La Serbie nous octroie, une fois n'est pas coutume, l'un de ses rares groupes de metal symphonique, à l'instar de cette jeune formation venue de Belgrade, prête à venir chanter ses gammes et faire résonner ses tambours sur la scène metal internationale. Courageuse, elle nous livre tout de go un premier album full length de trois-quarts d'heure sur lesquels s'égrainent onze pistes aux enchaînements convaincants. Sorti chez Miner Recordings, trois ans après la création du groupe, on comprend que cet opus est l'oeuvre d'un travail de studio rigoureux et de longue haleine.
Pour nous séduire, les aériennes et cristallines inflexions vocales de Milica Jovanov nous installent dans une atmosphère épico-romantique. Pour l'escorter sereinement, le guitariste Slavoljub Pupić, le batteur Pavle Savić et Siniša Mladenović, à la basse et aux claviers, confèrent au projet une assise symphonique impressionnante, avec une touche progressive et rock mélodique. Epique, mélodieux, technique, cet opus n'est pas sans rappeler
Nightwish à leurs débuts,
Xandria deuxième phase, ou encore
Amberian Dawn, première mouture, avec moins d'emphase tout de même. Les arrangements s'avèrent maîtrisés et le mixage équilibré, même si les finitions ne sont pas encore au rendez-vous sur certaines pistes. Quant à l'artwork de la pochette, il est sombre et minimaliste.
L'album offre une palette étendue d'ambiances, où l'instrumentation fait souvent jeu égal avec les parties vocales, incluant quelquefois des choeurs. En outre, différentes sections rythmiques nous sont octroyées pour permettre au combo d'exprimer ses gammes et ses arpèges, le long de lignes mélodiques assez finement sculptées.
C'est non sans ardeur que le groupe nous cale dans un metal symphonique imposant sur de nombreuses plages. Ainsi, de fort belle manière, « A Touch of Art » nous accueille énergiquement par d'enveloppantes nappes synthétiques et des riffs grincheux. Et ce, avant que la belle ne vienne enjoliver de son timbre limpide et chatoyant, avec de faux airs de
Tarja, couplets et refrains. Un beau pont aux claviers se fait encore suivre par les envolées très haut perchées de la sirène, qui ne sont pas sans rappeler
Nightwish à leurs débuts. Là, on est déjà enchanté par les mélodieuses modulations de la diva. Dans la même veine, l'outro « Spirits of Our
Secrets » donne une impression de retrouver, là encore, l'univers metal symphonique de
Nightwish à l'époque où
Tarja déployait ses octaves. Eminemment mélodieux, on suit les envolées angéliques de la sirène avec délice sur les refrains. Dommage que le titre soit aussi court.
D'autres moments se sont avérés entraînants, sans user de virulence rythmique pour autant. Ainsi, « Come to My Arms » nous fait entendre des gouttes de pluie synthétiques, avant de cadencer l'ambiance et que les riffs écorchés trouvent leur place. Dans cet environnement chatoyant, se déploie un serpent synthétique qui ne nous lâche jamais vraiment. En outre, couplets bien ciselés et refrains nuancés nous sont octroyés et sur lesquels évoluent les caresses vocales de la déesse. Soudain, un pont instrumental calme le jeu, avant une reprise vocale progressive et densifiée de choeurs, dans l'esprit de
Xandria, deuxième période. La fin s'effectue vocalement en crescendo.
Parfois, c'est en mid tempo qu'évolue le message musical, Ainsi, « Deep
Hollow Mind » nous déploie un dense drapage synthétique corroboré d'une flute, accompagné de riffs échevelés, sur une rythmique de ce type-là. Par ailleurs, on remarque de lumineuses impulsions vocales sur les couplets ainsi qu'une jolie reprise de l'instrumentation, elle-même précédant un break à la guitare. On s'étonnera néanmoins d'une fin de piste aux suites de notes quelque peu déroutantes. Dans cette mouvance, «
Beneath Your Words », évolue en deux temps : au chant d'abord, puis au fil d'une instrumentation croissante. Le démarrage s'effectue, de façon originale, au son d'une boîte à musique que l'on remonte. Le morceau nous cale ensuite au cœur d'une orchestration violoncelleuse samplée, en mid tempo, aux riffs arrondis. C'est alors qu'émergent les impulsions vocales de la belle, assistée de choeurs sur les couplets. On y perçoit de lumineuses envolées lyriques, dans l'esprit d'
Amberian Dawn, première mouture. Un pont à la batterie et des jeux de réverbérations à la guitare suivis d'un solo apparaissent. On évolue alors au sein d'une instrumentation progressive, précédant une belle reprise vocale.
