion d'effets. Conjointement, les angéliques impulsions de la sirène s'intensifient d'un cran tout en étant parfaitement ajustées, rappelant les premiers élans d'Heidi chez Amberian Dawn. On reste soufflé par l'équilibre atteint entre ferveur percussive, prégnance rythmique, précision des harmoniques et lignes de chant épurées et immersives. Bref, une riche fresque qui fleure bon la symbiose des éléments pour le plus pur plaisir de nos sens.

Le groupe achève son périple par un exercice de clôture classique dans ce registre, à l'instar d'une généreuse pièce progressive, plutôt rondement menée. Ainsi, les neuf minutes de la fresque « Lyric of My Soul » nous plongent dans une subtile et jouissive ronde des saveurs, nous amenant à parcourir un titre power progressif polyrythmique, haut en couleurs mélodiques et où les instrumentistes sont en parfaite osmose, la déesse complétant l'offre de ses radieuses impulsions semi-lyriques. Lorsque le convoi prend l'ascendant, on est happé par la tourmente et on sent poindre l'appel du grand large pour le ravissement optimal de nos sens. Soudain, un arrêt s'impose, permettant à l'ensemble de repartir de plus belle sous le joug des assauts oratoires répétés de la douce, infiltrée dans un cheminement mélodique immersif, s'autorisant en bout de piste l'élévation de sa prestance jusqu'à atteindre, comme rares l'ont fait avant elle, la note « qui tue ». Bref, si un temps d'adaptation semble requis pour en déceler la substantifique moelle de l'acte, la magie opère, assurément.

Dans cette rayonnante production, n'y aurait-il pas d'ombre au tableau ? Dans cette profusion de plans techniques et esthétiques plutôt engageants, on y décèle, en effet, deux bémols à la décharge de nos acolytes, à l'image de pistes qui, loin de paraître anecdotiques, se sont avérées moins fructueuses en termes d'immédiateté d'adhésion. Ainsi, d'une part, le véloce et épique « Gothmog » rappelle Amberian Dawn au regard de ses riffs agissant en véritables rouleaux compresseurs, de sa rythmique plombante et surtout de sa charismatique assise vocale calée dans les médiums. C'est brut de décoffrage, ça envoie sévère et l'on se prend au jeu, même si le cheminement mélodique s'avère un poil linéaire. D'autre part, quelques notes orientalisantes infiltrent « Sweet Poison », vivifiant instant où la belle partage le micro avec un comparse en voix claire, dont la présence ne se justifie pas dans l'absolu. Un peu déroutant sur les couplets, le titre se montre plus efficient sur les refrains, mais peine à nous retenir plus que de raison. On l'aura compris, à l'instar de ces deux passages, malgré leurs mérites, on se situe en-deçà de leurs voisins de bobine.

On comprend dès lors que le talentueux collectif a placé la barre haut et l'assume pleinement. Même si quelques petites irrégularités harmoniques et l'une ou l'autre longueur ternissent un peu le propos, ce premier effort, de par la qualité de composition et de prestation vocale, ses truculentes variations, ses accords finement ajustés, ne laissera que peu d'indifférents parmi les amateurs de power progressif symphonique à chant féminin lyrique. Et, fait suffisamment rare pour être souligné, pour nous rallier à sa cause et contrairement à nombre de ses homologues stylistiques, le combo a fait le pari de ne dispenser aucune ballade. Force est de reconnaître qu'il est parvenu à ses fins, nous aspirant souvent par le truchement d'une profusion d'arrangements de bonne facture, de lignes mélodiques à l'esthétique quasi imparable inscrites dans la trame de la plupart des pistes, de jubilatoires soli de guitare assortis de sillons vocaux des plus magnétiques qui soient. En fait, les douceurs sont à chercher en filigrane et à apprécier dans leur jus au sein même de certaines plages, même parmi les plus inattendues.

Carton plein donc ? Presque... Sans véritablement faire preuve d'originalité, le combo n'en réserve pas moins quelques effets de surprise et une palette étoffée d'atmosphères et de plans techniques, dont quelques gemmes en substance. A condition de digérer encore plus largement ses sources d'influence, bien qu'apposant déjà son sceau sur l'ensemble de l'oeuvre, Emerald Mind y gagnera en épaisseur artistique. Ce qui valorisera d'autant le réel potentiel transpirant sur la quasi totalité du skeud. Pour l'heure, on pourra se délecter de cette profusion de féériques instants dont le groupe a le secret. Un encourageant effort qui en appelle de ses vœux un second du même acabit !...

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