Thy Light est un one man band brésilien crée par Paolo Bruno en 2005. Son crédo est un DSBM (Depressive
Suicidal Black
Metal) comparable à du black ambiant couplé avec du black doom. Au fond de la chambre, à terre, les yeux sur l’éclat presque irréel des rayons du soleil brillant sur la lame aiguisé du couteau que vous tenez dans votre main… Personne n’est là, la douleur vous dévore les entrailles et la culpabilité vous rend fou… ce monde vous dégoute et vous vous haïssez autant que vous abhorrez l’espèce humaine. Aux tréfonds de la psyché de l’être humain je m’engouffre…
La cassette commence avec « Suici De Pression », et son introduction au piano est de suite un appel à notre mélancolie latente, attendant d’éclater à la face des autres avec la rage du désespéré, le synthé accompagne discrètement cette courte mais précieuse porte d’entrée dans l’univers de Paolo Bruno. « A Crawling Worm In a World of
Lies » démarre en trombe sur des riffs appuyés de guitare et des cymbales en arrière-plan. Le cri de douleur du cantateur déchire cette entrée violente en matière… le rythme d’abord lancinant rappelle le doom funéraire et l’alternance vant d’une rythmique plus énergique est la démonstration d’un black métal aux compositions soignés, ce qui est rare de nos jours dans le DSBM. Le sujet du titre ? L’homme à nu face à un monde dominé par des menteurs et falsificateurs, aucune échappatoire, cette Terre leur appartient désormais. On ne peut que protester, brailler comme Paolo, user de sa gratte pour affirmer son mépris envers ces décideurs avides d’infini et d’impossible… mais ne pas abandonner…de grâce !
Plus contemplatif bien que puissant, « I Am The Bitter
Taste of Gall » à un gout de
Xasthur à ses débuts, bien que plus véhément! Les guitares froides nous envoient leurs riffs glacials à la figure, nous scarifiant comme ce monde de spéculateur le fait avec nous… ils nous scarifient psychiquement et c’est pire ! Alors, on crie avec ce qu’il nous reste de courage, aux côtés de Paolo, on lâche sa douleur, on la largue pour se sentir humain…à nouveau ou bien enfin humain, on certifie notre colère aveugle devenue haine glacée. Ce titre m’as bouleversé de par son approche si humaine de la souffrance, Paolo Bruno ne met pas des tonnes lorsqu’il hurle son désespoir, non ! Il est sincère et sa douleur, j’ai réussi à la sentir… non du premier coup mais écoute après écoute de ce monolithe de désespérances. Le solo de synthétiseur coupant le titre en pleine action n’est que la représentation des larmes s’arrêtant de couler... de l’anesthésie mentale due à la fatigue, à la lassitude ou au renoncement. Les guitares et la batterie continue leur slow vociférant sur fond de cri de supplices psychiques avant que les claviers ne viennent calmer le jeu. Les larmes ne coulent plus, votre cœur est sec et dur comme de la pierre, les jeux sont faits et les croupiers sont les traders de Wall Street…
«
And I Finally Reach My
End », requiem d’un être humain ne se supportant plus et voulant en finir avec la vie… Le son de l’eau puis un violent riff de 6-cordes sur un mélange tambours et cymbales…ensuite le vent et un mystérieux riff acoustique (et toujours la flotte qui coule) le suicide est la seule issue… nous serons loin de leur monde pourri, de leurs mœurs pernicieuses, de leurs « soi-disant» lois qui nous enferme et nous dépersonnalise. Un cri lointain de Paolo, comme le loup lors de la Pleine-Lune. L’homme est un animal devenu incontrôlable et certains pensent que se supprimer, c’est sauver les autres de soi. Sauvegarder les proches de sa saine colère, de sa sombre haine, de sa lugubre misanthropie… certains survivent et luttent, d’autres déposent les armes en mettant fin à leurs jours…c’est le monde d’aujourd’hui, de demain et d’après-demain… L’humanité se meure et le coupable n’est autre que l’homme. Le libre-arbitre comme arme de lèse-humanité, auto-génocide dans un champs de ruines et de mines ; les cris de Paolo s’accentuent à mesure que la cadence accélère, comme pour signifier que plus la fin est proche, plus le suicidaire se précipite…comme Socrate buvant sa coupe de cigüe, condamné par ses compatriotes…la mort dans l’espoir infinitésimale d’un changement dans les
Oracles du destin Despote assis sur son train de
Cancer spirituel. Les cris deviennent plus glauques, plus lugubres…et le tonnerre gronde alors que l’homme meure…dans sa nudité glorieuse. Il a défié la
Mort par lâcheté, par égoïsme ou par utopie insoupçonné.
Une démo bouleversante… originalité, sincérité et dévouement habite cette cassette. Un bijou à conserver en attendant le premier album de
Thy Light.
Bj
Paolo m'avait envoyé un mail il y a quelque temps, me disant qu'il se sentait assez dépressif et qu'il était possible qu'il entre en studio prochainement.Depuis, pas de nouvelles, espérons qu'il soit au travail...
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