Civilization

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17/20
Nom du groupe Emerald Mind
Nom de l'album Civilization
Type Album
Date de parution 28 Août 2015
Style MusicalMetal Symphonique
Membres possèdant cet album5

Tracklist

1.
 Another Life
 05:43
2.
 Secrets
 04:35
3.
 Astronaut in Her Space
 05:07
4.
 Theater
 05:29
5.
 Civilization
 04:37
6.
 Save Me for the Moon
 06:01
7.
 When Storm Clouds Talk
 05:26
8.
 Early Morning
 05:49
9.
 Neverend
 06:50

Durée totale : 49:37

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Emerald Mind


Chronique @ ericb4

22 Mai 2016

Coup de maître pour le combo russe à l'aune de cette seconde offrande...

Les années ont passé et voici qu'une onde vibratoire insufflée de Russie, qu'on croyait à jamais noyée dans les ténèbres, renaît de ses cendres... Six ans déjà que le combo originaire de Vladivostok nous avait octroyé une initiale et rayonnante production longue durée à l'image du plantureux « Tales of Soveena », opus auto-produit et inspiré par les vibes de Therion, Amberian Dawn, Stratovarius, Dream Theater, Aesma Daeva, pour ne citer que quelques sources. Infiltré par les mêmes courants d'influence et oeuvrant toujours dans un power progressif à la touche sympho mélodique, le collectif russe remet le couvert à l'aune de cette seconde offrande full length, du même tonneau atmosphérique et mélodique et d'une durée similaire (cinquante minutes environ) au précédent effort. A la différence près que tant le line-up que les thématiques des neuf pistes de l'opus ont subi quelques modifications. Que nous ont alors réservé comme accueil nos acolytes à l'aune de ce « Civilization » ?

Tout d'abord, d'importants changements de line-up se sont opérés. Actuellement, ce sont Svetlana Vysotskaya, émérite soprano et fine parolière, et Alexey Vaulin, compositeur chevronné, redoutable guitariste, claviériste et programmeur, qui tiennent seuls les rênes de la diligence. Aux fins de leur projet, ils ont également requis les talents conjoints du batteur Artem Zhibar, du bassiste Ivan Gritskevitch et du trompettiste Konstantin Stukov (sur « Early Morning »). De cette collaboration, on en décèle une cohésion groupale indéfectible, un juste équilibre entre instrumentation pléthorique et passages plus sobres, avec, en ligne de mire de rester rivés sur des sillons mélodiques aussi engageants que sur leur premier élan, avec quelques variations supplémentaires et toujours en phase avec des plans rythmiques souvent soutenus. La mise en valeur de la galette repose sur une « production maison » prodiguant un enregistrement de très bonne qualité, un mixage autorisant une péréquation de l'espace sonore entre les parties instrumentales et vocales en présence, des enchaînements propres eu égard à une tracklist homogène et un souci du détail déjà perceptible dans leur première livraison.

D'autre part, ici également, l'artwork de la jaquette est soigné, laissant percevoir une jeune fille de dos dotée d'ailes et se tenant aux cordes de feuilles d'une balançoire dans un cadre naturel. On comprend qu'on évolue dans un monde onirique, les paroles évoquant cette dimension de l'être, à travers une réflexion sur la nature et le monde qui nous environne. En outre, il est question de la perte de notre candeur en grandissant, dans un monde moderne où le rêve n'aurait qu'une place restreinte, d'où ces autres mondes que l'on se forge et qui ont toute leur raison d'être pour notre équilibre. Et ces rêves seront aussi réels que le monde éveillé aussi longtemps que nous y croirons. On comprend que les dimensions artistique et philosophique s'intègrent parfaitement dans le message musical délivré, que nous allons parcourir sans plus attendre.

