Une fois n'est pas coutume, c'est à propos d'une compilation que nous allons écrire aujourd'hui. Ce bel objet, constitué d'un CD emballé dans un format 7" avec dépliant cartonné, 2 posters, flyers et descriptif de l'historique du groupe en plus des traditionnelles paroles est vraiment classieux et fera bonne figure sur les étagères de nombre de thrashers qui découvriraient ainsi ce groupe Chilien. Regroupant la démo
Fraud In The Name Of God (1989) et l''album
Sunset of the End sorti en format cassette en seulement 500 exemplaires en 1990, l'objet est sorti en 2013 chez Proselytism Records qui a effectué un travail remarquable de présentation. Le tout remasterisé propose plus d'une heure et quart de thrash metal hyper sanguin, à la limite du bestial, et ô combien débridé.
Sunset of the End est clairement à ranger aux côtés de
Insanity,
Armoros,
Epidemic et toute la clique énervée du thrashmetal underground de la fin ds 80's. Rythmiques assassines, breaks brise-nuques, voix arrachée (Alberto Leyton a un peu le même timbre que Don Doty) ou hurlée bourrée de réverb' mise en avant dans le mix, martèlement de fûts dont on peut entendre les peaux malmenées, on a ici un vrai maelstrom de notes dont la dextérité et la sauvagerie sont remarquables. Si les influences sont assez faciles à déterrer (
Dark Angel,
Possessed), n'oublions pas que
Apostasy vit le jour en 1988, et ne fut sans doute pas particulièrement à la pointe de l'information au fin fond de Valparaiso dans son Chili natal. Parfois un peu horrifique dans ses ambiances (le début de "Oneiric Storm" et ses chuchotements),
Apostasy ne rechignait pas à user de passages instrumentaux ou acoustiques (4 dans l'album, quand même, montrant un Christian Silva très inspiré) pour renforcer la musicalité déjà présente dans les nombreux soli de son premier disque. Même si on sent que le groupe lâche les chevaux sans ménagement (le furieux "
Banished From Sanity" et son départ Mach2), il n'empêche que le remaster pondu par le groupe permet de tout entendre et restitue parfaitement la sauvagerie débridée du style, permettant une écoute des plus agréables.
La seconde partie de l'album présente la majeure partie des moments instrumentaux, pouvant à priori déséquilibrer quelque peu le séquencement de l'album. Mais l'instrumental "
The Great Apostasy", à base de riffing entêtant (on lorgne vers le
Slayer de 1985) avec multiples boucles, enchaîne directement sur l’effréné "At
The End Of The New
Testament" de plus de 8 minutes sans aucune seconde à jeter, renvoyant au fameux Black Prophecies de
Darkness Descends, avec une intensité comparable. Notons par ailleurs l'influence de
Celtic Frost sur le menaçant "
Addicted's Tribulations" avec son riff lancinant initiant un morceau fleuve là aussi de près de 8 minutes. Comme le final "The
Night" ne dépareille guère dans le bouillonnement général, il est indéniable que
Apostasy a réalisé là une oeuvre gagnant à être connue par les fans les plus exigeants en thrash extrême des 80's.
Un mot sur la démo, dessert de cette compilation, qui reprend 3 des titres de l'album ("The
Night", "
Deceased In
Funeral" et "
Fraud In The Name Of God") plus une intro. Étrangement, elle possède un accordage plus bas que l'album, lui donnant une coloration plus deathmetal sur la forme, même si le propos reste furieusement thrash. Elle est intéressante à écouter également, les morceaux prenant une orientation légèrement différente, plus obscurs. Pour le reste, on touche là à la crème du thrashmetal le plus vindicatif, inspiré par le second album de
Dark Angel (pour citer l'influence la plus évidente) tout en restant lisible et produit de main de maître. Sont forts ces Chiliens.
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