Nous ayant laissés sur le souvenir ému d'un magistral premier album studio, «
Of War and Flames », l'expérimenté quintet italien reviendra prestement, mais à pas de loup, dans la course. Aussi réalisera-t-il deux singles – «
Hear My Voice » et
Siren's Call (Acoustic Version) » – quelques mois plus tard à peine, préalablement à son premier et présent EP, «
Stormrage », qu'une année seule sépare de son rayonnant prédécesseur. Modeste de ses quatre compositions (dont deux titres bonus, disponibles uniquement en format CD), cet opus constituerait-il une simple parenthèse dans le projet ou une respiration nécessaire dans le process de création de la troupe ? Sinon un heureux trait d'union entre passé et présent, comme pour mieux préparer l'avenir ? Ce faisant, les 20 brèves minutes du ruban auditif de la galette serait-elles à même de porter la formation transalpine, trois ans après sa sortie de terre, au rang de valeur montante du power mélodique à chant féminin ?
Dans cette nouvelle aventure, nous embarque l'équipe de la précédente traversée au grand complet, à savoir : Nicoletta Rosellini (
Walk In Darkness, feu-
Kalidia), chanteuse aux troublantes inflexions, Paolo Campitelli (Alex Mele, Screamachine, ex-
Kaledon, feu-
Kalidia (live)) et Alessandro Mammola (Draconicon) aux guitares, Luca Scalabrin (
Altair) à la basse, et Dario Gozzi (feu-
Kalidia) derrière les fûts. Conformément à ses aspirations premières, le combo ainsi constitué nous replonge au sein d'un essai power mélodique aux relents metal symphonique, où les influences de leurs compatriotes de
Frozen Crown,
Ancient Bards et
Temperance se font à nouveau sentir. Produit, enregistré et mixé à son tour au
Imperial Sound, en Allemagne, par Lars Rettkowitz (guitariste du groupe de power metal allemand
Freedom Call et producteur aguerri (
Victorius,
Deliver The Galaxy,
Kalidia...)), et mastérisé par Paolo Campitelli, l'opus bénéficie d'un enregistrement de bonne facture et d'un mixage parfaitement ajusté entre lignes de chant et instrumentation. Mais suivons plutôt nos acolytes dans leurs pérégrinations...
Le collectif italien témoigne à nouveau de sa capacité à générer ces séquences d'accords des plus immersives qui, longtemps, resteront gravées dans les mémoires de ceux qui y auront plongé le tympan. Ce que révèlent, tout d'abord, ses deux premières pistes, les plus abrasives de son set de partitions, à commencer par «
Stormrage », titre inspiré par le personnage de fiction Illidian Hurlorage (Illidian
Stormrage en anglais) de la série de jeux vidéo Warcraft. Déployant un inaltérable et martelant tapping tout en octroyant un refrain catchy mis en exergue par les pénétrantes oscillations de la sirène, ce ''tubesque'' effort au confluent de
Kalidia et d'
Ancient Bards poussera assurément à un headbang bien senti. Dans cette énergie, on ne saurait davantage éluder « Sui », chevaleresque up tempo aux riffs en tirs en rafale adossés à une frondeuse rythmique, à mi-chemin entre
Frozen Crown et
Ancient Bards ; n'ayant de cesse de disséminer de saillants coups de boutoir, le pulsionnel méfait sauvegarde parallèlement une mélodicité toute de fines nuances cousue, où se greffent les sensuelles modulations de la déesse. Et ce n'est pas le fringant solo de guitare dispensé qui nous déboutera davantage de ce hit en puissance, loin s'en faut.
La seconde partie de la galette, plus tamisée et relative aux deux pistes disponibles en version CD exclusivement, n'est pas en reste. Comme ils nous y avaient déjà sensibilisés, nos compères parviennent là encore à nous retenir plus que de raison. Ce qu'illustre, d'une part, «
Paradise Lost », reprise de la ballade progressive issue de l'album éponyme du groupe de power progressif étasunien
Symphony X. Réinjectant les sensibles lignes pianistiques et le flamboyant solo de guitare de l'originale dans sa trame, et sans dénaturer la sculpturale et tendre aubade de son enveloppante sente mélodique, où se calent ici les ensorcelantes ondulations de la maîtresse de cérémonie, le collectif offre ainsi un regard oratoire complémentaire, apte à happer d'un battement de cils le pavillon de l'aficionado de moments intimistes. Mais là où le combo se fait plus créatif concerne la version orchestrale de «
Of War and Flames », titre extrait de l'album sus-mentionné. Ainsi, le tonique et ''kalidien'' effort se voit, certes, amputé de son vibrant solo de guitare, au profit d'une instrumentation samplée d'obédience symphonico-cinématique du plus bel effet. Se dessine alors un low tempo aussi félin qu'épique, à nouveau porté par les chatoyantes volutes d'une interprète bien habitée. Et la magie opère, une fois encore.
Au terme d'une brève mais enivrante croisière, on ressent à nouveau l'irrépressible envie de remettre le couvert sitôt l'ultime mesure envolée. Nous replaçant dans le sillage atmosphérique de sa luxuriante aînée, la menue rondelle n'accuse pas l'once d'un bémol harmonique tout en bénéficiant d'une ingénierie du son plutôt soignée, témoigne parallèlement d'arrangements instrumentaux de bonne facture, d'une technicité instrumentale éprouvée mais nullement ostentatoire, de mélodies finement esquissées et des plus impactantes et d'une signature vocale aisément identifiable et des plus frissonnantes. Toutefois, pour se sustenter, d'aucuns auraient probablement espéré un essai doté d'une fresque, d'un instrumental ou encore d'un duo, exercices de style souvent requis dans ce registre metal, ainsi qu'un zeste d'originalité supplémentaire. Aussi, à défaut de leur autoriser dès lors l'accès au rang de valeurs montantes, les qualités de ce nouvel élan permettent néanmoins d'asseoir plus encore nos acolytes parmi les sérieux espoirs de cet espace metal. Arguons qu'à l'instar d'une frugale mais sensible et saisissante offrande, le collectif transalpin opère un heureux trait d'union entre passé et présent, comme pour mieux préparer l'avenir...
Note : 14,5/20
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