J'avais découvert
Blood of Kingu par un album selon moi décevant, "De Occulta Philosopha". Bien foutu, intéressant dans la démarche, certes, mais chiant à en mourir et doté d'une production très moyenne. J'avais mis ces facteurs sur le compte d'une faiblesse ou d'un excès de paresse de la part de Roman Saenko. Le bonhomme est en droit d'être fatigué, après tout. En effet, nous servir à la fois du folklore ukrainien dans
Drudkh, des salades et délires nietzschéo-nazi (oui oui, Arno Brecker ne sculptait pas pour les bisounours) dans
Hate Forest et du
Dark Ambient aussi profond qu'une pataugeoire avec
Dark Ages, il y a de quoi être éreinté.
Blood of Kingu, donc, est un projet parallèle de notre cher crâne rasé. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ce disque est bien le plus intéressant parmi tout les projets que cumule le musicien. Oui, je n'apprécie pas vraiment
Drudkh (à part "
Autumn Aurora", fabuleux), ni
Hate Forest, ni
Dark Ages, mis à part deux-trois titres, m'ont toujours fait bailler. Saenko a en quelque sorte réussi le pari de prendre un peu de chacun de ses projets pour composer ce second album de
Blood of Kingu.
Imaginez la violence froide d'
Hate Forest forniquant avec les relents folkloriques de
Drudkh en pensant très très fort aux ambiances de
Dark Ages : vous aurez une idée de ce qui vous attend sur "Sun is in the House of the Scorpion". En même temps, quel line-up, mes amis, quel line-up ! Membres de
Drudkh,
Lucifugum et d'
Astrofaes, ce n'est pas rien. La petite famille du Black ukrainien se retrouve donc sur cet album, et croyez moi, la réunion fait des étincelles.
La production est cette fois-ci excellente. Les murs de guitares grondent de manière effrayante, la batterie est mise très en avant, alternant blast-beats et lignes de double-pédale, et nous retrouvons, comme toujours, le timbre de voix typique de Roman Saenko, grondements d'outre-tombe sourds.
Leur musique n'est cependant pas un matraquage incessant ni une masturbation de manches sans fin : plutôt que de vous écraser avec un panzer,
Blood of Kingu choisit de vous tuer à petit feu, de manière beaucoup plus insidieuse. C'est bien simple, leur art est terriblement fin et maîtrisé, et les explosions de violences et autres montées en puissance ("Cyclopean Temples of the
Old Ones", pièce absolument terrible) sont très bien contrôlées. Le groupe ne crache pas sur les parties plus atmosphériques, en témoigne le titre ""
Incantation of He Who Sleeps", pièce votive de l'album de près de dix minutes, à écouter absolument.
Reprise intéressante de
Beherit en fin d'album, "The
Gate of Nanna" clôture le disque de très belle manière :
Blood of Kingu s'approprie le titre pour le réinterpréter à sa manière : les choeurs occultes et le grain de leur guitares donnent un cachet tout particulier et ne font que renforcer l'aura occulte de la composition d'origine.
Tout l'intérêt de l'album réside dans son aura, imprégnée des mythologies sumériennes. Le groupe, dans son premier opus, avait réussi (dans des interludes au derbouka et djembé) à retranscrire les atmosphères ritualistes et incantatoires des messes les plus noires. Cette atmosphère est encore palpable dans leur dernier opus, et heureusement : elle est une partie intégrante de leur concept.
En résumé,
Blood of Kingu nous sert un bon album, qui marque l'auditeur sans pour autant le faire halluciner. Inspiré et violent, "Sun is in the House of the Scorpion" fera passer un bon moment aux fans du travail de Roman saenko (en particulier chez
Hate Forest)et aux amateurs de Black inspiré -comme moi.
Voilà c'est dit.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire