« Il était un petit navire, il était un petit navire, qui n’avait ja-ja-jamais navigué. Ohé ! Ohééé ! » Ce serait raconter de fausses histoires que d’affirmer que la troupe (peu connue, j’en conviens) de «
Stargazery » n’ait jamais naviguée auparavant. Le projet compte une première réalisation : «
Eye on the Sky », plutôt bien accueillie par le public. Il est aussi constitué de membres aguerris en matière power metal. D’ailleurs, trois d’entre eux font ou ont fait parti de la formation «
Burning Point ». Celle-ci sera un peu mise de côté à partir de
2012, pour concentrer les efforts autour de «
Stargazery » et d’un second album. L’opus en question sort finalement en tout début d’année 2015 sous la bannière du label allemand
Pure Legend Records, et porte le joli nom bien saillant de «
Stars Aligned ». On reconnaîtra sans trop de difficulté l’illustration de la pochette signée par l’inépuisable Felipe Machado Franco, qui a toujours du mal à se défaire de la couleur bleue. Si certains ont pu être éBLEUis par un «
Eye on the Sky » dans la droite lignée de leur grand compatriote «
Stratovarius », ils n’auront aucune surprise à découvrir le suivant, «
Stars Aligned ». C’est beau, ça brille, mais contrairement aux étoiles, on s’apercevra vite que ce n’est pas non plus inatteignable.
«
Stratovarius » se rappellera immédiatement à nous à travers « Voodoo », un tel flux de mélodies cristallines ne trompe personne. Ce qui est, en plus, vivifiant pour l’auditeur, qui savoure autant de finesse et d’engagement, c’est le chant ferme et porteur de Jari Tiura. L’ex-membre de «
MSG » va s’avérer un acteur plus qu’essentiel dans le volume.
Pas que les musiciens ne tiennent pas la route, bien au contraire, mais c’est sans conteste le chanteur qui ressort et met en élévation les différentes compositions du volume par sa performance vocale. C’est avec une bonne surprise qu’on lui découvre quelques intonations à la manière d’un Klaus Meine sur un très doux et enrobé « Academy of Love ». La tâche lui est alors facilitée par une musique solennelle, gracieuse, mais ne cherchant nullement à attaquer. Nous avons pourtant quelques exemples d’une musique jouant l’offensive. Les guitares se montreront plus tendues et prononcées sur un « Bring Me the
Night » particulièrement emballant. On y remarque un riffing influencé par «
Symphony X » et un refrain absolument magistral porté aux nues.
On perçoit également une certaine fougue à travers l’étincelant « Missed the Train to
Paradise », à la croisée entre «
Nightwish » et «
Stratovarius », pour ses sonorités pimpantes et alertes. Les deux influences sont aussi perceptibles sur «
Absolution », dont il faut retenir un formidable apport cuivré et la vibrante conviction qui ressort de la voix du chanteur. Il y a néanmoins des instants, où «
Stargazery » se révèle moyennement inspiré, peu profond. Le groupe ne brille d’aucune véritable prise de risque, la musique y est conventionnel au possible, sans écart et sans la moindre excentricité. Ce constat est assez frappant si on prend le cas d’un «
Angel of the
Dawn », beau, mais trop banal, et surtout redondant à la longue. Sur « Dim the
Halo », on appréciera son entame attachante, son refrain entêtant, mais l’ensemble nous paraitra simpliste et digne d’un passage à l’Eurovision. Il en est bizarrement tout autrement de la reprise de «
Dark Lady » de Cher, qu’ils adaptent dans une version néo-classique, beaucoup plus nerveuse et élancée que l’originale. La piste bonus « Tumma Nainen » n’est d’ailleurs que cette même reprise, mais en langue finlandaise.
Même, si «
Stargazery » s’inspire principalement de la scène finlandaise de heavy mélodique et produit une musique très (trop) sage aux contours classico-romantiques, il lui arrive de s’en détourner quelque peu sur ce «
Stars Aligned », et fort heureusement. Nous découvrirons ainsi un «
Warrior’s Inn » épique s’assimilant à une sorte d’hymne conquérant, avec un corps musical déterminé et des chœurs à l’unisson sur le refrain. Autre univers, ce sont des airs orientaux et intimidants qui s’invitent sur « Invisible », rappelant un certain «
Arrayan Path », très au fait de ce type d’ambiance. D’autres morceaux nous paraîtront plus détachés et plus incroyables de la part de cette formation de heavy mélodique. Elle cite parmi ses influences «
Whitesnake ». Cette mention pourrait faire sourire à l’écoute de nombreux extraits puisant sans détour chez «
Stratovarius » et consorts, mais il en est bien un où les airs bluesy du mythique combo britannique ressortent effectivement. Il s’agit de « Hiding », un hard mélodique aux riffs séducteurs, où Jari Tiura se retrouve littéralement transformé (davantage en Leon Goewie qu’en
David Coverdale). «
Dio » a aussi été cité, mais c’est plus exactement «
Rainbow » (en plus moderne quand même), ancien groupe du légendaire petit homme qui ressortira de « Painted into a Corner ». Titre assourdissant où s’égosillent quelques sons d’orgue Hammond.
Depuis «
Eye on the Sky », «
Stargazery » s’oriente encore plus précisément autour des nappes mélodiques et du clinquant cristallin issus des compositions de leur cher confrère «
Stratovarius ». On pourrait ainsi estimer que le groupe souffre d’un manque de recherche et d’originalité, mais il y a bien quelques pistes assez extraordinaires qui nous donneront tort. En revanche, nous aurions pu nous attendre à beaucoup plus de conviction dans les parties guitares. Celles-ci se montrent particulièrement inégales face au redoutable, à l’impénétrable chant de Jari Tiura. Nous ne relèverons à peine quelques solos endiablés et le tout s’accommode trop souvent du mid-tempo. Raisons pour laquelle «
Stars Aligned » ne laissera pas un souvenir mémorable malgré la grâce et la qualité incontestable de ses chansons. A défaut de boussole, il y a les étoiles pour s’orienter. Les étoiles ; un spectacle lumineux et grandiose donné chaque soir, dont tout le monde s’extasie à mirer et dont tout le monde se contrefout. Au quai, peu sont les gens à guetter l’arrivée du bateau «
Stargazery ».
14/20
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