Comme sur le précédent opus, ce sont les passages les plus incisifs et progressifs qui retiennent l'attention, constituant la singularité stylistique du groupe. Ainsi, le véloce « Another Life », titre power progressif et symphonique abondant en blasts et riffs écornés, nous plonge dans un bouillonnant bain rythmique, le long d'une magnétique ligne mélodique dans le sillage d'un Nightwish de la première heure. Au cœur de cette plantureuse instrumentation, la sirène, avec de faux airs de Tarja dans les allonges de notes, nous embarque dans de fluides oscillations calées dans les médiums, sachant câliner le tympan, que ce soit sur les sculpturaux couplets ou sur les aériens refrains. Un pont technico-mélodique fait cohabiter un fougueux piano et une vénéneuse lead guitare sur fond de soyeuses nappes synthétiques. Une reprise graduelle sur le refrain s'opère, l'ensemble gagnant en intensité percussive, avec un martelant tapping en substance, sans y perdre en lumière mélodique, l'empreinte vocale de la douce, s'élevant d'un cran, parachevant de nous convaincre de rester jusqu'à la clôture de l'acte. Bref, on navigue en plein rêve éveillé. De son côté, l'offensif et entraînant « Secrets », piste power progressif, dissémine des perles de pluie au piano avant de laisser le lead guitariste s'exprimer eu égard à un alerte picking. Non sans rappeler Dark Sarah, la structure rythmique est plombante et d'une régularité pendulaire, chevauchée par des riffs acérés, où les volutes oratoires de la belle se calent avec grâce et opportunisme, à la manière d'Heidi Parviainen. Un pont interrompt le fil de l'épique traversée, puis, le morceau redouble d'intensité, s'enfiévrant littéralement, tout en suivant un cheminement harmonique hautement sécurisé. Un soufflant instant transfiguré par une interprète au faîte de son art et qui laisse bien de chances, même aux plus récalcitrants, de rester en retrait bien longtemps de cette scène.

Parfois, la touche prog est moins marquée, laissant l'empreinte symphonique lui emboîter le pas. Ainsi, de flamboyants assauts guitaristiques nous introduisent dans le monde onirique de « Astronaut in Her Space », frondeuse piste power symphonique non sans rappeler Amberian Dawn. Des riffs échevelés arc-boutés sur une massive rythmique s'offrent sur ce mid tempo, que l'on suit de bout en bout sans sourciller. Tant pour ses sulfureuses séries d'accords que pour les habiles et soignées prestations de la diva, cette plage nous aspire malgré nous, où que l'on se trouve dans le convoi. Des changements de tonalité et moult variations harmoniques et vocales subliment un titre à l'écriture affinée, d'une redoutable efficacité mélodique. Un instant que l'on ne quitte qu'à regrets. Dans cette mouvance, l'entraînant power sympho « Save Me for the Moon » lance son armada de riffs corrosifs que suit une section rythmique mordante, qui, par contraste, desserre par moments l'étreinte. Ce faisant, le truculent cortège instrumental évolue sur un souriant cheminement mélodique, que les troublantes impulsions de la déesse, à mi-chemin entre Tarja et Heidi, contribuent à magnifier. Investies avec charme sur les couplets et délivrées avec emphase sur les refrains, ses envolées nous empoignent sur ces moments éminemment captateurs de notre fibre émotionnelle. Un break opportun s'installe brièvement avant de se faire submerger par une déferlante sur la crête du refrain, enjolivée par la céleste présence de la soprano. Magique...

Par ailleurs, le combo nous embarque dans des plans rythmiques diffus, tout en restant calé sur une assise power prog ou sympho. Ainsi, des riffs musclés nous accueillent sur « When Storm Clouds Talk », enchanteur morceau polyrythmique où se déploient à la fois un gracile piano, une lead guitare à l'expert délié et des nappes synthétiques enveloppantes dans un ballet incessant, tournoyant et hypnotique. La ligne de chant, d'une clarté immaculée et d'une précision d'orfèvre, se prête parfaitement à l'exercice, évoluant en d'angéliques espaces, qu'elle partage avec une présence masculine en voix claire en arrière-fond. Présence dont elle aurait gagné à faire l'économie, nivelant d'autant le duo au lieu de l'élever comme on l'aurait espéré. Des changements de tonalité captent d'un battement de cils l'attention et permettent à la belle de s'extirper de toutes contingences matérielles, pour un voyage en totale apesanteur. Enfin, du haut de ses sept minutes, « Neverend » se révèle être une ensorcelante et épique fresque polyrythmique, renfermant son lot de surprises techniques et harmoniques, avec des arrangements d'excellente facture et de nombreux changements de tonalité, dans l'esprit de Dream Theater. Couplets bien customisés et refrains chatoyants alternent dans une délectable ronde de saveurs mélodiques. En outre, un solide solo de guitare attire le pavillon alors que les graduelles et ondulantes inflexions de la maîtresse des lieux n'ont de cesse de stimuler en nous l'appétit d'immédiateté sur cette pièce exigeante. Enfin, un joli dégradé de l'intensité sonore nous fait quitter le gemme en douceur. Bref, un exercice relevé de main de maître poussant irrémédiablement à l'addiction.

