Engendré par Apsou et
Tiamat, Kingu est un dieu qui verra son père se faire tuer des mains d’ Ea, aidée par son fils Mardouk, dans cet enchevêtrement diabolique que fut la création du monde. De ce crime de lèse majesté, Kingu épousera sa mère et
Tiamat lui confiera les rênes de hordes de monstres pour venger son père.
Mardouk, le fils et dieu puissant tutélaire d' Ea, tue dans un combat acharné
Tiamat et de sa dépouille créera l’univers, tandis que, de l’autre, la vengeance amère de Kingu lui sera fatale contre Ea qui, avec son sang, créera l’humanité…
Bref, le mythe de la belle Babylone est entaché du sang le plus pur et Roman Saenko, leader incontesté de
Hate Forest,
Dark Age, nous revient avec l’album qui avait déjà marqué son petit monde à l’époque lors de sa sortie sur le label Supernal Music. Ce cd se voit aujourd’hui réédité par un des meilleurs labels underground, Debemur morti Productions.
Spiritualité est le maitre mot de ce disque car il y règne un poids tellurique, voire shamanique. L’instrumentalisation se suffit à elle-même, le voyage vers les steppes antiques commence et l’inéluctable se produit car, il faut bien l’avouer, les ambiances sont ici travaillées avec brio ce qui renforce l’aspect de voyage transcendant …
Si vous aimez
Drudkh, vous apprécierez fortement B.o.K car il ne semble pas par moments se différencier de l’album « Swang
Road », paru presque en même temps. On en revient toujours au point initial. Quand cet ukrainien compose, cela se voit de suite car il a une touche et une approche très particulière: cela se ressent encore plus avec ce disque.
Ici, ce sont neuf titres de black metal que l’on aurait pu qualifier de shamanique, voire astral, effet donné certainement par l’ancienne pochette illustrant un visage constellé par les astres, reliant sans vergogne les mythes religieux avec ceux des étoiles …
Donc, ces brulots, parfois au rythme de Ak-47 qui mitraille, donnent du grain à moudre au batteur, ici de session, Yuriy Sinitsky. Le reste est posé avec magie par Roman qui, encore une fois, fait un travail de mineur qui explore la mine dans laquelle il est reclu. Beaucoup de riffs sonnent très babyloniens avec cette touche slave propre aux autres groupes dont le sieur fait partie.
Les guitares se veulent agressives avec un martellement sans relâche et, parfois, avec un grain plus majestueux, suppléées par une basse assez discrète car, même en écoutant bien, il m’arrive parfois de la voir couverte par les rythmiques incessantes. Cependant, l’ensemble reste complémentaire et très cohérent.
La particularité de
Blood of Kingu réside dans le chant qui se fait extrêmement rare, plutôt incantatoire et déclamé tel des shamans vomissant des rites séculaires. Une forte particularité qui pourrait rebuter plus d’un auditeur mais qui, selon moi, renforce le mysticisme ambiant.
Pour ceux qui avaient raté l’édition originale, une seconde chance vous est offerte de vous rattraper pour découvrir ce projet qui a tendance à dormir, vu le manque d’infos qui pourraient rassurer le quidam attendant une suite. Bref, une seule ombre au tableau: pourquoi faire une réédition si l’on n'y ajoute pas une once de nouveauté musicale ?
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