Onheil est un groupe hollandais encore assez peu connu qui évolue depuis maintenant 15 ans dans un heavy black très mélodique et rentre-dedans. Si la musique du combo n’a absolument rien d’original,
Razor, leur premier full length, datant de 2009, avait bien fait parler la poudre et avait permis aux Bataves de se faire un petit nom sur la scène, séduisant un public assez nombreux avec leur musique rapide, agressive et imparable.
Voilà donc le quintette de Zwijndrecht (à vos souhaits!) qui nous revient en cet été 2014 avec
Storm Is Coming, opus proposant 10 titres de metal extrême agressifs, mélodiques et accrocheurs. On attaque d’entrée très fort avec Embrace The Chaos qui propose un parfait condensé du style d’
Onheil : riffs somptueux qui restent en tête et aux parties mélodiques parfaitement chiadées (et qui me rappellent beaucoup le
Image of The
Antichrist de
Mystic Circle, en moins violent et evil), blasts rapides, performance ultra propre et carrée, à la limite du death mélo, breaks intervenant au bon moment, parfaitement exécutés, qui font headbanger juste ce qu’il faut, changements de rythme judicieux même si très prévisibles, voix parfaitement maîtrisées, alternant hurlements black et death, histoire de donner encore un peu plus de dynamisme à un morceau semblant déjà boosté à la nitroglycérine... Un morceau ultra efficace et aux mélodies bien mises en avant, introduisant de la plus belle manière ce nouvel opus.
Pour résumer, les Hollandais évoluent dans une sorte de black death biberonné de heavy et très porté sur les riffs, extrêmement mélodique (ce long passage instrumental sur le titre éponyme), bien rentre dedans et rapide comme il faut, lorgnant souvent du côté du death mélo et de la scène scandinave en particulier. La musique est d’une efficacité redoutable, s’appuyant sur des riffs inspirés et tranchants et portée par le contraste entre mélodies des guitares et agressivité des vocaux, tantôt black, tantôt death. Certains titres, vraiment rapides et in your face, se rapprochent du thrash death par moments de par leur agression, leur rythmique et leurs riffs saccadés (certains passages de
Kill Tomorrow, Nature’s Wrath avec son refrain en chant clair et sombre sur fond de blasts qui tabassent), tandis que de nombreuses parties renvoient directement à la scène de Göteborg (Self
Destruction Mode avec son début en arpèges et sa montée en puissance progressive qui vient débouler sur un riff typiquement mélo death,
The End of Everything). Certains riffs sonnent limite power metal, et on a parfois l’impression d’entendre une sorte d’Iron Maiden qui se serait mis à la musique extrême, l’influence heavy étant omniprésente tout le long de l’album. Pour le reste, on a une sorte de mixture dark metal, renvoyant à l’époque bénie des 90’s où heavy, black, thrash et death copulaient allègrement sans soucis des étiquettes pour exploser en un magma de metal extrême délectable, agressif et délicieusement mélodique.
Distinguons tout de même The
Omega Legions, excellent titre épique au mid tempo entraînant rappelant une marche guerrière et au riff de refrain prenant, avec ces choeurs clairs et païens qui viennent conférer un souffle sauvage quand la musique s’emballe vers la fin du morceau. Rien de bien original, certes, et les influences sont plus que palpables, entre des groupes comme
Dawn,
Sacramentum,
Unanimated (surtout sur ces moments de bravoure où la batterie blaste à tout va et les riffs se colorent d’une teinte épique, comme sur le titre éponyme ou Dronkenschap in
Duisternis II),
Children of Bodom,
In Flames, ou
Dark Tranquility pour ne citer que les plus évidentes, ceci dit, force est de constater que les 44 minutes de ce
Storm Is Coming sont parfaitement maîtrisées et s’enfilent d’une traite avec un plaisir non dissimulé. L’album se termine sur une courte outro instrumentale à forte tendance épique, qui rappelle le calme d’un paysage apocalyptique après la fureur de la tempête.
Les qualités de cet album sont donc indéniables, mais elles constituent également ses principales faiblesses : avant tout le manque d’originalité de l’ensemble qui, même s’il nous propose 10 titres excellents, n’en demeure pas moins déjà entendu des centaines de fois. La musique de
Onheil est impeccable, d’une cohérence et d’une efficacité sans faille, et présentant une accroche mélodique imparable, mais elle est bien trop prévisible, et si on bouge la tête et on tape allègrement du pied, on n’est jamais vraiment surpris par le contenu de l'opus. De même, on pourra déplorer un côté un peu trop lisse, les Hollandais s’égarant parois dans l’art de la mélodie trop propre et ne mettant pas assez la noirceur propre au black en avant, n’atteignant du coup jamais l’intensité d’un
Lord Belial ou d’un
Naglfar - deux combos dont la musique du groupe se rapproche beaucoup - malgré une musique qui sait se faire agressive et rapide.
Storm Is Coming saura donc sans doute satisfaire les amateurs de musique rapide et mélodique et les nostalgiques de la grande époque des 90’s, mais les blackeux en quête d’une musique plus sombre et habitée resteront probablement un peu sur leur faim. En tout état de cause, voilà une tempête plus qu’efficace, qui, à défaut d’être un véritable tsunami, saura sans nul doute faire bouger quelques nuques...
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