Pas moins de quatre années de silence radio envolées déjà depuis leur introductif et engageant album studio «
Omicron », et voici les Américains de
Novarium à nouveau lancés dans l'arène, prêts à en découdre face à leurs homologues, toujours plus nombreux à affluer dans ce foisonnant et parfois létal registre metal. Et ce, à l'aune d'un EP répondant au nom de «
Stain of a Soul », une auto-production modeste de ses 23 minutes sur lesquelles ne s'égrainent guère plus de 4 pistes, dont une saisissante réinterprétation de « Christian Woman », l'un des titres phares de la première période du groupe de doom gothique américain
Type O Negative (extrait de leur album full length «
Blood Kisses » (1993)). Une longue période de latence leur ayant précisément laissé le temps nécessaire à l'affûtage de leurs armes logistiques, esthétiques et techniques...
Sans avoir tourné le dos à ses fondamentaux rock'n'metal symphonique gothique, le combo nord-américain les a assortis de quelques touches de modernité et d'inédits arpèges d'accords, le propos nous faisant alors penser tour à tour à
Delain,
Nemesea,
Darkwell, Volturian et consorts ; autant d'éléments singularisant ce second et enivrant effort de son rayonnant aîné, insufflant ainsi une énergie nouvelle et qui sied bien à nos acolytes. Etat de fait qui n'est pas allé sans une refonte partielle de son line-up. A bord de la goélette, nous accueillent désormais ; Jen Janet (ex-
Blind Revision), en remplacement de Lisa D'Arcangelis (ex-
Nocturnal Ascent), en qualité de frontwoman ; Sean Gronholt et Dean Michaels (
While Heaven Wept (live)) aux guitares ; Carey White, en lieu et place de Elias Knotogiannis (dit ''Eliakon''), à la basse ; Micah Consylman (ex-Bella Morte) aux claviers et aux growls ; sans oublier Dean Anthony derrière les fûts.
Afin de renforcer l'assise symphonique et la fluidité des lignes mélodiques de son message musical, la troupe a sollicité des invités de marque, dont : le vocaliste/guitariste Dean Gaylard (
Eyes Fly, ex-Valfader) à l'orgue ; Rachel Kolster (
Frost**** Giant, Septum,
Winter's
Wake) au violoncelle ; Megan Edison Ringler au violon ; le vocaliste Mark Manning (Necryptic, ex-
Origin, ex-
Unmerciful...), en tant que récitant. Sans omettre l'apport du Dean Tabernacle Choir, conférant à l'une des pistes à la fois une teneur opératique doublée d'un substantiel renforcement de son corps oratoire. Par ailleurs, mixé et masterisé au Deep
End Studio à Baltimore, au Maryland, par Toni Carelli (co-producteur de l'opus avec le batteur Tony DeSimone (
Journey Of DC, ex-
Discreation...), le méfait jouit d'une péréquation de l'espace sonore entre lignes de chant et instrumentation et d'une belle profondeur de champ acoustique. C'est dire que nos inspirés Ricains seraient loin d'être à court d'arguments pour imposer leurs gammes et faire valoir leurs arpèges...
Dès les premières mesures se fait ressentir l'adn metal symphonique gothique du sextet étasunien, avec, pour effet, de nous aspirer dans la tourmente sans avoir à forcer le trait. Ainsi, tant les riffs massifs et la rythmique intarissablement dévorante que la basse résolument claquante et les délicats arpèges au piano exhalant des entrailles du fringant et mélodieux «
Virus » auront raison des plus tenaces des résistances. Et ce ne sont ni les ensorcelantes inflexions de la sirène, ni les growls ombrageux de son acolyte, ni l'opportune présence d'une muraille de choeurs qui nous débouteront de ce grisant mid tempo à mi-chemin entre
Nemesea et Volturian. Dans cette dynamique, disséminant ses riffs roulants tout en évoluant le long d'une troublante rivière mélodique, à la jonction entre
Delain et
Darkwell, se glisse l'énigmatique mid tempo «
Revenant ». Et la sauce prend, une fois encore...
Quand il nous mène en d'intimistes espaces d'expression, la magie ne tarde pas à opérer, le combo trouvant alors sans mal les clés pour nous retenir plus que de raison. Ainsi, suite à une entame sous forme de dialogue où nous aspire la profonde empreinte oratoire de Mark Manning, au confluent entre les enivrantes séquences d'harmoniques de
Nemesea et l'ensorcelante mélodicité de
Delain, la féline ballade atmosphérique progressive « Reconciliation / My
Confession » se révélera des plus hypnotiques. Vêtu des riffs organiques et aériens de Dean Gaylard, paré du fin toucher d'archet signé Megan Edison Ringler, mis en habits de soie par les caressantes volutes de la maîtresse de cérémonie, se chargeant en émotions au fil de sa progression, l'instant privilégié ne se quittera qu'avec l'indicible espoir d'y revenir, histoire de plonger à nouveau dans cet océan de félicité.
Mais là n'arrête pas la ronde des saveurs exquises. Nos compères nous auraient même réservé le meilleur pour la fin... Et ce à l'image de la somptueuse et inattendue reprise du sensuel low tempo progressif « Christian Woman », ici mué en un pénétrant mid tempo progressif aux riffs épais, relevé par les sulfureuses modulations de la belle et les growls caverneux de son comparse, alors rejoints au moment opportun par des choeurs en tapinois. Sans dénaturer la version originale ni de son substrat mélodique ni de ses sensibles portées échappées d'un orgue d'église, l'ayant, par ailleurs, habillée de légers clapotis pianistiques et de riffs ronronnants mais nullement lascifs, la présente mouture est allée jusqu'à la sublimer. Bref, une prise de risque consentie mais totalement assumée et relevée de main de maître par nos acolytes. Chapeau bas.
Pour son retour, le combo nord-américain signe une œuvre dans un mouchoir de poche certes, mais des plus enveloppantes et non sans une pointe de modernité au programme. Jouissant d'une ingénierie du son de fort bonne facture, faisant montre d'une diversité atmosphérique et vocale, variant un tantinet ses exercices de style, tout en ne concédant pas l'ombre d'un bémol ni d'une quelconque zone de remplissage, la menue rondelle se suit de bout en bout sans ambages. Et ce, même si d'aucuns auraient cependant souhaité un message musical aux phases rythmiques un poil moins stéréotypées qu'elles n'apparaissent. Néanmoins, à la lumière du potentiel technique affiché et de la féconde inspiration mélodique dont ce set de compositions se fait l'écho, quelque sept années après sa sortie de terre, le sextet américain serait à même de figurer parmi les valeurs montantes de cet exigeant registre metal. Affaire à suivre, donc...
Note : 14,5/20
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