Sinon, une plombante rythmique n'a pas manqué au programme. C'est le cas de « Drab Colored
Silence », avec ses riffs griffus, son joli solo de guitare et ses espaces synthétiques bien présents. Les couplets offrent de belles nuances mais l'instrumentation d'ensemble demeure tout de même un peu trop complexe pour adhérer spontanément à la piste. Même schéma pour son voisin «
Endless Dream ». Usant de riffs rageurs, d'une épaisse rythmique d'inspiration heavy, dans un climat gothique, ce titre peine à convaincre par sa configuration mélodique, au demeurant assez linéaire. Et ce, malgré un flux vocal en douceur rappelant
Tarja et un solo guitare fluide.
Les moments propices au repos parachèvent ce tableau haut en couleurs atmosphériques. Ainsi, «
Lady Night », à l'instar de douces notes à la guitare, nous conduit à une ballade envoûtante, notamment grâce aux profondes ondulations vocales de la belle sur les couplets. Un saxophone inattendu et une guitare s'adjoignent pour convoler à l'unisson, avant qu'un beau solo de guitare ne prenne le relai. De même, « Losing You », permet de profiter de la pénétrante et puissante armature vocale de la sirène sur les refrains ainsi que des riffs écorchés. Cette ballade progressive, un poil syncopée, nous mène ici également à un solo de guitare fringant. Une reprise vocale assistée de choeurs s'avère impactante. On aurait cependant souhaité une fin moins brutale pour nous émouvoir plus largement.
Plus difficile à classer, mais sur un tempo assez modéré, «
Once in a Blue » nous accueille au son d'un vinyle craquelant, avant que de câlinantes ondes vocales viennent nous caresser le tympan, accompagnée d'une délicate guitare acoustique. Ainsi, un côté rétro est créé et charme l'ambiance. A défaut d'être incontournable, ce morceau reste agréable, avec un bref solo de guitare en sus. Et cela, avant que le bras de la platine ne quitte le vinyle.
Enfin, et non des moindres, un instrumental n'a pas été omis dans cette proposition. Ainsi, « Following the
Rain » nous plonge au cœur d'un orage synthétisé, avant que ne prennent le relai des perles de pluie au piano. S'ensuivent de fins arpèges à la guitare, une rythmique souple et progressive, sur ce titre mélodieux. L'instrumentation se densifie alors, rattrapée par un joli filet de voix en fin de parcours, comme pour enrichir l'ensemble de sa présence.
C'est sur une impression d'envoûtement que l'on ressort de l'écoute de plusieurs plages de cet opus, quelque soit le mode rythmique usité. Par moments, quelques touches d'originalité nous sont livrées mais ne parviennent pas toujours à faire oublier quelques chemins harmoniques incertains et des passages inutilement techniques. La démonstration prend ainsi parfois le pas sur l'émotion. Par moments, les nappes synthétiques se montrent prégnantes, ne permettant pas toujours de percevoir clairement les autres instruments sollicités. Mais, on ne boudera pas trop notre plaisir, notamment grâce aux aériennes modulations de l'interprète, séduisantes jusqu'au bout des ongles.
On conseille cet album aux amateurs de metal et rock symphonique à chant féminin. D'autres auditeurs pourront y trouver matière à satisfaire leurs aspirations. Ainsi, fans de metal atmosphérique, gothique ou progressif pourront se sentir concernés par ce projet. Et ce, à condition d'éviter de succomber à la tentation de la comparaison avec les modèles identificatoires sus-cités.
On a là un premier coup d'essai, loin d'être sans intérêt, mais qui devra encore faire montre de plus de teneur mélodique et de moins de technicité instrumentale. Le groupe annonce déjà la couleur de ses ambitions à la lumière de cet opus, mais, malgré ses qualités, il lui faudra oeuvrer encore pour nous impacter plus largement. Mais, comptons sur son souhait d'évoluer sur la scène metal internationale à cet égard...
Pour un premier jet, ça s'écoute assez bien le chant et bien maitrisé, bon après la musique reste dans les canons du genre Symphonique.
Enfin du moins par rapport aux titres présentés sur Youtube!
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