Souvenons-nous de
Force Majeure et de son piètre Saints of
Sulphur qui au-delà d'une musique peu à même de nous séduire nous laissait découvrir un chanteur, Ricky Tournee, dont les prestations étaient sinon embarrassantes tout aux moins discutables. Il y avait, en effet, dans l'expression de cet artiste quelques faiblesses en des aigus manquant singulièrement de prestances. Celles là même qui caractérisent parfois certains vocalistes Italiens. En outre il y avait aussi dans le timbre de cet interprète quelques intonations communes avec les
Andre Matos (ex-
Angra,
Viper...), Klaus Dierks (
Mob Rules), Tony Mills (Ex-
Siam, ex-
TNT...) et surtout Terrence Holler (
Eldritch) dans ces exhortations à la fois "frêles" et "fragiles". Bien évidemment, ce constat tout à fait subjectif ne saurait établir une vérité unilatérale sur les qualités de ce chanteur. Après tout chacun est bien libre d'apprécier ce que bon lui semble.
Mais pourquoi un tel préambule ? Tout simplement parce que le Ricky Tournee de
Force Majeure et le Riku Turunen d'
Enforce ne sont qu'une seule et même personne. Les mêmes causes produisant les mêmes effets autant dire que les chants de ce
Superhero Diaries - Part I, premier effort de ce quintette originaire d'Helsinki, seront, eux aussi, très critiquables.
Ne soyons cependant pas exagérément aprioristes et laissons une chance à ce disque.
I'm a Hero et
Gift of
Prophecy sont une entame très intéressante puisque fort de ces riffs très légèrement teintés de cette âpreté propre aux mouvances plus extrêmes, ils parviennent aisément à nous convaincre. S'agissant de ces aspérités on peut aisément imaginer qu'elles sont l'œuvre de Matias Vilkko et de ces accointances Thrash
Metal qu'il exerce au sein de
Bonesaw. Malheureusement ces rugosités, donnant assurément cachet et relief au propos de ce groupe, seront ensuite nettement plus succinctes, voire même absentes laissant place à un
Power Metal relativement classique évoluant sur les chemins foulés par les
Skylark,
Projecto,
Desdemona,
Edguy,
Pandaemonium,
Stratovarius,
Insania ou autre Shadows Of Steele. Une musique donc où claviers, pour ne pas dire clavecins baroques, cavalcades effrénées de doubles-croches sur doubles grosses-caisses et refrains fédérateurs seront de rigueur. Et ce ne sont certainement pas les quelques sonorités cybernétiques présentes ici et là qui parviendront à contrecarrer l'aspect très convenu de ce méfait.
Néanmoins, a contrario des travaux de Jussi Reuhkala et de ses comparses, ceux d'
Enforce gardent une certaines cohérence et une certaine tenue. Ici donc point de mélanges outranciers et maladroits, point d'accents malvenues, points de changements inopinés. D'aucuns pourraient d'ailleurs y voir un certain classicisme et le déplorer. Saluons cependant cette cohérence. Saluons également l'absence ici de ces volutes symphonico-orchestrales fatigantes et de ce vernis heroico-fantaisiste épique désormais omniprésent. Ou encore de cette mièvrerie ultra-mélodique dont usent parfois certaines formations peu inspirées.
En derniers lieus notons que les interventions de Matias Vikko et d'
Ade Manninen sont plutôt intéressantes et notamment en quelques soli relativement convaincants (comme sur Moment of Darkening par exemple ou sur Unaware).
Au coeur de cet académisme au résultat certes pleinement maitrisé mais totalement dispensable, seul l'étonnant
Dawn Damage dont l'aspect très orienté seventies, et ce notamment grâce à ces passages de synthés très connotés, viendra quelque peu éveillé notre attention désespérément ankylosée par le traditionalisme d'une telle démonstration.
Superhero Diaries - Part I est donc un album comme il en existe pléthore aujourd'hui. Il défend avec un flegme assumé et une adresse imparable un
Power Metal agréable à l'écoute, mais qui toutefois, une fois terminé, ne laissera aucune trace tangible dans l'esprit de l'auditeur assommé par un tel conformisme.
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