En terme de black metal, et ce depuis un certain temps, de plus en plus de groupes cherchent de nouvelles voies, de nouveaux sons... Le style devient de plus en plus ouvert, les influences deviennent nombreuses, une part de plus en plus ambiante s'en empare parfois, ou des choses progressives voir modernes à la post-hardcore, quitte à au final ne plus avoir grand chose de black metal dans le rendu.
Der Weg einer Freiheit, combo relativement récent a su évolué dans l'intervalle entre les courants plus classiques du black et cette bouffée d'oxygène qui a émergé des courants post-black, progressant de manière suffisante entre ces deux premiers albums pour prétendre à l’accès à un label influent, Season of
Mist, en l’occurrence, pour passer le fameux cap du troisième album, et peut-être trouver « le chemin d'une liberté », traduction de leur nom pour ceux n'étant pas familier de la langue de Goethe, Nena et Andreas Lubitz.
Ce
Stellar pouvait être attendu avec une pointe d'anxiété par les puristes, en effet avec le départ de son chanteur original et co-leader Tobias Jaschinsky, en
2012 juste après la sortie d'
Unstille, c'est la moitié de l'âme du groupe qui s'en allait. Mais le guitariste Nikita Kamprad, prit alors les choses à bras le corps, prenant le chant à son compte, et formant du même coup un vrai line-up en recrutant le guitariste et le bassiste du groupe de deathcore «
Fuck You And Die » dont provenait déjà le batteur dés l'opus précédent. De quoi faire se dresser les cheveux (qu'ils ont souvent long) des puristes, mais pas forcément si étonnant si on se rappelle que Tobias et Nikita avaient formé le groupe en entraînant ainsi la chute de leur ancien combo «
Fuck Your Shadow From Behind », qui officiait dans un registre deathcore...
Trois ans ont donc été mis à profit pour faire germer ce troisième opus, à l'artwork assez mystérieux sans le nom du groupe dans une ambiance sombre qui m'évoque l'
Occult Rock d'
Aluk Todolo et qui surtout présente l'immense avantage de permettre à ceux qui ont manqué l'éclipse d'il y a deux semaines pour cause de nuages de se rattraper...
C'est par des harmoniques très ambiantes que démarrera l'album avec «
Repulsion », un petit peu à la manière de son prédécesseur, mais réalisées à la guitare plutôt qu'aux synthés. En revanche, là où dés l'entrée des guitares, le premier titre d'«
Unstille » sortait directement l'artillerie lourde, on sera ce coup-ci nettement plus planant et ambiant sur la moitié du morceau où la voix sera même entièrement claire. Le titre procède d'une belle montée en intensité, de plus en plus tendue jusqu'à une explosion de furie à base de harsh vocal suivi d'une décharge de blastbeats ravageurs. Ce qui est marquant sur ce titre plus encore que sur le reste de l'album, c'est la marque franchement ambiante que
Der Weg einer Freiheit a sur poser sur sa musique.
Plus encore qu'auparavant, les atmosphères sont marquées et percent partout au travers des déferlantes de violence.
La marque plus ambiante ne s'est pas faite au détriment de la puissance démontrée sur «
Unstille ».
Bien au contraire, les bavarois, loin de faire dans du post-rock-black metal à la
Alcest, excellent dans les vraies parties black metal, avec un rythme extrêmement incisif, voir surhumain à des moments d'une vélocité rare dans le black metal, par exemple le début de « Verbund » et cette batterie absolument fabuleuse de technique (possiblement la marque du background plus death de musiciens qui ont également du déguster aussi les œuvres de
Deathspell Omega). Le chant ne pâtit pas du tout du changement de chanteur et il s'agit comme auparavant, hormis lors du début du premier titre d'une voix black tout à fait traditionnelle et d'une excellente facture, ce qui est malheureusement de plus en plus rare, aiguë sans trop l’être, néfaste sans excès, et en allemand pour accentuer le coté emphatique, bref une voix tout ce qu'il y a de recommandable pour quiconque veut faire du black metal.
En revanche, l'atmosphère planante est plus prononcée sur l'album que sur le précédent, sans s'imposer en force, pas tapageur pour un sou, mais quelques éléments en plus, de légères touches de piano sur la fin de «
Repulsion », un peu de violoncelle sur «
Requiem », des guitares plus acoustiques, un son de guitare planant parfois même dans des passages où le blastbeat fait rage derrière. Car oui, la grosse évolution entre ce «
Stellar » et son prédécesseur, c'est la puissance des interactions entre les deux facettes du groupe, qui parvient à être violent dans ses parties atmosphériques et planant dans ses passages les plus puissants, là où les distinctions étaient plus marquées sur «
Unstille », violemment expressif donc sans être nihiliste et nettement plus lumineux que ce que firent par exemple les irlandais d'
Altar of Plagues en leur temps. La production arrive d'ailleurs à mettre bien l'accent sur les deux aspects indissociables avec un rendu finalement très cru sur les passages violents, faisant en mon sens des allemands, plutôt un groupe de vrai black metal aux influences post qu'un vrai groupe de post-black metal.
Der Weg einer Freiheit frappe un grand coup en ce début 2015 avec un album qui apporte derrière une puissance toujours au rendez-vous, une richesse supérieure à ce dont ils faisaient preuve précédemment, sans conteste la belle surprise du premier trimestre. N'en déplaise aux ayatollahs qui ont tendance à cracher sur tout ceux qui cherchent à apporter une touche de modernité au black, les bavarois sont un groupe avec qui il faudra compter dans les années à venir.
Merci pour la kro :)
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