Le collectif a aussi veillé à ralentir la cadence, de deux manières différentes, pour faire valoir ses gammes. Aussi, dans le veine d'Aesma Daeva sur le plan harmonique, le vitaminé et orientalisant « Theater », mid tempo power sympho gothique, nous octroie des riffs effrénés étreignant une épaisse rythmique, non sans évoquer Stratovarius. A la croisée des chemins entre Heidi et Lori Lewis, la déesse assoit ses ondulantes patines oratoires avec aisance, qu'elle se plait à allonger sur les refrains, les rendant d'autant plus attractifs. Difficile de rester de marbre face à cette débauche d'énergie parfaitement sous contrôle conjuguée à une ligne mélodique emplie de nuances invitatoires au voyage de nos sens. Pour sa part, le titre éponyme, « Civilization », léger mid tempo d'inspiration pop/rock, distribue à la volée ses clairs et graveleux arpèges de guitare, prestement aspirés par un ascendant courant organique. Là encore, l'empreinte mélodique s'infiltre en nous pour nous happer sans l'ombre d'un iota, notamment sur le refrain, d'une rare force émotionnelle. Esquissé par une maîtresse de cérémonie bien habitée, muée pour l'occasion en élégante poprockeuse, ce subtil morceau déverse ses féériques vibes dans nos tympans alanguis pour ne plus nous lâcher.

Enfin, le groupe n'a pas omis quelques moments tamisés, exercice non encore expérimenté jusqu'alors. Aussi, une trompette aux fines variations nous interpelle sur la longueur de « Early Morning », suave ballade aux séries d'accords originalement distribuées, glissant d'un léger pas de danse au fil d'un tracé mélodique plutôt agréable à défaut de se montrer imparable. C'est par touches successives que s'opère l'adhésion sur une piste à la fois feutrée et mordorée. Un sensible piano s'intercale sur un pont relayé avec les honneurs par une enivrante présence vocale doublée d'un solo de guitare des plus réjouissants. L'orchestration amorce une lente mais sereine progressivité pour nous mener en de célestes espaces peuplés de chimères, où Svetlana, en parfait clone d'Heidi, par ses spectaculaires et angéliques modulations, embrigadera plus d'une âme rétive. Dans ces conditions, on comprend qu'il serait vain de résister à l'appel de la sirène.

On ressort de l'écoute de cette rondelle conquis tant par le professionnalisme affiché que par le brio transpirant dans chaque partition, chaque portée, chaque note de l'opus. L'attente fut longue mais est récompensée par une pièce en actes d'une réelle efficacité, techniquement éprouvée, mélodiquement travaillée, sans fausse note ni résidu sonore. En outre, cette seconde proposition reflète de sérieux efforts de recherche technique, harmonique et esthétique en studio pour que le spectacle soit au rendez-vous de nos attentes. La plupart des exercices du genre ont été passés au crible et restitués avec panache, nous faisant bénéficier d'une belle profondeur de champ acoustique, par là-même.

Il leur faudra certes s'affranchir de leurs modèles identificatoires pour conférer une réelle identité à leur œuvre, mais nos acolytes ont pu prouver qu'ils avaient de la ressource, notamment en matière d'écriture, et que rien, absolument rien, n'a été laissé au hasard. Ce faisant, la logique de succession des pistes est d'une rigueur organisationnelle telle que jamais ne guette la moindre désaffection. Pas de remplissage techniciste superflu, ni d'inconsistants instrumentaux, ni d'excès de douceur, juste d'authentiques sonorités, des arguments clairs et mis en valeur, sans ornementation ostentatoire. Bref, carton plein, cette fois, pour le combo russe ! Un album que l'on ne pourra que recommander aux amateurs de power progressif, symphonique et mélodique à chant féminin.

Aussi, la concurrence n'a qu'à bien se tenir et les chefs de file renouveler leur garde-robe s'ils ne veulent pas être rattrapés par cette vague de submersion massive venue de Russie... Selon le vieil adage, jamais deux sans trois... Espérons simplement ne pas avoir à attendre six autres longues années !...

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