Un brûlot, un monument de violence occulte, une œuvre intrinsèquement maligne. Voilà comment qualifier cet album. Si «
The Calling Depths » était déjà très bon et présageait d’un bel avenir pour
Lvcifyre, sur
Svn Eater le groupe réussit à sublimer sa musique, et sur ce nouvel album, il a sans doute définitivement trouvé sa voie. Mine de rien, pas mal de nouveautés donc depuis le précédent opus, et une volonté manifeste des musiciens d’épaissir leur musique et les ambiances qui vont avec.
Mais procédons dans l’ordre. Pour commencer, la pochette, superbement réussie. Il s’agit d’une œuvre de T.Ketola, entre autre connu pour avoir réalisé les visuels de plusieurs boucheries des poitevins de
Deathspell Omega, dont l’innommable Fas Ite Maledicti In Ignem
Aeternum. Et pour être clair, ce que l’on voit sur la pochette de
Svn Eater, c’est ce qu’on entend lors de la lecture du disque. Une œuvre bouillonnant telle les enfers, avec comme première différence avec «
The Calling Depths », une prod' ultra compacte et brumeuse, qui sert à merveille les ambiances distillées sur la galette. De plus elle sublime le mur de son blasté dont nous gratifie le batteur, véritablement jouissif. Le riffing gagne lui aussi en opacité et en épaisseur, délivrant même quelques brèves leads vicieuses par-dessus les rythmiques écrasantes et supersoniques (« Fiery Spheres of
Seven ») le tout ne pouvant que glacer l’échine. Mais le groupe réussit également à placer quelques breaks bien pensés qui lui permettent de repartir de manière encore plus furieuse, encore une fois comme sur « Fiery Spheres of
Seven » ou semble résonner au loin, dans la lande, une mélodie décharnée annonciatrice d’une victoire prochaine des ténèbres.
Lvcifyre sait aussi tout simplement ralentir le tempo à l’image du début de « Nekvomanteion », qui bénéficie d’ailleurs également d’un solo fort sympathique et inspiré, le seul du disque à l’être, d’ailleurs, les autres étant bien moins mémorables, dommage. Une œuvre résolument noire donc, entièrement dédiée au malin.
Et c’est finalement là la vraie différence avec le précédent album ; c’est plus rapide, plus noir, plus dissonant ( ce critère tient un rôle primordial sur «
Svn Eater » ), plus homogène et plus compact, sans pour autant être trop linéaire, le disque étant parsemé de moments terriblement prenants et mémorables qui empêchent toute lassitude. Mais c’est par conséquent un peu moins efficace lors des premières écoutes, et aussi moins accessible. Aux auditeurs, finalement, de choisir (si besoin est, évidemment) leur camp, entre deux disques quoi qu’il en soit excellents. Pour continuer sur les « nouveautés », le premier titre, en partie « atmosphérique » est révélateur de cette envie de travailler davantage les ambiances, et peut paraître long et sans grand intérêt si l’on n'accroche pas. Encore une fois ici, chacun fera son choix.
Mais il reste un point non abordé, outre celui de la basse relativement basique et sans intérêt autre que celui du relief sonore, c’est le chant. Peut être le plus gros point fort du disque, véritablement possédé, incantatoire, parfois même effrayant. T.
Kaos a un growl proche par moment de celui de
Karl Sanders (
Nile), ultra profond donc, alors que Mark of the
Devil (Cultes des Ghoules) fait une prestation tout aussi incroyable sur cinq titres, en tant que guest, et dans un registre bien plus black mais tout aussi possédé (voire plus).
Ce «
Svn Eater » est donc un album ou l’atmosphère est primordiale, et requiert un auditeur pleinement concentré, du moins lors des premières écoutes, pour rentrer dans le disque et assimiler ce tourbillon étouffant de violence et de noirceur qui peut paraître illisible au premier abord, de par ce côté compact et homogène. Mais outre ces éventuelles divergences de goûts, «
Svn Eater » restera indubitablement comme l’un des grands albums de Death en cette année 2014, et surtout l’un des plus noirs et sincères.
Sinon ta chronique est bonne niveau contenu et décrit bien ce disque d'une profonde noirceur que personnellement je n'arrive toujours pas à apprécier pleinement hélas...
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire